Plan d'économie Renault : les syndicats votent (tous) contre, mais ça ne servira à rien
Les quatre formations syndicales présentes chez Renault étaient appelées à donner leur avis sur le plan d'économie de 2 milliards d'euros du constructeur. Sans surprise cette fois, elles sont toutes d'accord : c'est un grand NON. Mais leur refus ne pèsera probablement pas dans la balance.
Les choses sont claires. Que ce soit la CGT, la CFE-CGC, FO ou la CFDT, toutes les organisations syndicales se sont prononcées mardi dernier contre le plan d'économies présenté par Renault le 28 mai 2020.
Pour rappel, celui-ci envisage de réaliser 2 milliards d'euros d'économies sur les coûts fixes en trois ans. Et cela passe par une réduction d'effectif drastique. Soit 15 000 emplois supprimés dans le monde, et 4 600 en France. Dans l'hexagone, cela représenterait une saignée de près de 10 % sur les 48 000 salariés du groupe. Et une usine serait fermée, celle de Choisy-le-Roi, dans le Val de Marne.
Un plan qu'il aurait donc été difficile de valider pour les syndicats, d'autant que Renault l'a annoncé sans proposer en parallèle de plan stratégique.
Pour autant, le vote avait lieu dans le cadre d'une "information-consultation". Ce qui signifie, en clair, qu'il n'a aucun caractère bloquant. Un simple avis, dont Renault peut faire fi, tout en continuant le processus.
La forme est critiquée, pas le fond
Renault veut supprimer 4 600 postes en France, et réaliser 2 milliards d'euros d'économies en 3 ans. Les syndicats sont logiquement vent debout
Pourtant, une étude commandée par les syndicats pour analyser le plan d'économies confirme la nécessité de celui-ci. Mais émet des réserves sur la forme et la méthode. La critique constante des représentants syndicaux vient du fait que ce plan a été annoncé indépendamment d'un plan stratégique. Les avoir couplés aurait permis d'apporter de la visibilité au projet d'entreprise.
La CFE-CGC déplore : "un plan permettant des économies de plus de 2 milliards dans le monde mais sans diagnostic partagé en amont et sans avoir de plan stratégique sur lequel appuyer ces mesures".
Force Ouvrière (FO) réagit aussi en affirmant que "ce projet de plan d’économies a été construit sans que les orientations aient été partagées préalablement avec les organisations syndicales représentatives".
De son côté, la CFDT parle de "flou sur le fond du dossier" et de "déséquilibre en défaveur de la France", sans "aucune contribution des autres pays européens du groupe".
Enfin la CGT, plus radicale, considère que ce plan est "une réponse au diktat des marchés financiers", se plaint d'un manque de concertation et dénonce la "fourberie" du dialogue social dans l'entreprise, selon sa déclaration devant le Comité central social et économique (CCSE).
Une amélioration du dialogue social
Si les organisations syndicales critiquent la forme, toutes reconnaissent cependant qu'une restructuration est nécessaire et que Renault souffre de surcapacités. Le groupe est surdimensionné depuis le dernier plan stratégique. Il faut faire quelque chose, tout le monde est d'accord.
Plusieurs d'entre elles reconnaissent même une amélioration du dialogue social, depuis l'arrivée du nouveau directeur général, Luca de Meo. Ce dernier est venu les rencontrer les 7 septembre et 18 septembre et a annoncé sa vision du futur et fait quelques annonces. Selon Guillaume Ribeyre, délégué syndical central de la CFE-CGC "Avoir des éléments en avance de cette façon, nous n'avions pas connu cela depuis longtemps chez Renault".
Le dialogue social a donc repris ses droits, ce qui n'empêche pas, donc, les syndicats de se prononcer en défaveur du plan, sans grand espoir que cela influence en quoi que ce soit la direction du groupe.
Les discussions sur ce plan se poursuivent avec la réunion aujourd'hui jeudi 1er octobre d'un groupe de réflexion paritaire.
Avec AFP et Autoactu
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