Prise en mains - Hyundai Staria : toute la famille en Business Class
Le monospace est mort. En Europe, du moins. Mais le van s’accroche. Déjà présent sur plusieurs marchés voisins, et annoncé pour bientôt en France, le très original Hyundai Staria en est un nouveau représentant. Convaincant ?
Il fut un temps où le journaliste automobile commençait doucement à saturer de l’omniprésence des monovolumes. Depuis que Renault avait tenté l’expérience rejetée par son principal concurrent, et depuis que cette expérience avait tourné au carton commercial, toutes les marques s’y étaient mises. Quelques années plus tard, le constructeur audacieux remettait ça, dans une catégorie inférieure. Et rebelote, re-carton, re-imitation de la part de tous les acteurs du petit monde automobile. En clair, on en avait un peu marre que, depuis l’Espace et le Scénic, il ne semblait plus y en avoir que pour le monospace. Si on avait su…
Oui, si on avait su que le monospace allait bientôt être enterré par le SUV, et surtout qu’avec ce nouveau concept ce serait encore pire… Car si on trouvait qu’il y avait trop de monovolumes, que dire aujourd’hui ? Le SUV va bien plus loin dans son occupation de l’espace (sic). Il se décline dans plus de tailles, ouvre de nouveaux sous-segments dont on ne pensait pas avoir besoin (d’ailleurs on n’en a pas besoin), et s’invite jusque dans les marques dont on croyait (car ils l’avaient promis) que jamais elles ne céderaient à la mode. Ça, oui, c’est de l’omniprésence. Jusqu’à l’indigestion. Et aujourd’hui, c’est avec lassitude – à quelques exceptions près – que nous voyons jour après jour tomber dans nos messageries électroniques les annonces d’un nouveau SUV, ou d’un crossover, mot qui semble être utilisé pour faire passer la pilule. Année après année, nous attendons le signe qui annoncera le début du déclin du SUV. Non que nous souhaitions sa disparition pure et simple, mais juste qu’il reprenne sa juste part du marché. Comme l’a fait le diesel, après avoir lui aussi dominé le marché européen de façon absolument irrationnelle. Peut-être que nous prenons nos désirs pour des réalités, mais nous avons l’impression de percevoir ce signe tant attendu…
L’annonce d’un retour ?
Ce signe dans les étoiles, c’est le Hyundai Staria. Il y a déjà un ou deux ans, en découvrant les premières images de ce véhicule qui allait venir enrichir la gamme du Coréen, on a donc cru à l’incroyable : un constructeur ose le monospace ! Et comme il était l’œuvre du constructeur dont le Tucson, l’un des premiers SUV abordables, a largement contribué à l’essor de la tendance SUV au début des années 2000, nous avons vraiment eu envie d’y voir le signe d’une nouvelle tendance en devenir : le retour en grâce du monospace. On s’est dit « Mais oui, on prend ! Surtout avec ce look façon conquête spatiale 3.0 ! » Sauf qu’un détail nous échappait. Car sur les photos, sans point de repère précis (par exemple une personne, ou du mobilier urbain), difficile de deviner les dimensions de l’engin…
Grand gaillard
Sachant que le Hyundai Staria est déjà commercialisé sur certains marchés, nous avons utilisé notre carnet d’adresses, pour l’essayer sans attendre là où il est disponible : en Belgique. Rendez-vous est pris, et c’est sans nous informer plus que cela sur le modèle, pour l’aborder avec l’esprit le plus vierge possible, que nous arrivons devant un véhicule d’essai. Ah oui… 5,25 mètres de long, près de 2 de haut, ce n’est pas un monospace, ce truc, c’est carrément un fourgon. En l’occurrence, un van familial, puisque ce n’est évidemment pas la version utilitaire que nous avons réservée pour cet essai.
Bref, l’engin est imposant. Et lorsqu’on est en sa présence, le design a de quoi décontenancer, dans un premier temps. La face avant, on aime ou on n’aime pas, et quand on a choisi un camp, on ne change pas d’avis. Personnellement, nous aimons beaucoup ce côté lissé, ce visage presque « robotique », avec cette ligne lumineuse qui traverse toute la partie frontale, et qui attire tellement le regard qu’on ne remarque pas tout de suite les vrais phares, situés plus bas sur le bouclier. De profil, on est dans l’univers du van assez classique, si ce n’est que les surfaces vitrées sont bien plus hautes que la moyenne. À l’arrière, enfin, retour de l’originalité, avec ces blocs optiques verticaux façon pixels, un gimmick qui nous plaît également beaucoup, inauguré par la Ioniq 5.
