Recharge en copropriété : "50 à 60% de parkings équipés dans les 5 ans"
La recharge en copropriété est absolument essentielle dans le cadre du développement de la mobilité électrique. La bonne nouvelle est que les syndics et bailleurs sociaux vont enfin pouvoir accéder à des formations spécifiques sur ce thème. Objectif : 50 à 60% de parkings équipés dans les 5 ans.
Le marché des voitures électriques connaît une croissance régulière, et plus d’un million de modèles rechargeables devraient circuler en France d’ici la fin 2022.
Mais la mobilité « zéro émission » a ceci de paradoxal est que c’est dans les zones urbaines, là où elle est la mieux adaptée, qu’elle est aussi la plus difficile à mettre en œuvre.
Dans un monde parfait, on trouverait en effet d’ici quelques années des bornes électriques sur (presque) tous les trottoirs, tandis que le désormais célèbre « droit à la prise » se traduirait par la présence de points de charge dans toutes les copropriétés disposant d’un parking collectif.
Même si l’on dénombre actuellement 55 000 bornes publiques sur le territoire et que ce chiffre progresse régulièrement, on est encore loin du compte.
90% de la recharge à domicile ou au travail
Pour autant, les choses bougent. Cette semaine, l’Avere-France (Association nationale pour le développement de la mobilité électrique), la FNAIM (Fédération Nationale de l’Immobilier), l’UNIS (Union des syndicats des professionnels de l’immobilier) et la FNAR (Fédération Nationale des Associations Régionales HLM) ont signé une convention de partenariat qui va donner lieu à 300 sessions de formation à la mobilité électrique destinées aux syndics de copropriété et bailleurs sociaux.
« 45% des Français vivent en copropriété, donc il est essentiel de pouvoir leur offrir une solution de recharge au quotidien, tout simplement parce que 90% de la recharge se fait à domicile ou au travail », explique Cécile Goubet, Déléguée Générale de l’Avere-France (qui a édité un guide pratique sur la recharge en copropriété). « Il commence à y avoir une dynamique dans la demande de bornes de recharge dans les copropriétés, mais les syndics ne savent pas nécessairement par quel bout prendre le sujet. C’est pourtant très simple, il faut juste suivre la procédure. »
"La demande, on va l’avoir et les syndics doivent acquérir un champ de compétences sur ce thème. Il va leur falloir expliquer et vulgariser, car tout part d’eux."
Jean-Marc Torollion, Président de la FNAIM.
En effet, si les copropriétés récentes ont une obligation de pré-équipement (chemin de câble posé, percements faits et armoires installées, de façon à ce qu’il n’y ait plus que les câbles électriques à faire passer), la tâche est plus ardue dans les ensembles plus anciens qui, quand ils disposent d'un parking, n’ont pas forcément de réserves de puissance suffisantes au niveau de la colonne montante.En clair, on peut imaginer y brancher trois à quatre voitures, mais pas toutes les places du parking.
« La moitié du parc sera électrique à horizon 2035 et par conséquent il faut se saisir du sujet. C’est aussi un moyen de valoriser les parkings », ajoute Cécile Goubet. Sachant que 10 millions de logements en France sont soumis au régime de la copropriété, on comprend l’importance de l’enjeu.
Un enjeu du développement de l'électrique
« Le taux d’équipement en bornes est aujourd’hui de 1 à 2% dans les parkings, et on vise les 50 à 60% dans les 5 ans. La demande, on va l’avoir et les syndics doivent acquérir un champ de compétences sur ce thème. Il va leur falloir expliquer et vulgariser, car tout part d’eux », résume Jean-Marc Torollion, Président de la FNAIM. « La collectivité des copropriétaires devra prendre des décisions. La première concerne la nécessité de créer ou non une colonne électrique spécialement dédiée à la recharge. Ensuite, faudra-t-il laisser aux copropriétaires le choix de leur propre fournisseur ou opter pour une borne partagée ? On peut imaginer, dans une copropriété où il y a des dizaines de garages au sous-sol que chacun puisse choisir son fournisseur. En revanche, dans un ensemble où il y a un petit parking visiteur, on pourrait imaginer qu’il y ait une borne dédiée partagée entre tous les copropriétaires. Ces exemples montrent que tout l’enjeu est de choisir la solution la mieux adaptée au profil de la copro et qui d’un point de vue économique satisfasse tout le monde. C’est un enjeu du développement du véhicule électrique. Pour les logements anciens, qui ne disposent pas de place de parking, c’est la politique publique qui doit prendre le relais. »
Un investissement subventionné à 50%
Reste la question des coûts, évalués entre 8 000 et 9 000 € par place de parking. Un tarif élevé, mais pas insurmontable : « il peut y avoir un financement public, par le biais de la prime Advenir, qui aille jusqu’à 50% des frais d’installation. Par ailleurs, il y a une forme de confort à ne plus avoir à se déplacer pour recharger son véhicule. Une contrepartie réelle qui rend l’investissement acceptable pour les propriétaires. Et dans les annonces de location ou de transaction, la présence de bornes sera un argument », précise Jean-Marc Torollion. « On pourra ajouter « libre accès » ou « accès partagé » selon les cas. Des fournisseurs vont nous proposer des formules. L’enjeu est de savoir ce qu’on individualise et ce qui est financé par le collectif, comme la colonne montante. »
Un mouvement est donc lancé, et c’est pour le moins salutaire. Dans sa lettre d’informations publiée ce jeudi matin, l’Association européenne des constructeurs automobiles (ACEA) rappelle que si le marché des voitures rechargeables a décuplé durant les cinq dernières années, celui des chargeurs publics a été multiplié par 2,5 seulement.
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