Match essence/diesel : une citadine diesel d'occasion peut-elle être un bon plan ?
Les citadines carburant au diesel peuplent encore abondamment les annonces des particuliers, comme des professionnels. Faut-il d’emblée les écarter ou au contraire se pencher sur leur cas ? Des (bonnes) affaires sont-elles envisageables ?
La France et le diesel, c’est une vieille histoire. Tout a commencé en 1959 lorsque la Peugeot 403 adopte ce type de moteur, mais ce n’est véritablement qu’à partir des années 70 que le carburant lourd prend son essor.
La crise pétrolière et les investissements des constructeurs vont de concert pour mettre la machine diesel en route. Les ventes ne cesseront alors d’augmenter pour atteindre un pic en 2008 lorsque 77 % des autos neuves vendues dans l'hexagone sont des diesel. Le gouvernement est même allé jusqu’à leur accorder un bonus écologique…
L'engouement est tel qu'aucune catégorie de voitures n’y échappe, ni même celle des citadines pourtant amenées à réaliser de petits parcours en milieu urbain.
C’est justement ces citadines/polyvalentes qui nous intéressent aujourd’hui. Mises à mal par les critiques dues au diesegate concernant notamment leurs émissions de particules, puis la mise en place (laborieuse) des Zones à faibles émissions, et enfin la faible différence de prix à la pompe face à l’essence, sont-elles devenues indésirables, et donc abordables ?
Pour répondre à cette question, nous avons comparé citadines diesel et essence. Dans les deux cas, le prix est équivalent afin de mieux les départager. Il semble que le diesel n’ait pas dit son dernier mot…
Le marché de l’occasion
Renault Clio III
Commercialisée de 2005 à 2014, elle a connu l’âge d’or du diesel. C’est pour cela que l’on trouve dans les petites annonces autant de versions diesel que d’essence.
Ce que l’on trouve pour 5 000 € :
- 1.2 TCe 100 Rip Curl de 2008 et 140 000 km
- 1.5 dCi 75 ch Expression Clim de 2011 et 160 000 km
Égalité : les versions diesel affichent un peu plus de kilomètres, mais elles sont globalement plus récentes.
Renault Clio IV
Lorsqu’elle débarque en 2012, la frénésie du diesel sévit moins dans la catégorie des citadines. Résultat, l’essence représente les deux tiers du marché de la seconde main.
Ce que l’on trouve pour 9 000 € :
- TCe 90 Limited de 2016 et 110 000 km
- dCi 90 Limited de 2017 et 115 000 km
Égalité : il y a toutefois un bémol concernant le diesel puisque les versions Business moyennement équipées sont très présentes.
Peugeot 207
La Peugeot 207 a connu un grand succès, cependant le diesel est un peu moins présent que son homologue à essence.
Ce que l’on trouve pour 5 000 € :
- 1.4 90 ch Executive de 2006 et 120 000 km
- 1.6 HDi 90 ch Premium de 2006 et 170 000 km
Avantage essence : à version et prix équivalent, le diesel affiche presque toujours un kilométrage plus élevé.
Peugeot 208 I
Cette première génération de 208 débarque tout juste lorsque le diesel amorce sa descente. Résultat, ce type de moteur ne représente qu’un cinquième des annonces.
Ce que l’on peut trouver pour 9 000 € :
- 1.2 PureTech 82 ch Allure de 2015 et 80 000 km
- 1.6 e-HDi 92 ch Allure de 2014 et 115 000 km
Avantage essence : le fait que le diesel se fasse relativement rare sur cette 208 explique en partie sa cote. À tarif équivalent, les compteurs sont plus garnis. Attention à la fiabilité du Puretech, même si ce n'est pas le sujet ici...
Citroën C3 II
La C3 de deuxième génération est répandue sur le marché, environ un tiers fonctionne au gazole.
Ce que l’on peut trouver pour 6 000 € :
- 1.2 PureTech 82 ch Confort de 2016 et 115 000 km
- 1.4 HDi 68 ch Confort de 2015 et 145 000 km
Avantage essence : ce n’est pas une victoire franche puisque le diesel n’est pas beaucoup plus kilométré. Même remarque sur la fiabilité du Puretech que pour la 208...