Première impression, donc ? Outre la légère déception de tomber sur un si grand gaillard, on aime, tout en sachant que le design ne fera certainement pas l’unanimité. Mais franchement, ça apporte quelque chose de différent dans le paysage automobile actuel, particulièrement dans cette catégorie précise, où le design est rarement (jamais ?) en haut du cahier des charges. D’ailleurs tout au long de notre semaine d’essai, nous remarquerons que le Staria attire énormément les regards intéressés (pas forcément séduits, mais vraiment intéressés) des badauds. Bon, il est temps d’ouvrir les portes et de voir ce que l'intérieur nous offre.
Luxe, à défaut de vraie modularité
Ce qu’offre notre version d’essai Luxury, c’est une interprétation haut de gamme du van, comme on en trouve en Europe uniquement chez Mercedes et Volkswagen. Les très vastes portes latérales coulissantes s’ouvrent sur une configuration arrière typiquement asiatique : deux sièges au centre, et une banquette 3 places à l’arrière. Et ces sièges centraux, pardon ! Ils coulissent manuellement, mais après, c’est en jouant avec les commandes électriques qu’on les placera en position presque totalement horizontale, déploiement du support de jambes compris. Pour les passagers qui ont la chance d’occuper ces deux sièges, c’est la Business Class ! Outre son habillage d’un joli cuir, la banquette de troisième rangée est en revanche très classique. Elle est également coulissante, évidemment, et sa seule particularité est une assise qui se relève à la verticale, soit pour laisser la place aux sièges business de prendre leurs aises, soit pour maximiser le volume du coffre. Maximiser ? Mouais, voyez plus loin…
Bien sûr, il y a des prises 12V et/ou USB ainsi que des porte-canettes en suffisance pour tout le monde, une quantité appréciable d’espaces de rangement, et la partie arrière dispose de sa propre commande de climatisation. Jusque-là, nous n’avons que de rares critiques à formuler. La première vaut pour tous les vans du genre : la porte de coffre est gigantesque, et l’ouvrir en grand demande de ne pas avoir un autre véhicule stationné tout contre le pare-chocs arrière. La lunette descendant particulièrement bas sur le Staria, Hyundai aurait été bien avisée de permettre de l’ouvrir séparément. Critique suivante : cette configuration ne permet pas de retirer les sièges non utilisés. Passe encore pour les sièges business, qui doivent être horriblement lourds de toute façon. Mais dommage pour la banquette de troisième rangée. Impossible de la virer pour embarquer des vélos à l’occasion d’une promenade à la campagne. Ce serait pourtant tout l’intérêt d’un véhicule de ce genre. Et nous en revenons à la maximisation du volume de coffre. L’autre problème de cette troisième rangée est donc qu’on peut soit relever l’assise, soit rabattre le dossier. Mais on ne peut pas la faire basculer vers l’avant en portefeuille. Résultat : on n’a jamais vraiment de coffre à la hauteur de la taille de l’engin. Du moins si on charge par l’arrière. En revanche, si on relève l’assise de la banquette, qu’on la fait coulisser complètement vers l’arrière, tout contre la porte de coffre, on a derrière les sièges business un volume utile considérable. Mais donc, il faut charger en passant entre ces sièges, et cela suppose bien sûr qu’on ne voyage qu’à quatre. Sauf qu’on achète rarement un véhicule de ce gabarit pour déplacer seulement quatre personnes.
Sachez par ailleurs que dans l’autre version disponible, la Wagon, qui dispose de 9 places en configuration 3-3-3, les choses ne sont pas plus modulables.
Posture confortable
À l’avant, l’ambiance est « commandant de bord ». La position de conduite est typique d’un van moderne, comprenez qu’on est assis haut et droit, mais pas aussi vertical que dans le passé. On a donc au volant une posture suffisamment confortable pour envisager les (très) longues routes, d’autant que les sièges sont agréables et qu’ils sont munis d’accoudoirs réglables. Devant soi, on a un tableau de bord numérique 10.25’’ lisible et complet, et à droite, il y a l’écran tactile de la même taille, qui donne accès au système multimédia connecté. Rien de fondamental à reprocher à ce système, que nous avons finalement assez peu utilisé, puisque nous préférons en général passer par Android Auto (Apple Car Play également présent, évidemment) pour accéder aux fonctions de notre smartphone. Bon point pour les multiples commandes indépendantes de l’écran, notamment pour la climatisation. Le truc, c’est que toutes ces commandes sont des surfaces tactiles, non de « vrais » boutons physiques. Nous n’avons jamais été fans de cette solution, mais admettons, la réactivité est plutôt meilleure ici que chez d’autres constructeurs qui ont fait le même choix.
