Polémique : Citroën accusé de déresponsabiliser les conducteurs avec sa dernière publicité
Florent Ferrière , mis à jour
Citroën fait face à une polémique sur les réseaux sociaux, à cause de sa nouvelle publicité pour la C3. Le spot vante les mérites du freinage d'urgence automatique, de manière maladroite.
Depuis lundi, Citroën diffuse une nouvelle publicité pour la C3. Exit les histoires de gentils petits couples prêts à se marier et à avoir des enfants, place à un spot qui met en avant l'une des aides à la conduite, à savoir le freinage d'urgence automatique.
La publicité explique que si cet équipement est installé sur la C3, c'est "pour Antoine [...] parce que l'on sait qu'Antoine est un peu distrait". Mais alors que l'on voit dans la vidéo un conducteur de C3, pas totalement concentré sur son volant, on découvre qu'Antoine est un jeune piéton, qui évite de peu l'accident grâce justement au freinage d'urgence automatique.
Mais l'idée de la réclame divise. Plusieurs internautes ont fait part de leur mécontentement sur les réseaux sociaux. Parmi les réactions, on peut lire "Le conducteur d'un véhicule de 1 100 kg, complètement irresponsable, arrive sur une priorité piéton sans rien anticiper mais on va blâmer le piéton 'un peu distrait'. Hallucinant."
Certains évoquent les règles fixées par l'ARPP, l'Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité. Et il est vrai que celle-ci indique dans ses recommandations automobiles qu'une publicité pour une voiture ne doit pas laisser penser "que les qualités des véhicules en matière de sécurité active et passive permettent de transgresser les règles élémentaires de prudence qui s’imposent à tout conducteur".
Le fait que le piéton soit sur un passage clouté, donc dans son bon droit même si un peu distrait, participe à la colère des internautes, qui estiment que le seul fautif est le conducteur. Celui-ci doit être prudent à l'approche d'un passage piéton (même si dans la pub la vue est volontairement masquée par un utilitaire).
Évidemment, il ne faut jamais tirer de conclusions hâtives en se basant sur les réactions de Twitter, le réseau social, régulièrement transformé en tribunal populaire, étant loin d'être un reflet précis de la réalité. Mais face aux réactions, Citroën a réagi, indiquant que toutes ses publicités sont validées par l'ARPP, et que cela avait été le cas de celle-ci. La marque écrit "Nos pubs s’inspirent de la vie des gens et des automobilistes, et de la diversité des situations qu’ils peuvent rencontrer pour y apporter des réponses en termes de sécurité". Un internaute annonce avoir déposé plainte auprès du Jury de Déontologie Publicitaire, espérant un retrait de la publicité.
Ce spot soulève à nouveau les questionnements posés par les nouvelles aides à la conduite. Il y a quelques jours, nous évoquions leur rôle non négligeable dans la baisse de la mortalité routière. Mais pour certains, elles peuvent avoir un effet inverse, en déresponsabilisant le conducteur. Ce dernier pourrait devenir moins attentif au volant s'il voit que des Saint-Christophe électroniques, comme le freinage automatique, l'aide active au maintien dans la voie ou la surveillance de l'angle mort, corrigent ses petits écarts.
Quoi qu'il en soit, aucune volonté de notre part de faire un procès d'intention à l'égard du constructeur. Celui-ci nous a contacté pour regretter le fait que la polémique puisse faire oublier ses efforts en matière de sécurité. On peut évidemment se réjouir que certains d'entre eux équipent désormais leurs modèles de base de nouvelles technologies destinées à la fois à améliorer la sécurité des conducteurs et des piétons. Et ce que l'on ne peut finalement pas reprocher à cette publicité, c'est d'attirer l'attention des uns et des autres sur les questions sécurité.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération