Prise en mains vidéo - Vinfast VF 8 : le nouveau constructeur vietnamien qui veut avancer vite et bien
Le premier SUV électrique de la toute première marque vietnamienne est annoncé en Europe avant la fin de l'année. Nous avons eu l'occasion d'en prendre le volant à l'endroit même où il est fabriqué : au Vietnam. Le constructeur annonce un modèle premium. Tient-il les promesses en matière de matériaux et de qualité de fabrication supérieures ? Premières réponses.
L'aventure a commencé en Italie pour s'achever au Vietnam. Car c'est au siège du transalpin Pininfarina que le tout nouveau constructeur vietnamien Vinfast a dévoilé l'an passé son premier SUV électrique, le VF 8. Mais si la ligne de l'engin a été dessinée dans le Piémont, celui qui va débarquer en Europe et dans l'hexagone dans quelques mois, est fabriqué en Asie du Sud Est et plus précisément dans l'usine flambant neuve de Haïphong, au nord du Vietnam.
La capacité de la 2e batterie est de 87,7 kW et non 93 kW comme indiqué dans la vidéo
D'habitude, quand un constructeur organise des essais destinés à la presse, ils se déroulent sur des routes ouvertes, ou au mieux, sur un circuit loué pour l'occasion. Pas chez Vinfast qui s'offre le luxe de cumuler les deux, dans son propre fief, ou plutôt dans l'île qui lui appartient, parsemée de routes totalement privées. Cette île se situe au sud du Vietnam, en mer de Chine, à quelques encablures de la station balnéaire de Nha Trang.
Mais qu'est-ce qu'un constructeur automobile peut bien faire d'une île ? C'est que Vinfast est adossé au tout-puissant Vingroup, premier employeur privé du pays à la tête d'un chiffre d'affaires de 14 milliards annuels. Un groupe aux activités multiples qui vont de la téléphonie au commerce en passant par le médical, l'enseignement et l'immobilier, y compris insulaire.
Une ligne un peu anodine
Juché sur son île, le VF8 nous regarde donc avec sa calandre en V, histoire de ne pas oublier son nom. Dans l'habitacle aussi, le V s'incruste sur le sommet de la planche de bord. Ces deux éléments sont d'ailleurs essentiels, car ils sont peut-être les seuls qui permettent distinguer le SUV vietnamien de ses confrères en circulation. Plutôt grand, du long de ses 4,75 m, celui qui se situe dans la gamme des Audi Q4 E Tron et BMW ix 3 est assez anodin dans ses lignes, du moins ne bouscule-t-il pas les règles établies.
On ne se dévisse pas le cou en l'apercevant dans la rue, mais Pininfarina a réussi au moins à fluidifier les lignes d'un engin qui, de par sa taille aurait pu rapidement virer au mastoc s'il était passé sous le crayon d'un mauvais designer. Cette ligne un peu trop anodine pour un nouveau constructeur qui doit se faire remarquer est-elle la cause de la rupture entre l'Italien et le Vietnamien ? Toujours est-il que le très grand SUV VF9, dont nous reparlerons sous peu, et le plus petit VF7 à venir, ont un design beaucoup plus clivant et spectaculaire et sont signé d'un autre bureau de style italien : Torino Design.
Mais revenons à notre île et à notre VF8 ou règne dans l'habitacle une zenitude très asiatique. Hormis les traditionnels commodos et les commandes incrustés sur le volant, aucun bouton ne vient gêner la vue du conducteur et de ses passagers. Tout est regroupé sur un énorme écran de 15,6 pouces horizontal et en position centrale. On fait immédiatement le parallèle avec Tesla qui procède ainsi depuis l'origine.
On y pense aussi en manœuvrant l'écran en question, qui permet tous les réglages nécessaires, y compris celui qui permet d'ouvrir le toit ouvrant. Car à l'instar du système de l'Américain, celui du vietnamien est parfaitement fluide, ce qui n'est pas toujours le cas de constructeurs européens, même ceux réputés premium.
