Pick-up : enfin la fin des privilèges pour les 4x4 à benne
Plus que quinze petits jours pour s’offrir un pick-up exempté de malus. Une décision qui en termine enfin avec le flou juridique dans lequel les 4x4 à benne ont fait leur lit. Mais une décision plutôt juste, du moins en ce qui concerne les particuliers qui ont acheté, bon an mal an, la moitié des 20 000 exemplaires vendus chaque année en France. Les professionnels quant à eux ne perdent pas grand-chose au change.
« De quoi ? Comment ? À partir du 1er juillet, je vais payer 10 500 euros de plus mon pick-up indispensable pour tracter ma caravane de treize mètres, mon jet-ski pas riquiqui, mon catamaran à jolis haubans et mon van de pur-sang ? Mais c’est un vrai scandale, une restriction de mes libertés. » En effet, ma bonne dame ou mon bon monsieur, dès le 1er juillet, la niche fiscale dans laquelle s’égayaient les 4x4 à benne vont passer à la caisse du malus et de la TVS (taxe sur les véhicules de société), comme toutes les autos, plus ou moins basses, plus ou moins lourdes, plus ou moins puissantes et plus ou moins émettrices de C02. Car jusqu’à cette date fatidique, par l’un de ces trous noirs dont le législateur a parfois le secret, ces gros engins étaient exemptés de tout. Et pas leurs cousins tout aussi 4x4 mais fermés. Du coup, exit les lourds franchisseurs que sont les Toyota Land Cruiser, Mitsubishi Pajero ou Land Rover Defender. Leur structure, leur poids et leurs gros blocs diesels bourrés de couple les ont condamnés. Tous leurs clients se sont rués sur les pick-up et leur niche.
Une incongruité à quatre roues motrices
C’en est donc fini et c’est heureux. C’est que rien, ou pas grand-chose, ne justifiait cette niche fiscale si ce n’est le seul plaisir de pouvoir rouler dans une auto de 5,50 m, de plus de 2 000 kg et capable de tracter 3 tonnes à des allures somme toute modestes et avec une tenue de route qui l’est tout autant. C’est qu’après tout, les gens qui souhaitent s’offrir un jet-ski, un catamaran et des pur-sang, peuvent bien dépenser un tout petit peu plus pour tenter, à leur petit niveau, de préserver ce qu’il reste de la planète, en versant leur malus-obole. Ou encore plus simplement et plus sereinement, se passer de leur encombrant attelage.
Evidemment, les défenseurs du pick-up des familles répliquent par le fameux « y'en a qui bossent » et qui ont vraiment besoin de ce type de machine, sur les chantiers ou en montagne. Certes, et la loi est plutôt bien faite. Car ne sont pénalisés au 1er juillet que les pick-up à quatre portes et cinq places. « Oui, mais le professionnel a parfois besoin de trimbaler son personnel ». Certes aussi. Et les pick-up à quatre places, à portes arrière antagonistes, ne sont pas non plus dans le collimateur de la loi. À condition qu’ils soient utilisés par des professionnels. Ces derniers d’ailleurs paient la TVS sur toutes les autos, qu’elles soient traditionnelles ou utilitaires. Et il n’y a aucune raison que ces gros engins en soient exemptés.
Une manne pour l’État ? Un manque à gagner, plutôt !
Mais l’adorateur à bout d’arguments dispose toujours d’une dernière salve pour la route. Et cette fois-ci, comme souvent, il invoque l’argent, puisque l’automobiliste est, de toute éternité, « une vache à lait ». Et en mettant en place le fameux malus, l’État va selon eux récupérer 200 millions d’euros supplémentaires. Pour leur gouverne, l’État, ce sont eux, comme nous tous. Quant aux 200 millions escomptés, ils ne sauraient être récoltés que si le marché du pick-up se maintient de la même manière que ces dernières années, à savoir à 20 000 exemplaires vendus qui seraient chacun redevable de 10 000 euros de bonus. Or, si les pick-up ont connu ce succès relatif, c’est justement parce qu’il échappait au malus. Nos défenseurs de la camionnette haute sur pattes détaxée devraient plutôt hurler en raison du manque à gagner pour l’État, à savoir la TVA de 20 %, perdue à chaque 4x4 invendu.
Reste évidemment, l’argument ultime, celui du chantage à l’emploi. « Ces autos perdues vont créer du chômage dans les usines françaises ». Sauf que ce raisonnement ne tient pas plus que les autres. Où est fabriqué le leader du genre, le Ford Ranger ? En Afrique du Sud. Le Renault Alaskan national (enfin presque puisque c’est un cousin du Nissan Navara) ? Il est assemblé en Argentine, au Mexique et en Espagne.
Alors, las, nos génies des Alpages en 4x4 finiront peut-être par laisser leur caravane et leur jet-ski dans la vallée en s’adonnant à la randonnée à pied. Émerveillés, ils découvriront des paysages à couper le souffle, sans aucun malus.
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