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Rejets de CO2 : les "super crédits" pèsent lourd

Les constructeurs en Europe bénéficient du système des "super crédits" sur la vente de voitures électriques. Il faut toutefois noter que ceux-ci faussent assez largement le calcul des émissions réelles des immatriculations d'une marque.

Rejets de CO2 : les "super crédits" pèsent lourd

Vous le savez sans doute, chaque constructeur doit respecter un objectif personnel "CO2". La moyenne de chaque marque est calculée en fonction des ventes qu'elle réalise, avec une pondération par le nombre de ventes de chaque modèle. Ainsi, plus un véhicule gourmand est vendu, plus il va peser lourd dans le calcul de la valeur finale. Et inversement pour les voitures électriques : plus un constructeur en vend, plus il va voir sa moyenne baisser... mais beaucoup plus rapidement que la hausse liée à l'immatriculation des voitures fortement émettrices.

En effet, dans le but d'inciter les géants de l'industrie auto à diriger gentiment ses clients vers l'électrique, l'Europe a trouvé une parade : les "super crédits". En clair, toute voiture immatriculée qui émet moins de 50 g/km de CO2 compte double. 

Alors forcément, on comprend encore mieux la communication à outrance, soudaine, de certains constructeurs pour la voiture électrique. Quitte, parfois, à carrément décourager un client potentiel en concession d'opter pour une voiture essence, voire hybride.

Le problème, c'est que ces super crédits faussent un peu la valeur réelle moyenne de CO2 des immatriculations d'un constructeur. Ce graphique intéressant du cabinet Jato Dynamics montre ce que seraient les rejets de CO2 d'un groupe automobile sans ces super crédits. Forcément, ceux qui vendent beaucoup d'hybrides rechargeables et d'électriques ont un gros écart.

L'autre problème, c'est que ces super crédits, couplés à des politiques publiques incitatives (en somme, le bonus écologique, et l'absence de TVS), fabriquent une croissance quelque peu artificielle du marché des véhicules électriques et hybrides rechargeables. L'année 2020 sera exceptionnelle pour cette catégorie d'autos, mais qu'en aurait-il été sans ces aides ? En Chine, la diminution forte et soudaine du bonus a été corrélée avec une chute des immatriculations d'électriques.

Il faut, certes, des actions des gouvernements pour favoriser la transition, mais le cumul de ces exonérations fiscales et de ces bonus est-il réellement le juste milieu, ou bien en fait-on trop ? La diminution progressive du bonus dans les cinq prochaines années donnera une indication intéressante sur la volonté réelle des automobilistes à passer à l'électrique. Mais pour vouloir, il faudra aussi pouvoir.

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