Peugeot 208 GTI 30th (2014-2015) : une petite bombe comme on n’en fait plus, dès 14 000 €
Si la 208 GTI convainc par sa polyvalence, elle laisse les vrais sportifs sur leur faim. Heureusement, avec son châssis préparé aux petits oignons, la très radicale 30th répond à leurs attentes, ce qui fait d’elle une bien digne héritière de la mythique 205 GTI 1,9 l !
Les collectionnables, c’est quoi ?
Ce sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Pourquoi la Peugeot 208 GTI 30th est-elle collectionnable ?
Outre le fait qu’il s’agit d’une série limitée à un millier d’exemplaires, elle est la représentante ultime d’une espèce en voie de disparition. En effet, les petites sportives simples et légères de ce type se raréfient, à cause de normes de CO2 très strictes. Ainsi, PSA n’en produit plus, ni Renault, pour ne citer que les marques françaises. Celles-ci pourraient en proposer à l’avenir, mais dotées de motorisations électrifiées, voire totalement électriques. Avec à la clé, une sportivité amoindrie, un poids en forte hausse et surtout un prix très supérieur. Ce dernier écueil guette aussi celles de ces autos qui conserveront une motorisation strictement thermique, ainsi que le montre la Toyota GR Yaris, dépassant les 44 000 € si on compte son malus écolo.
Enfin, et surtout, la 30th affiche une très enviable légèreté tout en profitant d’un châssis fort bien préparé, complété par un excellent différentiel à glissement limité, lui aussi très peu commun.
C’est un phénomène assez étrange qui s’est produit chez Peugeot. Alors que celui-ci produisait les autos bénéficiant du meilleur amortissement du monde, il a progressivement perdu la main. Peut-être a-t-il éprouvé quelque difficulté à gérer l’accroissement rapide du poids des voitures, entamé à la fin des années 90 ainsi que la généralisation des grandes jantes alliées à des pneus à flanc très bas, synonymes de raideur. Ainsi, la 206 régressait face à la 205, tout en se montrant supérieure à la 207 qui l’a remplacée.
Cela a donné des petites sportives certes efficaces, mais dépourvues du fameux toucher de route à la Peugeot. L’agrément n’y était plus. Pire, avec la 207, le constructeur, pris d’une fièvre sécuritaire, a carrément tourné le dos à ces trains arrière joueurs qui avaient fait le sel des 205 GTI mais aussi des 106 Rallye ou S16. Résultat, au volant de la 207 RC, on se sentait en sécurité, mais on s’ennuyait et on était secoué sur les aspérités. Même chez Peugeot, on s’en est ému. D’autant qu’en face, Renault montrait avec sa Clio III RS ce qu’aurait dû être un excellent châssis Peugeot, volontiers survireur. Humiliant !
Alors, pour la 208, le lion change son fusil d’épaule (très rare pour cet animal). Il procède à un allègement sensible, tout en conservant la plate-forme 2, déjà utilisée sur la 207.
Ainsi, quand elle sort en 2013, la 208 GTI perd carrément 165 kg face à la 207 RC qu’elle remplace ! Et ce, alors qu’elle en récupère le bloc 1,6 l THP, tout en le boostant de 175 ch à 200 ch. Les performances suivent la même tendance, la petite sochalienne s’autorisant 230 km/h en pointe. Seulement, à la conduite, elle préfère la facilité et le confort aux sensations pures. Certes, elle est très bien amortie et se montre efficace, même si les plus sportifs continuent de lorgner du côté des Renault Clio RS et Ford Fiesta ST, plus amusantes.
Mais le constructeur sochalien a conservé un atout dans sa manche, son département compétition, Peugeot Sport, dont le palmarès est éloquent : victoire au Mans et record à la montée du Pike’s Peak. Son directeur des projets, Pierre Budar, par ailleurs excellent pilote, offre à la 208 GTI une bonne préparation. Passons rapidement sur la nouvelle cartographie moteur, qui ne fait gagner que 8 ch, pour nous arrêter sur la boîte. Elle profite de rapports raccourcis, et surtout, accueille un différentiel à glissement limité Torsen, celui du coupé RCZ R. On sent qu’il se passe quelque chose !
