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Quand les pouvoirs publics usent et abusent du "start & stop"

Dans Economie / Politique / Politique

Michel Holtz

Mise en place d’un bonus écolo, baisse du même bonus, leasing social instauré avec les flonflons qui s’imposent, avant un arrêt brutal et, peut-être une mise à mort définitive. Les mesures publiques en faveur de l’automobile coupent le moteur industriel, le redémarrent et sont devenues les variables d’ajustement d’un budget vacillant ou des avis des uns contre les autres, à Paris comme à Bruxelles.

Quand les pouvoirs publics usent et abusent du "start & stop"

C’est une petite astuce électronique pratique et ultra-répandue : au feu rouge, ou lors de n’importe quel arrêt de plus de quelques secondes, le moteur d’une auto se coupe et redémarre au premier coup d’accélérateur. Un moyen d’économiser quelques gouttes de carburant et, C.Q.F.D., de réduire les émissions. Ce start & stop largement adopté par les constructeurs semble séduire depuis quelque temps les pouvoirs publics, qu’ils soient français ou européens. Et quand on reçoit un nouveau jouet, on en use et en abuse.

N’est-ce pas précisément ce qui est en train de se passer à Bercy comme à Bruxelles ? Au ministère des finances comme à la Commission européenne, l’industrie automobile est devenue une variable d’ajustement pour tenter de colmater un budget claudiquant en France et rafistoler une entente cordiale qui ne l'est pas tant entre des pays européens d’accords sur pas grand-chose.

Un bonus en berne

À Paris, le passage vers le tout électrique était soutenu depuis plusieurs années par un bonus écolo permettant de faire baisser la note finale de sa voiture électrique de 5 000 euros. Puis, l’an passé, cette ristourne était passée à 4 000 euros. Et l’an prochain ? Avec un déficit qui pourrait dépasser les 6% et 60 milliards à économiser, c’est l’auto qui risque de trinquer. Comment ? Rien de plus simple : il suffit d’activer le start & stop budgétaire en ratiboisant encore un peu plus le bonus qui pourrait tomber à 3 000 euros. 

Quant au leasing social, victime de son succès, il pourrait désormais être victime d’un start & stop (et surtout d’un stop) en 2025, et disparaître purement et simplement. Cette petite touche magique qui permet de couper le moteur économique est également de mise à Bruxelles qui l’active ou désactive selon le temps politique qu’il fait et les desiderata des pays membres. 

Il faut freiner l’inexorable avancée des voitures chinoises en Europe ? Pas de souci, il suffit de les taxer, en maintenant les taxes de 10% à l’importation, et en ajoutant 35% de contribution supplémentaire pour dissuader non seulement les marques de l’empire du milieu de se frotter à notre marché, mais aussi de freiner la volonté de nos constructeurs d’aller assembler leurs autos là-bas. En plus, le parlement est partant et a voté, à la majorité qualifiée, pour la mise en place de ces taxes en novembre.

Emmanuel Macron (ici avec Carlos Tavares au Mondial de l'auto 2022), affirme "aimer la bagnole". Ses gouvernements successifs pas toujours. Photo Caradisiac.
Emmanuel Macron (ici avec Carlos Tavares au Mondial de l'auto 2022), affirme "aimer la bagnole". Ses gouvernements successifs pas toujours. Photo Caradisiac.

Mais c’est sans compter sur l’Allemagne, vent debout contre la mesure et qui, malgré le vote, s’active toujours en coulisse pour faire baisser la taxe, puisque, même à Berlin, on ne rêve plus de l’annuler totalement. Résultat des courses : Valdis Dombrovskis s’est dépêché de calmer le jeu dès le vote achevé, en tentant d'expliquer aux mécontents que « les discussions restent ouvertes ». Notamment avec le ministre chinois du commerce Wang Wentao. Du coup, ce start & stop de l’atermoiement prolonge le suspens et toute l’Europe automobile se demande quelle sera la hauteur des taxes lorsqu’elles devront être appliquées, non pas dans dix ans, mais dans un petit mois. 

Cette valse-hésitation bruxelloise, tout comme la suppression allemande des bonus et le recul français sur la même question pourrait faire sourire d’une politique étatique erratique qui fluctue comme une girouette soumise aux vents budgétaires. Sauf qu’il a des conséquences très directes sur la santé de la filière et, in fine, sur l’emploi.

Pour la stabilité, on repassera

Carlos Tavares, qui n’est pas toujours en porte à faux avec ses homologues, résume bien le sentiment commun des constructeurs européens : lui, comme les autres, réclame de la stabilité à son gouvernement, comme aux instances de Bruxelles. Filer vers le 100 % électrique, pourquoi pas ? À condition de ne pas faire de fausses promesses, de ne pas laisser miroiter des aides publiques que l’on agite puis que l’on retire.

Car les fluctuations politiques ne sont pas compatibles avec un programme industriel qui s’établit sur trois ou quatre ans, quand le temps politique se réduit parfois à une échéance d’une année ou de quelques mois, alors qu'il devrait, logiquement, durer le temps d’un mandat, mais qui se girouettise de plus en plus. Enlever la fonction Start & Stop à la voiture de Bercy, et à l’autocar de Bruxelles, serait aussi une manière de lutter contre une autre pollution : non pas celle qui réchauffe la planète, mais celle qui ferme les usines et refroidit l'emploi.

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