Réveillon : les voitures brûlent toujours au premier de l'an
Il n’y a pas si longtemps, c’était un marronnier aux airs de brandon de discorde. Une triste tradition inaugurée au début de ce siècle par la ville de Strasbourg : lors du passage d’une année à l’autre, les voitures étaient prises nuitamment de combustion spontanée. Le réveillon est passé et le sujet brûlant n’a pas fait de flamme. Pourtant, le phénomène existe toujours et il s’est même aggravé. Mais en période préélectorale, le rideau de fumée s’impose.
Comptabiliser le nombre de véhicules incendiés était devenu ces dernières années le sport national de nos dirigeants au sortir de la nuit agitée du premier de l’an. Après une année 2016 marquée par des innocents mitraillés dans les rues de la capitale et sauvagement écrasés sur la Promenade des Anglais, on pourrait cyniquement penser que ce qui était insupportable auparavant est devenu un moindre mal.
Car les voitures brûlent toujours au premier de l’an. Mais le nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux nous rassure en exposant un « phénomène contenu par rapport à 2016 ». Un mensonge d’État. Il y a eu en effet cette fois 650 mises à feu directes, au lieu 602 l'an passé. Ce qui nous fait une hausse de 8 %. On ne peut pas vraiment parle de « phénomène contenu », sauf à supposer qu’il en sera désormais de même pour les prochains bilans de la Sécurité routière. D’ailleurs que recouvre cette expression ? Comme celle-ci : « mise à feu direct ». Un enfumage ?
Pour sûr. Lorsque la calamité est apparue, la comptabilité ne souffrait d’aucun discriminant. Pour ne pas perdre la face, on a donc sectorisé le comptage en excluant, pour ainsi dire, les dégâts collatéraux, soit les véhicules stationnés près de la voiture visée par l’incendie volontaire. C’est la « mise à feu directe ».
Si on enlève ce filtre, ça nous donne 945 véhicules calcinés. Soit une augmentation de 17,5 % par rapport à l'année dernière. Il faut remonter à 2014 pour trouver un bilan plus mauvais, avec 1 067 voitures brûlées. Cependant, accordons à nos dirigeants cet accessit : sur les cinq dernières années, le nombre de véhicules brûlés a diminué de 20 %.
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