Pour Carlo Abarth, c'est du pot d'échappement que le salut est venu
Il voulait battre des records de vitesse, et y a réussi avec sa Monoposto. Mais Carlo Abarth restera dans l'histoire pour avoir démocratisé, parmi quelques autres, la voiture de sport italienne. Et celui qui aura fait fortune grâce à des pots d'échappement au son incomparable.
Carlo Abarth au volant de sa Monoposto, en 1965.
Il n’est pas Italien, mais Autrichien. Sa première passion était liée à la moto, et pas à l’auto. Pourtant Carlo Abarth a laissé une trace indélébile dans le monde de la voiture italienne et dans le monde de l’automobile tout court.
Carlo Abarth ? Karl Abarth plutôt, puisque c’est ainsi qu’il est né, à Vienne en 1908. L’empire austro-hongrois vit ses dernières années et le petit Autrichien a des rêves de mécanique. Sur deux roues d’abord. Il devient pilote à quinze ans mais rapidement, au cours d’une course, il est victime d’un grave accident et se blesse.
En route vers l'Italie
Dès ce jour, il va se méfier de ces engins et n’y reviendra que des années plus tard, en concevant un side-car. Mais en attendant, il passe la frontière et trouve de l’embauche chez le Milanais Castagna, fabricant de carrosses depuis 1849, reconverti dans l’automobile au début du XXe. Mais le second conflit mondial éclate, et le jeune Karl est forcé de regagner son pays.
Mais dès la paix revenue, en 1945, il retourne en Italie, décide de changer de nationalité et de modifier son prénom, trop allemand. Celui qui se fait désormais appeler Carlo s’installe à Merano, près de Bolzano et il a une idée. L’économie italienne est à terre. Les courses automobiles, comme la production de voitures sont ultra-limitées.
Alors, pour ceux qui ne peuvent pas, pour des raisons financières ou des problèmes de disponibilité, s’offrir des autos dynamiques, il va développer des pots d’échappement, dont les sonorités leur donneront l’illusion de la sportivité. Et ça marche. Les pots Abarth se forgent une solide réputation, et surtout vont faire connaître leur créateur et lui ouvrir les portes de la maison Cisitalia. Avec d’éminents ingénieurs, comme Dante Giacosa, il va travailler au programme sportif de la marque, notamment pour la préparation des Mille Miglia.
Mais Cisitalia ne va pas bien fort. Son fondateur, Piero Dusio est du genre dispendieux. C’est lui qui va verser l’énorme rançon qui permettra de libérer Ferdinand Porsche, enfermé en France depuis la guerre pour collusion avec le régime nazi. S’ensuivent d’importants problèmes financiers. Carlo Abarth décide de quitter l’entreprise en 1949 pour fonder sa boite à lui. Abarth est né avec son logo scorpion, selon le signe astrologique du patron.
Ce dernier récupère les dernières Cisitalia, après le départ de son fondateur en Argentine, pour les préparer pour la course, avec quelques jolis succès à la clé et quelques grands pilotes dans le baquet, comme Tazio Nuvolari
Mais il veut développer ses propres autos de course. Pour y parvenir, il lui faut des fonds. il va les trouver en installant Abarth dans la capitale de l’industrie italienne à Turin. Il continue à vendre des pots d’achappement, mais rapidement, il va plus loin, grâce à Fiat, qui va définitivement le faire connaître, non pas sur les circuits, ou il conserve néanmoins une excellente réputation, mais dans la rue.
Une voiture préparée par ses soins va populariser le scorpion : l’Abarth 750, réalisée sur la base de la Fiat 600. C’est un succès énorme. Les jeunes conducteurs en raffolent. Ils pourront même acheter des kits et transformer eux-mêmes leurs 600, et bientôt la 500 en Abarth, à condition d’être de solides mécanos.
Carlo Abarth au régime
Mais Carlo Abarth n’est pas satisfait. Son truc à lui, c'est les circuits, et il souhaite créer lui-même des autos de toutes pièces, et battre des records à leur bord. Il va en empiler près d’une centaine, avec l’aide (financière) de Fiat, toujours. La plus fameuse de ces bêtes à concours date de 1965. Elle s’appelle bêtement « monoposto » (monoplace) 1000. Elle dispose d’un tout petit moteur de 105 ch, mais il grimpe à 8 800 t/mn. Le coup de génie d’Abarth tient dans la légèreté de l’engin qui ne dépasse pas 500 kg. Elle parvient à s’y tenir, notamment grâce à son réservoir de 10 l seulement, tout juste suffisant pour battre les records de vitesse sur 500 m.
Le créateur veut lui-même piloter l’engin. Mais il a 57 ans et ne rentre plus dans sa combinaison de pilote. Alors il se soumet à un régime draconien, à base de pommes, et perd trente kilos. Il peut se glisser dans le cockpit et les mécaniciens lancent le moteur. En deux jours, le patron amaigri va battre deux fois les records des 500 m et du quart de mille en, respectivement, 11,55 et 15,38 secondes.
L’aventure Abarth continuera sous l’aile de Fiat, au point ou le constructeur rachète le préparateur en 1971. Carlo Abarth reste à son poste mais le cœur n’y est plus. Trois ans plus tard, il quitte l’entreprise qu’il a fondée et retourne à Vienne, sa ville natale. Il nous a quittés en 1979, il avait 71 ans. Son nom, quant à lui, perdure, même en version électrique.
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