Opel Commodore A (1967 – 1972), un 6-cylindres qui change tout, dès 8 000 €
Une propulsion des années 60 dotée d'un 6-cylindres en ligne performant, cela coûte très cher quand c'est badgé Alfa Romeo ou BMW. Mais il y a Opel écrit dessus, cela reste abordable, et vous savez quoi ? Ça n'est pas forcément moins efficace. Témoin, la Commodore A, qui mérite d'être redécouverte.
Les collectionnables, c’est quoi ?
Ce sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Pourquoi l'Opel Commodore A est-elle collectionnable ?
Gourmande et affublée d'une vignette onéreuse, l'Opel Commodore a été bien peu préservée. Pourtant, capable d'en remontrer par son efficacité dynamique à des modèles autrement plus cotés à l'heure actuelle, badgés Alfa Romeo, BMW ou Citroën, elle mérite d'être sauvegardée. En effet, solide et dotée d'un 6-cylindres musical, elle délivre un agrément de conduite certain, facturé extrêmement cher chez la concurrence. Et que dire de son charme suranné, évocateur des séries allemandes des années 70 ?
La Rekord, c’est le modèle à succès d’Opel dans les années 50/60. Cette brave familiale, spacieuse et robuste, s’illustrera d’ailleurs dans le film Le Casse, pilotée par Omar Sharif, à la poursuite de la Fiat 124 de Belmondo. Si celle du petit écran se contente d’un 4-cylindres, une variante à 6 cylindres est également proposée. En 1967, la Rekord entre dans sa 3e génération (la C) et perd le plus gros de ses moteurs. Celui-ci se retrouve dans la variante luxueuse de la berline Opel, désormais un modèle à part dénommé Commodore.
Son 6-en-ligne, de conception nouvelle, se code CIH, pour « Camshaft In Head », ce qui désigne la conception originale de sa culasse. En effet, elle accueille l’arbre à cames, mais celui-ci s’installe à côté des soupapes et non au-dessus. Une sorte d’arbre à cames en tête mais latéral… Ce bloc à carburateur double corps, dont la conception a débuté chez GM, à Detroit, se signale par une puissance spécifique convenable : il développe 95 ch en 2,2 l (moteur vite retiré) et 115 ch DIN en 2,5 l S, ce qui autorise de bonnes performances.
Aussi rapide qu’une Citroën DS21 (175 km/h), la Commodore 2,5 l S se révèle bien plus nerveuse en accélération, passant les 1 000 m DA en 33,1 s, soit près de 2 s moins que la française ! Son poids relativement limité (1 155 kg malgré une longueur de 4,57 m) joue en sa faveur.
En revanche, techniquement, l’allemande demeure très classique : propulsion, suspension à ressorts hélicoïdaux, essieu arrière rigide. Toutefois, ce dernier se révèle bien guidé (barre Panhard, tirants longitudinaux), le système de freinage bénéficie de disques à l’avant et d’un double circuit, alors qu’une direction assistée existe en option.
L’Opel est donc bien plus moderne qu’une de ces américaines auxquelles elle ressemble tant, alors qu’elle a été dessinée en Allemagne, à Rüsselsheim, sous la férule d’Erhard Schnell, directeur du design de la marque au Blitz. Le prix se révèle raisonnable : 14 590 F en 1967 (soit 21 400 € actuels selon l’Insee), contre 16 070 F à une DS21 par exemple.
Disponible en coupé fastback 2 portes ainsi qu’en berlines 2 et 4 portes, la Commodore bénéficie presque immédiatement d’une variante sportive, la GS. Forte de 130 ch DIN grâce à ses deux carburateurs, la Commodore GS frise les 185 km/h, défiant sans vergogne la Mercedes 280S W108. En 1969, la 2,5 l S passe à 120 ch, puis en 1970 apparaît la GS/E.
Celle-ci bénéficie d’une injection électronique Bosch, boostant sa cavalerie à 150 ch DIN. De quoi frôler les 200 km/h ! Seulement, la ligne, vite démodée, impose un changement de génération en 1972. La Commodore A a été produite à 156 497 unités, un joli score.
Combien ça coûte ?
En très bon état, une Commodore 2,5 l S coûte 8 000 €, alors qu’il faut compter 11 000 € pour une GS. Nettement plus rare, la GS/E ne se trouve pas sous les 20 000 €. Les coupés fastback sont plus prisés, donc plus chers (environ 2 000 €) que les berlines, alors que les versions à boîte auto sont un peu moins chères que les manuelles.