Citroën C3 III
C’est une question de génération et de période de commercialisation. Comme pour la Peugeot 208, le diesel est peu représenté, de l’ordre de 20 % pour cette C3.
Ce que l’on peut trouver pour 9 000 € :
- 1.2 PureTech 82 ch Feel de 2017 et 100 000 km
- 1.6 BlueHDi 100 ch Feel de 2017 et 145 000 km
Avantage essence : le rapport prix/kilométrage est clairement en faveur du moteur à essence. Attention à la fiabilité, même si c'est en amélioration depuis 2020, en 2017, c'est risqué.
Volkswagen Polo V
La marque allemande possède une bonne réputation concernant ses moteurs TDI. Pourtant, les Polo à essence sont deux fois plus nombreuses sur le marché.
Ce que l’on peut trouver pour 9 000 € :
- 1.2 TSI 90 ch Lounge de 2016 et 130 000 km
- 1.6 TDI 90 ch Style de 2011 et 130 000 km
Avantage essence : la réputation se retrouve dans les prix pratiqués. En dépensant la même somme, une Polo TDI sera facilement plus âgée de cinq ans.
Ford Fiesta V
Dénicher une Fiesta roulant au carburant lourd ne nécessitera pas de parcourir plusieurs centaines de kilomètres, un modèle sur deux roule au gazole.
Ce que l’on peut trouver pour 7 000 € :
- 1.0 Ecoboost 100 ch Titanium de 2013 et 125 000 km
- 1.5 TDCi 75 ch Edition de 2015 et 155 000 km
Egalité : entre différence d’âge et de kilométrage, les Fiesta essence et diesel se valent.
Les ZFE-m changent-elles la donne ?
Lors de nos recherches de voitures d’occasion, nous avons notamment comparé les métropoles soumises aux Zones à fables émissions (Toulouse, Strasbourg, Paris…) et celles encore épargnées comme Rennes. Il est apparu que seule la région parisienne pratique des tarifs plus bas. Lorsqu’une Renault Clio III (dCi 85 ch de 2011 de 150 000 km) est proposée 6 000 € à Rennes, elle est en annonce à 4 000 € en Île-de-France. Cependant, nous n’avons pas constaté de différences de prix dans les autres régions, et la vignette Crit’Air ne semble pas non plus avoir d’influence.
Les craintes concernant le développement de ces zones semblent s’être un peu évaporées. Il faut dire que les métropoles font régulièrement marche arrière pour leur mise en application. À ce jour, les modèles Cirt’Air 3 (du janvier 2006 à décembre 2010 pour les diesel) ne sont pas encore inquiétés…
Il est toutefois conseillé de rester « à l’écoute » des projets de restriction qui pourraient être mis en place dans votre région ou département.
Le bilan : au cas par cas, ou presque
Le résultat est sans équivoque, le diesel ne se révèle pas être une bonne affaire. Néanmoins, le contraire n’est pas juste non plus. Suivant les modèles, les offres sont proches ou alors à l’avantage de l’essence.
Le prix à l’achat n’est bien sûr pas le seul critère. La consommation est aussi un critère important sachant qu’un modèle diesel économise environ 15-20 % de carburant, ce qui est loin d’être négligeable. Concernant les prix à la pompe, le gazole est légèrement à son avantage depuis plusieurs semaines.
Ce qui pèsera davantage dans la balance de l’une ou l’autre solution est le kilométrage annuel parcouru. Jusqu’à 15 000 km/an, et surtout si vous effectuez de courts trajets, le Sans-plomb est encore justifié. En ce qui concerne la fiabilité, les moteurs diesel rencontrent des soucis bien connus (vanne EGR, filtre à particules, injecteurs) dont le passage chez le garagiste peut se solder par de lourdes factures. Néanmoins, les moteurs à essence moderne (injection directe et turbo) ne sont pas épargnés non plus à l'image des blocs PureTech et TCe.
Il reste enfin l’agrément de conduite. Un diesel sera bien plus à son aise sur la route qu’un petit moteur à essence dépourvu de turbo.
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