Une Jaguar XJ8.
Cette voiture, j'en ai rêvé étant ado, et bien 10 ans après, j'ai enfin franchi le pas ! Il y a des rêves qui mettent plus longtemps à se réaliser, non ?
Le modèle que je possède est une XJ8 de 2001, une première main affichant 74 000 km au compteur, dans un état de conservation irréprochable, et à l'historique limpide. Je l'ai négociée au tarif de 11 000 euros, ce qui est un des gros avantages de ces voitures de luxe des années fin 90 : leur décote est énorme (la facture d'origine mentionne 75 000 euros), car peu de personnes, à part les collectionneurs, ne s'intéressent à ces grosses cylindrées essence.
Tout de suite, je vous mets en garde : acquérir une telle automobile nécessite une recherche longue, en parcourant toute la France afin de trouve le "bon" modèle. L'historique de l'auto doit être limpide, son entretien doit avoir été scrupuleusement respecté, et il n'est pas question de l'acheter sans l'avoir essayé de manière approfondie. Des sites internet de passionnés existent pour avoir un avis sur un modèle, et connaître un peu les points à inspecter lors d'un achat. En règle général, il vaut mieux privilégier un modèle ayant eu peu de propriétaires, même s'il affiche beaucoup de kilomètres au compteur : c'est un gage de fiabilité.
Passons maintenant à une revue détaillée de la XJ8 :
- Carrosserie :
Incontestablement, c'est d'abord pour ses lignes que je l'ai achetée. Elles sont tout simplement sublimes, bien éloignée de ce que l'on trouve actuellement. C'est fin, fluide, raffiné. Même si les dimensions de l'auto sont importantes : 2m de large pour 5,10m de long environ, elle ne fait pas "grosse". Elle est très basse, les phares ronds sont magnifiques et leurs lignes se prolongent dans un très long capot presque horizontal, que l'on peut contempler lorsque l'on conduit. Cela reste certainement très classique, mais c'est d'une vraie beauté intemporelle, comme le sont d'autres modèles Jaguar, comme la Mk2.
Autre point, la qualité de la peinture et du vernis est à souligner. Les couches sont bien épaisses et s'altèrent difficilement avec les aléas de la route (graviers, coups de portières...).
- Aménagement intérieur :
Bien que la voiture soit basse, l'habitacle est très lumineux et procure une excellente visibilité. On sent bien les dimensions de la voiture, et le conducteur n'a pas l'impression d'être enfermé dans un sous-marin, comme dans nombres de berlines modernes. Le tableau de bord est en effet assez fin et assez bas, et d'un dessin lui aussi sublime. L'utilisation du plastique est réduite au minimum, pour le reste, tout est de cuir et de bois. La console centrale, en forme de goutte d'eau gaînée de cuir, est pratique à l'utilisation, même si les nombreuses fonctions réclament un temps d'adaptation. Cette console se prolonge à l'horizontal pour accueillir le levier de la boite auto, petite boule de bois dans une grille en forme de "J", traditionnel pour la marque. On regrettera le faible nombre de rangement, en particulier lorsque le téléphone de voiture est monté, ce qui diminue encore la place disponible dans le coffre de console centrale.
Les passagers arrières ne sont pas oubliés pour autant, l'espace aux jambes est bon sans être fantastique, et des buses d'aération permettent de profiter de la climatisation. La visibilité aux places arrières est également excellente.
- Confort :
Digne de Sa Majesté. Les énormes fauteuils en cuir, réglables électriquement dans toutes les positions imaginables, permettent de s'installer confortablement dans ce salon roulant. L'insonorisation poussée et le confort des suspensions (doubles triangles à l'avant et à l'arrière) rendent le stress et la fatigue absent des trajets, mêmes les plus longs. Les pneus ne sont pas taille basse, et c'est tant mieux car ils participent à la filtration des vibrations de la route (et accessoirement on ne détériore pas facilement les jantes sur une bordure).
Quel bonheur de se blottir dans cette auto après une dure journée de travail, pour souffler un peu et profiter de ce havre de paix !
- Moteur et conduite :
C'est le gros point fort de cette voiture. Sur la version 4 litres, le V8 de chez Jaguar affiche 294 chevaux. C'est plus que suffisant pour propulser cette berline, tout de même assez lourde (environ 1750 kg). Tout se fait en douceur, sans à coups ni brutalité. La boite auto (une ZF5 à 5 rapports) y joue pour beaucoup. On pourrait lui reprocher sa lenteur, mais cette voiture n'est pas une sportive, c'est une limousine. Le gros point fort de ce couple moteur-boîte est la souplesse. Il est à la fois possible d'avancer à pattes de velours en ville, tout en douceur, ou bien de faire bondir et rugir le félin sur route avec de puissantes reprises. La boîte pour cela dispose d'un mode "Sport" qui permet d'aller taquiner la zone rouge. Dernier point, la boîte s'adapte automatiquement au conducteur en fonction de ses habitudes de sollicitations de l'accélérateur.
Au niveau des consommations, il faut compter 11,5 l/100 sur autoroute, entre 17 et 20 l/100km pour une utilisation ville, ce qui n'est vraiment pas son terrain de prédilection. Cela reste malgré tout raisonnable vu la cylindrée.
- Fiabilité :
La grande question des Jaguars. Pour ma part, je n'ai jamais eu le moindre pépin, mais je ne possède pas la voiture depuis très longtemps (6 mois). Je dirais que la fiabilité reste bonne si l'on respecte bien l'entretien de la voiture. Aussi, inutile de dire que tirer sur le moteur alors qu'il n'est pas chaud ne va pas de le sens de sa longévité. Que du bon sens en somme.
- Budget :
Assez élevé. Surtout pour le carburant et l'entretien. Les frais d'assurance ne le sont pas beaucoup plus que pour d'autres voitures. Avec 20cv fiscaux, la carte grise n'est pas donnée non plus. En gros, il faut prévoir un budget 2x plus élevé que pour une berline "grand public".
Un pneu coûte aux alentours de 140 euros par exemple.
- les petits points qui fâchent :
L'équipement fourni est très bon pour l'époque, mais des choix surprennent.
Sur mon modèle, on trouve par exemple un des premiers GPS de voiture, mais les rétroviseurs ne sont pas rabattables électriquement ! En parlant du GPS d'ailleurs, il fonctionne avec un DVD, mais impossible de trouver une version des cartes plus à jour que celle de 2001...
Dans ma ville le réseau Jaguar rechigne à prendre en charge cette voiture, à cause sûrement du rachat par Ford puis Tata. Il vaut donc mieux trouver un garage spécialisée dans les vieilles anglaises, ce qui peut parfois être difficile.
L'alarme s'enclenche trop facilement. Même déverrouillée, il suffit de laisser les portières fermées 30 secondes pour qu'elle s'arme... c'est parfois peu pratique et énervant.
En conclusion, je dirais que c'est une voiture dans laquelle on peut ressentir la passion qu'ont eu les ingénieurs Jaguar à la concevoir, et ca fait vraiment plaisir. Il n'y manifestement pas eu de "compromis" pour essayer de contenter tout le monde, et c'est tant mieux. Cela devient si rare !