Quelle version choisir ?
En tout premier lieu, optez pour une auto saine, complète et totalement d’origine, ce qui est relativement rare. Ensuite, la GS, de par ses performances et son prix encore raisonnable, constitue un choix équilibré.
Les versions collector
Toute Commodore en très bon état est un collector. Les plus recherchées sont évidemment les GS/E fastback à boîte manuelle.
Que surveiller ?
D’un point de vue mécanique, la Commodore, c’est du très costaud. Moyennant un entretien classique et régulier (pas si simple car presque plus personne ne sait procéder à un réglage allumage/carburation), l’Opel roulera longtemps. De plus, la très bonne accessibilité moteur facilite les interventions.
Bien fabriqué, l’habitacle résiste bien à l’usure du temps, mais on n’en dira pas autant de la tôlerie. Elle peut devenir un piège à rouille : ailes, baie de pare-brise, bas de caisse, passages de roue et attaches de suspension arrière sont des points très sensibles. Si on ne trouve évidemment plus rien dans le réseau officiel, des spécialistes, comme www.opelixparts.com, se font forts de proposer une pléthore de pièces détachées.
Sur la route
Elle en impose, la Commodore, sous ses airs de petite américaine. Dans l’habitacle, on est surpris par l’espace disponible ainsi que la luminosité, mais pas tellement par l’équipement. Pas de compte-tours ni d’aérateurs centraux par exemple. Mais l’allume-cigare est à portée de doigt, juste à côté du tachymètre. Une autre époque…
En tout cas, les commandes sont correctement agencées et la position de conduite bien étudiée. Avec un gros 6-cylindres en fonte situé sur l’essieu avant, je m’attendais à une direction de camion. Et j’avais tort ! Le volant se révèle facile à manier, même en manœuvres, grâce à son grand diamètre mais aussi au positionnement du moteur, repoussé vers le centre de la caisse.
Ce dernier point garantit aussi un comportement routier équilibré, tandis que les trains roulants bien guidés rendent la conduite plutôt précise, ce à quoi on ne s’attend pas du tout, là encore. On est même surpris par la vivacité générale de la voiture, et on comprend pourquoi la GS/E a été tellement appréciée des pilotes. Autre bonne surprise, la suspension absorbe très correctement les inégalités.
Pas extrêmement souple, le 6-cylindres fait en revanche preuve d’une bonne volonté très agréable et offre de jolies réserves de puissance. Ce n’est pas un adepte des hauts régimes, mais il prend bien ses tours et garantit de bonnes reprises à mi-régime, dans une sonorité des plus plaisantes. Quant à la boîte, c’est un régal à manier. Restent le freinage, d’époque donc faible, et la consommation plutôt élevée : environ 12 l/100 km.
L’alternative youngtimer
Opel Omega 6-cylindres (1986– 1994)
Remplaçant l’antique Rekord, l’Omega surprend par sa ligne très aérodynamique lors de son apparition en 1986. Signalée par un Cx de 0.28, cette carrosserie immense cache des trains roulants enfin modernes, l’arrière recevant une suspension indépendante. Sous le capot, on retrouve une vieille connaissance : en haut de gamme, le 6-cylindres 3,0 l de 177 ch dérive de celui de la Commodore A !
Il permet tout de même à l’Oméga 3000 de pointer à 230 km/h. En 1990, un 2,6 l de 150 ch complète l’offre vers le bas, alors que le 3,0 l gagne une culasse à 24 soupapes portant sa puissance à 204 ch. Cette fois, la grande Opel passe les 240 km/h, égalant dans la sportivité la Commodore GS/E. On pourrait aussi citer la Lotus Omega (3,6 l, 377 ch), mais elle mérite un article dédié. La familiale Opel tire sa révérence en 1994, et sa descendante aura, elle aussi, droit à des 6-cylindres.
Opel Commodore 2.5S 1970, la fiche technique
- Moteur : 6 cylindres en ligne, 2 490 cm3
- Alimentation : carburateur double corps
- Suspension : bras superposés, ressorts hélicoïdaux, amortisseurs, barre antiroulis (AV), essieu rigide, ressorts hélicoïdaux, amortisseurs, bras longitudinaux, barre Panhard, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 4 manuelle, propulsion
- Puissance : 120 ch à 5 500 tr/min
- Couple : 173 Nm à 4 200 tr/min
- Poids : 1 155 kg
- Vitesse maxi : 175 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 12 secondes (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces, rendez-vous sur le site de La Centrale : Opel.
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