Radars privatisés : de la police route aux chasseurs de primes
C'était dans les tuyaux depuis un certain temps et c'est devenu une annonce officielle. Parce que les forces de l'ordre ont autre chose à faire par ces temps troublés, l'Etat a décidé de les décharger de leur mission de contrôle de la vitesse.
Plus précisément, il appartiendra à des sociétés privées de conduire les voitures-radars banalisées équipées de flashs infrarouges indétectables pour sanctionner les dépassements de la vitesse autorisée. Un effet collatéral des ignominies de Daech, mais pour nous, ça va être directement la dèche.
Le raccourci est osé mais il est à la mesure du cynisme de nos dirigeants. Exploitant une conjoncture dramatique, ils nous font passer la privatisation du contrôle radar dans des véhicules banalisés qui ne sont pas donnés. Et qu'il faut donc rentabiliser. Que le délégué interministériel à la Sécurité routière Emmanuel Barbe arrête de nous prendre pour des béjaunes. Il a beau tenté de jouer les colombes en jurant que « la rétribution de ces prestataires agréés ne dépendra pas du nombre d'amendes » nous sommes bel et bien les pigeons à plumer.
Car il y a des précédents dans d'autres domaines : les privatisations des autoroutes et des fourrières se sont vite caractérisées par un recul de l'esprit de service public pour entrer dans l'ère de la rentabilité à tout va. Dans les deux cas, les tarifs ont connu une vraie inflation avec des pratiques pas vraiment marquées par le discernement. Le prix des amendes étant - pour l'instant ? – immuable et fixé par le code de la route, il faudra donc multiplier les sanctions pour que ces sociétés privées agréées par l'Etat s'engraissent.
Avec une telle mentalité qui sera appliquée sur nos routes en janvier 2017, on pourra légitimement se demander qui seront les bandits de grands chemins. « A tout endroit et à tout moment, les automobilistes doivent savoir qu'ils pourront se faire flasher » tonne Emmanuel Barbe. De la police de la route, on va passer aux chasseurs de prime. Il paraît que c'est un progrès. Nous, on a comme un doute.
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