Pourquoi les bornes électriques deviennent-elles moins fiables ?
La fiabilité des bornes de charge pour voiture électrique est en baisse en France. Doit-on imputer les problèmes rencontrés à ce niveau à une mauvaise gestion de la part de certains opérateurs ou à des facteurs extérieurs ?
76%. Voilà le taux de disponibilité des bornes de recharge en courant continu d’une puissance d’au moins 150 kW en France en janvier 2024 d’après l’Avère. Au début de l’année 2023, ce taux de disponibilité était de 78% pour ces mêmes bornes de recharge rapide, signifiant que la fiabilité de ces installations ne s’est pas améliorée en un an même si leur nombre a augmenté. Le constat est d’ailleurs le même pour les bornes en courant continu de puissance inférieure (77% de disponibilité en janvier 2024 d’après la même étude contre 83% un an plus tôt) et celles en courant alternatif (81% contre 83% en janvier 2023).
Pourquoi, à l’heure du développement des voitures électriques où le bon fonctionnement de ces bornes paraît vital, leur fiabilité diminue ? Dans certains cas, le service après-vente et l’entretien assuré par les opérateurs explique ces mauvais chiffres comme nous avons pu le constater nous-même, notamment dans des stations de montagne équipées par EVZen. Pour Nathan Dubois-Stora, directeur du développement international de Dream Energy qui installe des points de charge rapide fournis en électricité « verte », il peut y avoir des facteurs ne dépendant pas de ces opérateurs : « les acteurs du bon fonctionnement des bornes de recharge sont multiples et leur coordination reste assez complexe dans l’absolu. Il peut arriver que des travaux réalisés par des entreprises tierces dans le voisinage de ces bornes perturbent l’activité de recharge. J’ai l’exemple de travaux menés par une grosse société dans une zone où était implantée l’une de nos stations de charge, où les bornes ont été désactivées temporairement en raison de ces activités », explique-t-il.
« Nous sommes bien lotis chez Dream Energy car nous constatons actuellement un niveau proche des 95% de disponibilité de nos bornes rapides. La bonne gestion de l’opérateur reste déterminante à ce niveau et il faut absolument prévoir des équipes de maintenance efficaces et réactives pour éviter les problèmes. Mais le 100% sera, je pense, difficilement atteignable, ne serait-ce qu’en raison des petits incidents qui arrivent parfois et qui n’ont pas toujours de lien avec la fiabilité des bornes. On a par exemple régulièrement des appels de clients qui ne parviennent pas à débrancher leur voiture. Dans ces cas-là, le problème vient du véhicule en question et des procédures nécessaires pour déverrouiller la prise mais pas de la borne en elle-même. On a aussi des clients qui se plaignent de ne pas réussir à atteindre la puissance de charge souhaitée mais là encore, ce sont souvent les conditions de batteries du véhicule en lui-même qui expliquent les limitations », nous dit-il.
Quid de la rentabilité de ces réseaux de charge rapide ?
Au fait, sont-elles rentables, ces stations de charge rapide qui pullulent désormais partout en France ? Si elles répondent évidemment à d’autres objectifs que la pure rentabilité pour des opérateurs comme ceux de Ionity ou de Tesla, mises en place par des constructeurs désireux avant tout de fournir un bon maillage réseau pour inciter les automobilistes à acheter leurs produits (même si les Superchargeurs semblent rentables pour Tesla), elle reste évidemment nécessaire pour les opérateurs « pure player » comme Fastned ou Electra.
« Les plans prévus par les acteurs de cette filière tablent au moins sur une période de 10 ans d’exploitation, souvent 12 ou 15 ans voir plus pour aboutir à des modèles rentables », explique Nathan Dubois-Stora. Sous réserve, évidemment, que les frais de maintenance se limitent à des niveaux acceptables.
Et le prix de l’électricité, dans tout ça ? « Le dernier rapport de RTE prévoit une augmentation de la consommation d’électricité de 40% en France d’ici 2040 », rappelle Nathan Dubois-Stora. Même si le développement du V2G et l’amélioration du parc nucléaire auront un impact positif, il table sur une hausse mécanique du prix de l’électricité à moyen et long terme. « Notre statut d’énergéticien, qui nous permet de garder le contrôle sur le prix de l’énergie dès le début de la chaîne, sera un atout par rapport à ceux qui dépendront davantage des fluctuations du marché », pense-t-il.
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