Réforme du permis de conduire: le gouvernement lance une mission parlementaire
Les ministères de l’Intérieur et des Finances lancent une mission parlementaire conjointe sur l’éducation routière en France. Enjeux de la réflexion : dresser un bilan des réformes déjà mises en place et ouvrir des pistes de réflexion sur l’avenir.
Si les statistiques de sécurité routière ont connu une amélioration régulière depuis une quinzaine d'années, des difficultés persistent. Il en va notamment des 18-24 ans, catégorie qui représente 21% de la mortalité globale et se voit officiellement considérée comme une tranche d’âge en sur-risque avec 108 tués par million d’habitants, valeur deux fois supérieure à la moyenne nationale (53 tués par million d’habitants).
C’est dans ce contexte que les ministères de l’Intérieur et des Finances annoncent le lancement d’une mission parlementaire conjointe chargée de mesurer l’efficacité des réformes effectuées ces dernières années (réduction des délais de passage, refonte de l’examen théorique, par exemple) et, surtout, réfléchir à des évolutions pour l’avenir.
Deux députés (Françoise Dumas, élue du Gard et Stanislas Guérini, élu de Paris) s’apprêtent donc à entamer une mission de réflexion avec différents acteurs de l’éducation routière. Celle-ci considérera les deux dimensions du permis de conduire, sécuritaire et économique.
Côté sécurité, il va s’agir de faire le point sur le développement des outils numériques de formation, tels ces simulateurs de conduite qui commencent à fleurir dans les auto-écoles. Lesdites auto-écoles subissent par ailleurs la concurrence de plates-formes mettant en relation des élèves et des enseignants indépendants de la conduite, qui font miroiter des coûts d’obtention du permis nettement moins élevés.
Il s’agit donc de ne pas brader la qualité de la formation, tout en veillant à ce que la non-détention du carton rose, que les autorités qualifient de « véritable passeport pour l’emploi », ne conduise pas à un éloignement du marché du travail et « un renforcement des inégalités d’accès à l’emploi ».
Concilier pédagogie et objectifs de coûts est il irréaliste ? Pour Pierre Talon, Président de la Fédération nationale des enseignants de la conduite (FNEC), interrogé par Caradisiac ce mardi matin, les pouvoirs publics sont « à côté de la plaque » : « Je suis sur le terrain depuis 40 ans. Les simulateurs c’est bien beau mais rien ne vaut l’apprentissage en conditions réelles. Le problème, c’est que l’enseignement traditionnel avec un enseignant pour un élève ne permet pas de s’en sortir financièrement. Il y a là un gros problème. On a voulu moderniser l’épreuve théorique en y parlant des équipements high tech, ce qui intéresse davantage les jeunes que la réglementation. Résultat, c’est justement sur ces questions de réglementation que butent les jeunes lors des examens ! Les représentants des auto-écoles qui participent aux réunions dans les ministères n’ont pas donné une leçon depuis 20 ans, ils sont en complet décalage avec la réalité. » Et le formateur de s’avouer inquiet sur la direction que prendra cette mission parlementaire, de laquelle il espère être entendu. Espérons que cette intervention sur Caradisiac l’y aide…
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