Mais où vont Volvo, Polestar, Lotus et tout le groupe Geely ?
Après avoir investi des sommes colossales dans des constructeurs européens et le développement de nouvelles marques, le groupe chinois Geely semble peiner à convaincre les investisseurs du bien-fondé de ses projets. Ses autos électriques de luxe ont-elles vraiment de quoi concurrencer Porsche et les marques premium allemandes ?
Depuis la dernière décennie, le groupe chinois Geely semble convoiter tous les constructeurs automobiles européens ou presque. Après avoir d’abord racheté Volvo à Ford à la fin des années 2000, le géant de l’Empire du Milieu a pris 10% du capital de Mercedes-Benz en récupérant le contrôle de sa marque Smart. Geely s’est également rapproché considérablement du groupe Renault et collabore directement avec les Français dans sa nouvelle division thermique. En quelques années, Geely est aussi monté au capital d’Aston Martin et s’est même offert la marque Lotus, qu’elle ambitionne d’amener sur le terrain de Porsche comme avaient déjà essayé de le faire les précédents dirigeants du constructeur anglais il y a quinze ans.
Geely compte également depuis la fin de la dernière décennie sur Polestar, une nouvelle marque réservée désormais aux voitures électriques dont le design reste très proche de celui des modèles Volvo mais avec une approche sportive et encore plus haut de gamme. Mais aussi Zeekr, une enseigne positionnée en chine sur le marché « premium » à la façon des concurrents de Nio. Marque que Geely compte bien imposer en Europe de la même façon que Polestar, Lotus et une enseigne Volvo désormais tournée vers l’électrification totale.
Y a-t-il de la place pour toutes ces marques avec un positionnement si proche ?
Comme la plupart des grands groupes automobiles mondiaux, Geely mise à fond sur les synergies techniques entre ses différentes marques pour augmenter la rentabilité au maximum. Les Smart #1 et #3 reposent ainsi sur la même plateforme technique que celle du Volvo EX30 ou de la Zeekr X. Le Volvo EX90 utilise des dessous similaires à ceux des Polestar 3 et 4 et de la Zeekr 001. Lotus revendique de son côté une conception « maison » de ses plateformes, mais la petite marque anglaise aspirant à devenir une grosse marque de luxe électrique fabrique désormais ses autos en Chine sur la base des mêmes éléments que Polestar et bénéficie à fond des ressources du groupe.
Sauf qu’au final, toutes ces marques visent à commercialiser des autos assez proches les unes des autres dans leurs gabarits, leur technologie et leur prix. Zeekr semble revendiquer un positionnement légèrement moins haut de gamme que celui de Volvo, lui-même placé en dessous de Polestar qui laisse l’avantage à Lotus sur le segment du grand luxe. Sachant que Lotus doit reconstruire toute son image après un changement total de stratégie, que Polestar ne parvient toujours pas à finaliser sa stratégie en Europe et que Zeekr reste pour l’instant totalement inconnu des clients sur le Vieux Continent, le développement de toutes ces marques sans risque de cannibalisation et dans un contexte concurrentiel exigeant paraît délicat.
Introduite en bourse il y a quinze jours, Lotus Tech a perdu plus de 40% de sa valeur au moment où nous écrivons ces lignes. Polestar et Volvo ont également perdu une partie importante de leur capitalisation boursière après leur introduction et Zeekr se prépare aussi à entrer en bourse avec le même risque de ne pas convaincre les investisseurs. Shaun Rein, un analyste du China Market Research Group interrogé par les journalistes du Financial Times, estime que la « stratégie en Chine comme dans le reste du monde de Geely avec ses marques n’apparaît pas si convaincante et que ces marques risquent de se concurrencer elles-mêmes ».
La conjoncture actuelle, qui pousse les principales marques visées par celles de Geely à revoir leur stratégie d’électrification et compter plus longtemps que prévu sur leurs modèles thermiques, représente également un possible frein à leur développement. Lotus vise rappelons-le une production annuelle de 150 000 voitures avant la fin de l’année grâce au gros SUV Electre, à la nouvelle Emeya rivale de la Porsche Taycan et à un futur SUV plus petit pour attaquer le Macan électrique. Polestar vise également à vendre plusieurs centaines de milliers d’autos dans le monde d’ici 2030 et Zeekr aspire de son côté à un fort développement. N’oublions pas non plus Volvo qui espère garder ses gros volumes de vente actuels en misant tout sur les voitures électriques, prenant le contrepied de Mercedes, BMW ou Audi qui ont décidé de ralentir un peu sur le sujet. Et Lynk & Co, cette marque de voitures hybrides qui n’a jamais réussi à prendre sur le marché européen contrairement aux rivaux de MG.
Alors que plusieurs nouvelles marques électriques chinoises comme Aiways ou Hiphi se retrouvent en quasi-faillite et que des enseignes comme Nio continuent de perdre des sommes colossales avec l’appui du gouvernement, l’avenir des marques de luxe de la galaxie Geely n’a rien de garanti pour l’instant et la stratégie de Geely manque de clarté.
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