Naguère, des boutons
Si aujourd’hui, la mode est aux cockpits épurés dans nos voitures, il y a encore peu, ceux-ci étaient constellés de boutons, consécutivement à l’augmentation du nombre de fonctions à bord.
Des manettes, des leviers, des cadrans et des boutons, les voitures en ont toujours eus. C’est qu’elles étaient très compliquées à mettre en route puis à utiliser, jusque dans les années 30. Il fallait tout régler, avance à l’allumage, pression d’huile, pression d’essence, presque en continu. Puis, tout a commencé à se normaliser, le nombre de commandes se mettant à diminuer, mais dans les années 50, les Américains se sont pris de passion pour les équipements de confort.
Dans les hauts de gamme, se sont mis à fleurir des palanquées de petites douceurs, telles que clim, autoradio, vitres et sièges électriques, mais on ne se souciait pas tellement d’ergonomie. C’est là que l’épidémie de boutons a connu une première éruption en après-guerre. L’Europe a été plus lente à y venir, son niveau de vie inférieur ne permettant pas de doter les voitures courantes aussi richement qu’aux USA.
La première française de grande série à se doter de vitres électriques fut la R16 TS en 1969 ! Les modèles du vieux continent étaient-ils mieux étudiés du point de vue de l’ergonomie pour autant ? Pas vraiment, Cela dit, l’agencement des tableaux de bord a nettement progressé dans les années 70, surtout en Allemagne, BMW passant pour un exemple en la matière, parvenant à une sorte de perfection lors des deux décennies suivantes. Mercedes jouait également la carte de la limpidité des commandes, même s’il faut signaler que ces deux constructeurs refusaient les derniers gadgets à la mode.
En France, durant les eighties, Renault, en particulier, a suivi la voie de la profusion d’accessoires plus ou moins utiles. La R25, en particulier, surtout en finition Baccara, incarne parfaitement cette tendance. Il y en a partout ! Entre la hifi, la clim, les vitres électriques, le régulateur de vitesse, les sièges gonflables, les boutons se comptent par dizaines ! Pour autant, leur agencement n’est pas si loufoque qu’on pourrait le croire. Seulement, jusque dans les années 2000, les petits raffinements n’ont cessé d’augmenter en nombre, avec, par exemple, l’avènement du GPS et du téléphone cellulaire, ce qui a forcé les constructeurs à réfléchir à leur organisation dans l’habitacle. Et tous ne sont pas arrivés aux mêmes solutions.
La « boutonnite » a gagné les plus réfractaires, comme Mercedes, qui s’en est très mal sorti. En matière de non-sens ergonomique, la Classe W221 se pose là : rangées de commandes indifférenciées, donc impossible à repérer, boutons planqués un peu partout, notamment dans les accoudoirs… Tout ça pour obtenir une planche de bord d’apparence sobre, comportant par ailleurs mollette permettant de naviguer dans les menus du système multimédia. Une trouvaille que l’on doit à… BMW, sur la Série 7 E65, et qui a ensuite largement été copiée. Chez le bavarois, ce n’était pas trop mal fait, même si des améliorations ont dû être portées par la suite aux fameux iDrive.
En Suède, Volvo réussissait particulièrement bien à rendre ses tableaux de bord à la fois jolis et pratiques à l’usage, de même que Saab. En Allemagne, Porsche traçait sa voie avec la stratégie « un bouton, une commande », nettement moins couronnée de succès, notamment dans les Panamera et Cayenne de 2e génération. Ça foisonnait, mais au moins, on l’assumait !
Puis ce fut l’avènement des tablettes tactiles, gavées de menus, de sous-menus, de paramétrages et de fonctions dont la majeure partie des gens se moquent. Certains parviennent à rendre l’ensemble un minimum préhensible, d’autres pas. Chez Mercedes, c’est l’horreur, et, plus préoccupés de « show-room appeal » que d’ergonomie, BMW suit une tendance similaire, tout comme DS. Dans la DS4, c’est même un joyeux foutoir !
Mais, le pire en la matière, c’est encore l’opposé, ces constructeurs qui cherchent à tout crin à épurer les habitacles. Sans renoncer à la multiplicité des fonctions, bien sûr… Là, le sommet de la monstruosité ergonomique semble atteint par Tesla, qui concentre tout, même la commande d’ouverture de la boîte à gants, dans un immense écran central. Actionner le désembuage en roulant est presque dangereux !
Les commandes vocales semblent un début de solution, encore faut-il qu’elles fonctionnent correctement. Dans une Golf VIII, j’ai demandé au GPS de me guider vers Magny-en-Vexin. Il n’a jamais compris. En somme, les constructeurs ont, pour rendre leurs autos faciles à prendre en main, beaucoup de pain sur la planche… de bord !
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