Côté aides à la conduite, la panoplie comprend plus que le minimum syndical : régulateur/limiteur avec contrôle de distance, reconnaissance des panneaux routiers, aide active au maintien de voie, caméra 360°, surveillance d’angle mort par caméra (dont l’image s’affiche au tableau de bord dès qu’on active un clignoteur), etc. Tout est en série sur cette version Luxury, et dès le second niveau de finition de la version Wagon 9 places.
Diesel, et rien d’autre
Alors que de nombreux vans du genre sont désormais livrables avec des solutions hybrides rechargeables ou électriques, le Hyundai Staria ne fait qu’une proposition : un 2,2 litres diesel de 170 chevaux et 430 Nm, associé à une boîte auto 8 rapports. Ce bloc 4 cylindres se fait un peu entendre dans l’effort, et son couple a tendance à dépasser la motricité du train avant quand on veut démarrer fort (à un carrefour très fréquenté par exemple). Mais personne n’imagine bien sûr que le Staria ait la moindre prétention dynamique. Sorti de ces cas de figure précis, c’est un grand véhicule apaisant et très agréable à vivre. La hauteur d’assise offre la position dominante et la visibilité au loin que n’offrent que les très gros SUV. L’excellente visibilité périphérique est aussi le fait des immenses surfaces vitrées que nous avons mentionnées, si bien qu’on a assez vite dans l’œil les dimensions hors normes du Staria. L’amortissement est bien paramétré pour assurer le confort sans les ondulations et le roulis qui seraient vite désagréables dans un engin de ce genre, et une fois à vitesse de croisière, le moteur se fait assez discret pour être aisément couvert par le système audio Bose.
Attractif
Ajoutez une conso moyenne oscillant entre 8 et 9 l/100 km à rythme autoroutier, et vous comprendrez pourquoi votre serviteur se verrait au volant d’un Staria pour sa transhumance estivale en famille. Mais est-ce qu’il l’achèterait, cette version Luxury à 58.200 € TTC (tarif belge) ? Il faut admettre que pour ce prix, avec tout ce que le Staria offre, on est loin d’être volé. Mais le fait est que par sa modularité très relative, le Staria Luxury a plus vocation à être un taxi VIP ou une navette d’hôtel 5 étoiles, qu’un véhicule familial. Qualité de ce défaut : c’est à notre avis justement parce qu’il n’est pas « démontable », et parce que le soin apporté à la qualité de finition est au-dessus de la moyenne, que le Staria est exempt de cette ambiance intérieure parfois trop utilitaire, qu’on peut avoir dans un Renault Trafic ou un Ford Tourneo, pour citer ceux qui sont encore disponibles en diesel. Le Hyundai penche donc ostensiblement plus vers l’ambiance cossue d’un Mercedes Classe V ou d’un VW Multivan. Mais à des tarifs nettement plus attractifs.
Signe ou pas signe ?
Alors, au final, avons-nous raison de percevoir ce signe dont nous parlions au début de l’essai ? Le signe que, peut-être, le monospace pourrait faire son retour ? Outre le Staria, il y a Lexus, qui va commercialiser pour la première fois en Europe le LM. Il y a Volvo, qui met la dernière main à son EM90, directement dérivé du Zeekr 009. Tous ces véhicules témoignent d’un intérêt renouvelé pour ce que n’offrent pas les SUV : un espace à bord réellement généreux. Alors oui, on est toujours dans l’univers du van de luxe, pas du monospace tel qu’on l’a connu, avec ses dimensions extérieures raisonnables, et ses trésors d’inventivité pour retirer des places assises, ou les escamoter dans le plancher, au profit d’un peu d’espace pour un vélo ou pour le déménagement d’un pote. Mais si on considère que la tendance SUV a commencé par le gros et cher, avant de se démocratiser, on a envie d’y croire : les grands vans aux intérieurs léchés pourraient rouvrir le marché à autre chose que des crossovers…
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