Périphérique parisien: les 50 km/h ne sont qu'un début
L'INFO DU JOUR. Les 50 km/h ne sont qu'un avant-bouche pour l'éxécutif parisien: le but à terme est de transformer le périphérique en un boulevard comme un autre (ou presque). Tout est détaillé dans un rapport.
La limitation de vitesse à 50 km/h devrait être effective dans les semaines à venir. Mais bien d'autres réjouissances sont prévues. PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP
Au moins, personne ne pourra accuser Anne Hidalgo de manquer de cohérence. En annonçant ce lundi matin que la vitesse sur le périphérique serait limitée à 50 km/h à partir du 1er octobre, la maire de Paris ne fait que répéter ce qu’elle avait affirmé dès novembre 2023, et qui avait alors suscité une levée de boucliers similaire. Il faut dire que le boulevard circulaire parisien, inauguré en 1973, accueille en moyenne 1,1 million de véhicules chaque jour, dont 40% vont de banlieue à banlieue sans même rentrer dans Paris. Dans un livre blanc, l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR), organisme directement lié à la mairie de Paris, précise d’ailleurs que 46% des usagers du « périf’ » sont des parisiens, et que 43% viennent de la petite couronne. De plus, 78% l’empruntent pour des trajets domicile-travail. De ce fait, 82% des usagers sont seuls à bord.
Ces chiffres donnent une idée de l’importance de ces 35 km ceinturant la capitale, et qui structurent à eux seuls une grande part de la circulation francilienne. Mais que l’on ne s’y trompe pas : l’ambition de l’exécutif est que le périphérique sous sa forme actuelle disparaisse à terme. Cela va se faire progressivement (voir ci-dessous) et la limitation à 50 km/h n’est qu’une façon de préparer les esprits à ce qui va suivre.
Le libre blanc de l’APUR détaille le calendrier 2024-2030 des évolutions probables du périphérique :
Plus de liens
• Homogénéisation du nombre de files :
• 2X3 voies incluant la voie covoiturage, bus, taxis héritée des Jeux Olympiques et Paralympiques
• Bouclage de la voie dédiée au sud
Transformation de 13 Portes en Places :
• 7 nouvelles places transformées :
Porte d’Aubervilliers / Porte de la Villette / Porte de Bagnolet / Porte de Vincennes /
Porte de Bercy, rue Baron Le Roy / Porte de Vanves - Malakoff / Porte de Sèvres
• Plus les 6 portes en seconde phase de transformation :
Porte de Saint-Ouen / Porte de Clignancourt / Porte de Montreuil /
Allée Paris-Ivry, Quai dIvry / Porte dOrléans / Quai d’Issy
Plus de nature
• Plantation des files reconquises sur le BP : 15,4 hectares dont 4 hectares en viaduc
• Poursuite des plantations sur les talus et les ouvrages
• Poursuite de l’aménagement des voies latérales
• Poursuite des plantations dans les îlots privés
Plus de proximités
• Exploitation des tunnels du BP, sous-faces récupérées
• Programmation de RDC actifs (places, voies latérales)
• Nouveaux quartiers livrés
Le but est de transformer cette « ceinture grise » en « ceinture verte », en réduisant l’espace de circulation automobile à deux voies, soit trois de moins qu’aujourd’hui. Une troisième voie serait réservée à la mobilité partagée et aux transports en commun, dans la continuité de ce qui a été mis en place pour les Jeux Olympiques. Les autres voies disparaîtraient de façon à privilégier les «mobilités douces», vélo en tête. Dans son rapport, l’APUR dit aussi avoir comptabilisé 27 km de voies latérales qui « peuvent venir former une continuité cyclable qui raccorde toutes les pistes radiales débouchant aujourd’hui en impasse au niveau du boulevard périphérique. » Bref, il est question de créer un « corridor boisé » permettant d’installer promenades plantées et autres pistes à vélo.
Après tout pourquoi pas? Personne n'est pour la pollution, et chacun aspire à une meilleure qualité de vie. La mairie de Paris précise que "555 200 habitants, dont 307 200 Parisiens, habitent dans une bande de 500 mètres de part et d’autre du Boulevard périphérique, soit 8 % de la population de la Métropole du Grand Paris", à quoi s'ajouteraient "378 000 salariés". Par ailleurs, Le Figaro rappelle que « le 10 janvier 2014, la baisse de la vitesse autorisée sur le périphérique de 80 à 70 km/h avait conduit de façon contre-intuitive à une augmentation de la vitesse moyenne de 18%, grâce à la réduction des embouteillages. » De plus, cette évolution s'inscrit dans un contexte de baisse, légère mais continue, de la circulation sur le périphérique.
A force de pourrir littéralement la vie des automobilistes, quelques résultats finissent par apparaître. Et comme seul un ménage parisien sur trois dispose d'une voiture, Mme Hidalgo asseoit ses ambitions écologiques sur un confortable matelas d'électeurs. Reste que la circulation automobile devra bien d'une façon ou d'une autre se reporter sur la proche banlieue, et la pollution engendrée ne sera pas bloquée par la "ceinture verte" évoquée plus haut, pas plus que les frontières françaises n'avaient stoppé le nuage de Tchernobyl en 1986. Finalement, Anne Hidalgo fait sienne l'une des propositions du trop méconnu Ferdinand Lop, figure du quartier latin de l'après-guerre, candidat perpétuel à l'élection présidentielle et à l'Académie française, lequel prônait notamment "l’installation de Paris à la campagne pour que les habitants profitent de l’air pur."
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