Et ça se confirme à l’examen des trains roulants. Ce sont eux qui bénéficient des évolutions les plus significatives. Commençons par la barre antiroulis avant qui perd en diamètre alors que celle de la poupe ne change pas. Continuons avec les ressorts durcis de 30 % à l’avant et 80 % à l’arrière. Ils entraînent un changement d’équilibre dynamique qui devrait se solder par un arrière plus mobile. Dans le même temps, la garde au sol diminue de 10 mm, les voies s’élargissent de 22 mm à l’avant et 16 mm à l’arrière (grâce à l’emploi de bras empruntés à la 308), alors que les amortisseurs sont nouveaux, la direction bénéficiant d’un recalibrage.
Terminons avec les pneus Michelin Pilot Super Sport, dont le grip exceptionnel permettra de tirer le maximum de toutes ces améliorations mais aussi d’encaisser la nouvelle puissance de freinage conférée par les disques agrandis (323 mm contre 302 mm) et désormais pincés par des étriers Brembo à quatre pistons. Curieusement, on n’a pas choisi de dépouiller la voiture pour l’alléger.
Ainsi, elle conserve l’équipement très complet de la GTI, mais s’en distingue par des sièges baquets renforcés, le dessin des jantes ou encore la peinture biton (vernie-mate dite « Coupe Franche ») en option. Cette bombe très affûtée sort à l’automne 2014, et se voit baptisée 30th, ou 30e en français, l’anniversaire de la 205 GTI, lancée en 1984.
Facturée 28 900 € (30 150 € actuels selon l’Insee), soit 3 800 € de plus qu’une 200 ch, la 30th n’est même pas excessivement chère, surtout pour un modèle qui ne doit officiellement être fabriqué qu’à 800 unités. En fait, ça ressemble plutôt à une astuce marketing : créer de la rareté pour rendre une auto plus désirable. Tiens, mais… cela ne vous rappelle pas une certaine Renault Clio Williams ? En tout cas, la presse enthousiaste déclare la 30th référence de sa catégorie et les ventes décollent plutôt bien, de sorte qu’à l’arrêt de sa production en juin 2015, elle a été fabriquée à 1 000 unités, soit 200 de plus que prévu. La fin de sa carrière ? Pas exactement. À ce moment-là, c’est la 208 GTI by Peugeot Sport qui prend le relais. Or, celle-ci ne s’en distingue que par les quelques détails esthétiques dus au léger restylage touchant toute la gamme 208. La « BPS » prend sa retraite en 2018, produite à moins de 3 000 exemplaires.
Combien ça coûte ?
C’est la dernière citadine sportive de Peugeot pour le moment, et elle est rare. Donc, sa cote n’a pas exagérément baissé. Pour une 30th de 120 000 km, elle s’établit à 14 000 €, passant à 17 000 € pour un kilométrage divisé par deux. Et on trouve encore des exemplaires à plus de 20 000 €, affichant 20-30 000 km.
Les By Peugeot Sport sont un poil moins chères à kilométrage équivalent.
Quelle version choisir ?
Quasi identiques, les 30th et BPS offrent les mêmes prestations. Mais les 30th étant plus rares, on peut estimer qu’elles méritent un peu plus d’être préservées. Aussi, pour un usage intensif, optez plutôt pour une BPS dotée d’une peinture normale, plus facile à entretenir.
Les versions collector
Elles sont toutes des collectors en puissance, mais la 30th, trois fois moins répandue que la BPS, présente un meilleur potentiel en collection. A fortiori si elle est en état neuf et affiche un kilométrage très faible, idéalement moins de 10 000 km. La peinture bicolore rouge vernis/noir mat dite « Coupe Franche » est un must, mais attention, son lavage exige quelques précautions.
Que surveiller ?
