Marché automobile mondial : tout va bien, ou presque
C’est simple : tous les indicateurs sont à la hausse sur toute la planète : les ventes de voitures en général comme celles des autos électriques en particulier sont en hausse. Les Chinois qui envahissent l’Europe ? Les prix des VE, comme celles des thermiques qui ont explosé ? Pour l’IFPEN, ce sont des soucis qui pourraient bien s’arranger dans les années à venir. Mais d'autres craintes assombrissent le tableau.
Pour le moment, sur le papier du moins, tout va bien. Selon l’IFPEN (institut français du pétrole et des énergies nouvelles), le premier semestre 2023 est un festival de bonnes nouvelles. Le marché automobile mondial a progressé de 11 % et les prévisions pour l'ensemble de cette année devraient avoisiner les 87,4 millions de voitures vendues, soit une hausse de 7,8 %. Grâce à qui ? Aux États-Unis et l’Europe, comme au bon vieux temps. Grâce aux autos électriques aussi, puisqu’au premier trimestre, il s’en est vendu 6 millions sur la planète, soit 15 % du marché global.
Un marché stabilisé mais à la baisse
Mais alors, pourquoi tant de patrons de marques, à l’instar de Carlos Tavares, le boss de Stellantis, s’alarment-ils, puisque tout va bien ? « Tout va bien certes, tempère Jérôme Sabatier, économiste à l’IFPEN. Mais le marché, même s’il se stabilise, ne retrouvera pas les chiffres des grandes années. » Il faudra donc composer avec des ventes stables mais basses.
Quant à la transition vers le tout électrique tant redoutée et dont on dit qu’elle ne serait qu’une lubie européenne ? « Les États-Unis avancent très vite et très fort ». Quant à la Chine, elle file massivement vers cette nouvelle énergie, puisqu’elle détient les clés de l’électrique, des batteries aux éléments qui les composent.
Justement, la Chine qui effraie tant les marques du vieux continent, ne doit-elle pas être redoutée dans cette bonne marche vers des jours radieux ? Pas pour Jérôme Sabatier. Plusieurs arguments le confortent. Pour lui, l’Europe est à l’offensive. Un arsenal de mesures est en train de se mettre en place, qu'il énumère « Il y a les enquêtes de l’UE sur les éventuelles subventions chinoises à leur industrie auto, mais aussi le durcissement des bonus plus protectionnistes, ou encore la réindustrualisation au travers notamment des gigafactories qui s’installent peu à peu. Il y a une véritable prise de conscience ».
Le plafond de verre des voitures électriques
Inutile donc de se faire du mouron. Mais quid des prix des voitures chinoises au prix défiant toute concurrence, en attendant d’être taxées à l’entrée de l’Union ? Elles obligeraient les constructeurs de chez nous à s’adapter et à baisser eux aussi leurs tarifs.
Mais dans ce concert de bonnes nouvelles, l’économiste voit néanmoins poindre quelques nuages qui obstruent un horizon de félicité. « On est notamment en train d’atteindre un plafond avec la voiture électrique. Les early adopters, ces accros à la tech et qui ont un fort pouvoir d’achat sont conquis. Mais dorénavant, il faut aller plus loin et convaincre tout le monde. » Et ce qui freine Monsieur tout le monde, c’est encore et toujours le prix, « ce n’est plus l’autonomie limitée ». Il va donc falloir attendre que l’effet de la concurrence chinoise agisse pour que le VE continue d’engranger des parts de marché, qui, d’ici-là, pourraient stagner.
Reste que pour Jérôme Sabatier, la période à venir pourrait également connaître quelques troubles sociaux. Selon lui, on ne regarde pas assez ce qui se passe aux États-Unis ces temps-ci. Car les grèves déclenchées par l’UAW ne sont seulement liées aux salaires, mais aussi à la peur d’un futur constellé de réductions d’emplois à cause, bien sûr, des voitures électriques qui nécessitent moins de main-d’œuvre. « Et cette crise américaine pourrait bien débarquer en Europe ».
Les patrons des marques du vieux continent sont prévenus : ils vont devoir composer avec une baisse des prix de leurs voitures et une hausse des salaires de leurs collaborateurs que ces derniers, inspirés par leurs cousins américains, ne manqueront pas de leur réclamer.
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