Récupération de points : les stages dans le collimateur
12,5 millions de points ont été retirés en 2014, générant un juteux business pour des organismes parfois peu scrupuleux. Les pouvoirs publics ont (enfin) décidé de sévir.
Chaque jour, plus de 34 000 points de permis disparaissent sur les routes de France, dont près de la moitié d’entre eux (46,2% en 2014) pour des infractions à un point. Pour des automobilistes au permis fragilisé, existe la possibilité de suivre un « stage de sensibilisation à la sécurité routière », plus communément appelé « stage de récupération de points ». Le principe : durant deux journées consécutives, les participants aux stages (une quinzaine) reçoivent la bonne parole en matière de conduite, que leur délivrent un formateur spécialisé et un psychologue. Au terme de la session, dont le coût moyen s’établit à environ 230 € par participant, le permis se voit re-crédité de 4 points.
En 2014, pas moins de 326 244 automobilistes ont suivi un de ces stages, générant un business à la fois juteux et durable pour des entreprises qui n’offrent pas tous les garanties de sérieux espérées. Dès 2008, Caradisiac avait mis en lumière les pratiques pas toujours très recommandables de certains organismes plus préoccupés de rentabilité que de pédagogie, et les choses ne se sont guère arrangées depuis. « C’est pour certains un véritable business. On a vu des stages se tenir la nuit, d’autres se terminer par des dégustations de vins régionaux », expliquait à l’époque un représentant de la Prévention Routière (qui organise elle aussi des stages). De fait, entre les stages à prix cassés annulés au dernier moment faute de participants, ceux dont la durée est réduite à une journée, ceux dont les animateurs et ceux qui sont organisés dans des lieux non agréés, l’automobiliste est parfois bien mal traité.
La bonne nouvelle, c’est que les pouvoirs publics semblent enfin décidés à agir. Dans Le Parisien/Aujourd’hui en France, qui consacre ce jeudi un dossier au sujet, le délégué interministériel à la sécurité routière Emmanuel Barbe avertit : « Dans beaucoup de stages, les règles ne sont pas respectées et je souhaite que chaque centre organisateur soit contrôlé au moins une fois chaque année. Nous allons notamment regarder de près les sites Internet qui rameutent les conducteurs en tirant les prix vers le bas et nous n’hésiterons pas à porter plainte si certains font des certificats alors que le stage n’est pas effectué dans de bonnes conditions. » Et le quotidien de préciser qu’en 2014, 89 organisateurs se sont vus retirer leur agrément préfectoral.
Il y a du pain sur la planche, en tout cas : ce matin, un site Internet spécialisé répertoriait 26 354 agréés par les préfectures, partout en France. Un juteux business, écrivions-nous plus haut...
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