Le THP a un lourd passé en matière de fiabilité, mais il semble que sur les 208 GTI, ils aient été résolus, même si quelques défaillances mineures de chaîne de distribution subsistent parfois. C’est donc un bloc fiable, qui encaisse sans broncher 270 ch dans la Peugeot 308 GTI. Plus fréquemment, les pompes haute pression rendent l’âme, et l’écran tactile est sujet à pas mal de bugs. À bien tester avant achat.
Au volant
Je n’ai jamais tellement apprécié la ligne de la 208, évoquant une Yaris bouffie selon moi. Néanmoins, en 30th « Coupe Franche », elle dégage un certain caractère. Dans l’habitacle plutôt bien fini, le combiné d’instruments surélevé allié à un petit volant a fait couler beaucoup d’encre et arracher pas mal de touffes de cheveux, mais pour ma part, je le trouve tout à fait lisible. Les baquets aux généreux renforts calent très bien le corps, et la position de conduite est impeccable.
D’emblée, on note la sonorité du moteur, plus rauque et présente que dans la GTI 200 ch. Face à celle-ci, la 30th n’est pas sensiblement plus performante, mais son caractère diffère totalement. Radicalisée, elle profite déjà d’un moteur plus vif passé les 6 000 tr/min. Ensuite, d’une direction plus rapide et d’une suspension affermie. Résultat, elle gagne énormément en grip et en agilité. En sus, grâce au différentiel Torsen, on peut remettre les gaz avant d’avoir redressé le volant en sortie de virage, sans perte de motricité, alors que les freins renforcés offrent une puissance de ralentissement nettement supérieure, et un dosage facilité par une pédale affermie. Enfin, si on débranche l’ESP, la 30th se montre joueuse de la poupe si on la provoque, au contraire de la 200 ch. Là, franchement, on s’amuse, à condition d’être sur circuit. Donc, globalement, outre son efficacité nettement meilleure, la 30th prodigue un flot supérieur de sensations brutes, rendant sa conduite carrément immersive. Une qualité très rare sur une auto aussi récente, renforcée par la boîte manuelle, rapide et plaisante !
Revers de la médaille, la 30th secoue nettement plus sur les aspérités, alors que son niveau sonore plus élevé agacera certaines oreilles sur autoroute. Mais sa consommation reste très raisonnable, 7-8 l/100 km en moyenne, en roulant bon train. Une petite bombe légère et agile comme on n’en fait plus !
L’alternative youngtimer
Peugeot 205 GTI 1,9 l (1986 – 1994)
Si la 205 GTI 1,6 l a déjà bousculé la référence Volkswagen Golf GTI, la 1,9 l accède carrément au statut de mythe de son vivant. C’est une GTI augmentée. Elle est plus agressive avec ses jantes de 15 pouces au dessin spécifique, plus performante avec ses 130 ch, plus efficace avec sa suspension retravaillée et ses freins arrière à disques, tout en se montrant plus élégante avec sa sellerie mi-cuir. Ce n’est pas forcément la plus véloce de la catégorie, mais c’est certainement la reine de l’homogénéité, car malgré sa technologie simple, elle est toujours parmi les meilleures dans tous les compartiments de jeu. Et elle est fiable ! Formidable de précision, performante et prodigue en sensations, elle continue d’envoûter à l’heure actuelle, après des années de purgatoire. Du coup, sa cote s’est littéralement envolée : les beaux exemplaires débutent à 16 000 €. Et on a vu des séries limitées Griffe passer les 40 000 €. Le prix du mythe.
Peugeot 208 GTI 30th (2014) : la fiche technique
- Moteur : 4 cylindres en ligne, 1 598 cm3
- Alimentation : injection directe, turbo
- Suspension : jambes McPherson, triangles, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV) ; essieu de torsion, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 6 manuelle, traction, différentiel à glissement limité
- Puissance : 208 ch à 5 800 tr/min
- Couple : 300 Nm à 1 700 tr/min
- Poids : 1 180 kg
- Vitesse maxi : 230 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 6,5 s (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces de Peugeot 208 GTI, rendez-vous sur le site de La Centrale.
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