Premium, le mot est lâché, et Vinfast a toujours affiché ses ambitions dans ce domaine. Ce VF8 peut-il donc ambitionner de chasser sur les terres d'un Mercedes EQC par exemple ? Oui et non. Non en raison des matériaux utilisés, et notamment de quelques plastiques un peu cheap sur la console centrale, mais oui en termes d'assemblage, plutôt de belle facture. Les sièges, revêtus de vrai cuir sur le niveau de finition supérieur sont suffisamment moelleux pour assurer un bon confort, un bon maintien, et une bonne fermeté pour résister au temps.
Un empattement généreux, mais un coffre plutôt petit
Sur la banquette arrière, les passagers seront eux aussi parfaitement à l'aise, non seulement en raison du très long empattement de 2,90 m, mais aussi grâce à un plancher creusé sous leurs pieds pour leur permettre de les glisser sous le siège avant. En revanche, ils devront voyager léger, car le coffre ne dépasse pas 376 litres. C'est peu pour une auto de ce gabarit, et c'est 140 litres de moins qu'un Audi Q4 e Tron plus petit en taille. Ils se consoleront avec un petit coffre sous le capot avant, un frunk dont les dimensions ne sont pas encore connues.
Premium, ce VF8 l'est donc, en partie, dans ses finitions. En revanche, il l'est totalement dans sa partie mécanique et dans ses équipements. Le niveau d'aide à la conduite, avec la régulation active, l'assistance au maintien dans la voie (et à son centrage) est digne des meilleurs. Côtés moteurs ils sont de deux puissances distinctes. Le premier, sur la version Eco, offre 358 ch, et le second (VF8 Plus) culmine à 408 ch.
Ces deux motorisations entraînent les quatre roues en simultané et sont disponibles, au choix, avec deux batteries fabriquées par Vinfast lui-même dans la gigafactory située dans l'enceinte même de l'usine d'assemblage de Haïphong. La plus petite d'entre elles affiche une puissance de 82,2 kWh quand à la seconde, elle offre 87,7 kWh. Elles se rechargent via une charge AC de 11 kW triphasée, ou une charge rapide DC en 31 minutes pour atteindre 70 % pour la batterie la plus puissante.
Évidemment, il reste quelques inconnues, tel que le poids de l'engin, dont on se doute qu'il n'est pas d'une excessive légèreté. Toute aussi inconnue, la véritable autonomie de ce VF 8. Sur le papier, elle serait de 447 km avec le moteur et la batterie la plus puissante, et de 420 km avec le bloc de 358 ch et la "petite" batterie.
Impossible évidemment d'aller jusqu'à la panne sèche sur le court parcours d'essai imposé. Mais les 2 km du circuit improvisé ont permis de vérifier la bonne santé des trains roulants de ce VF8, avec un bon compromis entre confort et tenue de route, même si le réglage des suspensions plutôt souple, est une dédicace à l'Amérique, pays où Vinfast sera présent en même temps qu'en Europe. Les accélérations sont honnêtes sans être foudroyantes, même avec la version de 408 ch, ce qui laisse présager du poids très élevé que l'on soupçonne de dépasser les 2 tonnes. Pour autant, l'engin reste suffisamment dynamique pour espérer atteindre les chronos annoncés : un 0 à 100 km/h en 5,5 s et une vitesse maximale de 200 km/h.
Une garantie de 10 ans
Des motorisations premium et des équipements qui ne le sont pas moins préfigurent des tarifs qui le sont également. Sauf qu'ils ne tombent pas dans l'excès pour ce type de modèle. Le VF8 Eco démarre à 43 050 euros, et la version Plus à 58 700 euros. D'autres formules sont disponibles, qui incluent notamment une location de batterie entre 120 et 150 euros par mois, y compris en LOA. Reste l'inconnu de la fiabilité qui colle à une marque débutante. Pour parer à toute critique dans ce domaine, Vinfast garantit ses autos 10 ans et 200 000 km maximum. De quoi rassurer les clients occidentaux face à cet inconnu qui débarque au prochain semestre ? Réponse en fin d'année.
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