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Risques routiers au travail : une sensibilisation nécessaire

Dans Flottes auto / Mobilité pro

Louis-cyril Tharaux

Prévenir les risques d’accidents durant le temps de travail comme durant les trajets domicile-travail, c’est tout l’enjeu des initiatives publiques et privées, souvent conjointes, destinées à informer les entreprises, autant les employés que les employeurs, vis-à-vis des dangers de la route.

Risques routiers au travail : une sensibilisation nécessaire

En France, on recense une personne tuée tous les 3 jours lors d’un trajet professionnel, selon l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR). « Les accidents de la route constituent la principale cause d’accidents mortels au travail », insiste de son côté la Prévention Routière. Une réalité qui resterait cependant encore méconnue ou sous-estimée par la plupart des chefs d’entreprise.

« Seulement 18 % des dirigeants de TPE-PME ont conscience que le risque routier est la première cause de mortalité au travail », décrypte ainsi une étude (datée de mai 2019) sur le risque routier en entreprise. Cette enquête, menée par le groupe d’assurance MMA et l’Institut de sondage IFOP, révèle toutefois que 44 % des sondés sont intéressés « par la mise à disposition d’outils pédagogiques en ligne pour les informer sur la façon d’agir sur le risque routier professionnel dans leur entreprise. » Elle souligne parallèlement que « 69 % jugent utiles les Journées de la sécurité routière au travail. »

Une semaine par an pour informer

Voici l'affiche officielle qui avait été choisie pour annoncer l'édition 2019 des Journées de la Sécurité Routière au Travail.
Voici l'affiche officielle qui avait été choisie pour annoncer l'édition 2019 des Journées de la Sécurité Routière au Travail.

Les Journées de la sécurité routière au travail sont nées au printemps 2017, dans la foulée d’un appel national lancé un an plus tôt par la Délégation à la Sécurité Routière (la DSR, organisme rattaché au Ministère de l’Intérieur), en partenariat avec une vingtaine d’entreprises publiques et privées. L’idée de ces journées est de sensibiliser de façon officielle et régulière les employeurs et leurs collaborateurs aux dangers de la route, en instaurant dans l’agenda annuel des entreprises volontaires une semaine d’actions dédiées aux risques routiers. Une sensibilisation qui peut prendre la forme de quiz. Qui peut aussi se traduire par le visionnage de courts-métrages chocs, par des ateliers consacrés au champ de vision ou aux distances d’arrêt, entre autres. Le but de ces outils, selon la DSR, est de « faire participer les salariés de façon ludique et interactive », afin que la démarche soit perçue le moins possible comme une contrainte et une perte de temps.

7 engagements sur le long terme

Ces Journées semblent recueillir une certaine adhésion. Elles mobilisent aujourd’hui 1 350 employeurs et 3 millions de collaborateurs (d’après la DSR) issus de toutes tailles de structures (des grands comptes aux TPE) et de tous secteurs d’activité. Il faut préciser que certaines de ces entreprises étaient impliquées bien avant, parfois de longue date dans la prévention routière, souvent à l’échelle de leurs départements, au sein de clubs sécurité routière intra ou inter-entreprises. Toujours est-il que deux ans après la mise en place des Journées de la sécurité routière au travail, « des résultats commencent à se faire sentir, ce qui encourage la démarche », affirme la DSR. « La baisse notable (9,4 %) des infractions routières commises au volant de véhicules professionnels en atteste », argumente la Délégation.

Chaque entreprise qui adhère à cet événement s’engage dans le même temps à respecter et à faire respecter sur le long terme une « charte » des bonnes pratiques. Parmi les 7 engagements co-édictés par les initiateurs de ce document, figurent notamment le refus du dépassement des vitesses autorisées, l’interdiction de l’alcool au volant, l’incitation à mieux équiper les conducteurs de deux-roues, l’intégration de moments de repos dans le calcul du temps de trajet, mais aussi la nécessité de limiter aux cas d’urgence les conversations téléphoniques. Cette préconisation constitue d’ailleurs le premier engagement listé.

La Sécurité Routière a mis en avant 7 engagements pour une route plus sûre.
La Sécurité Routière a mis en avant 7 engagements pour une route plus sûre.

Portable au volant : nouvelle priorité

L’usage du téléphone portable au volant, ces dernières années, a rejoint en effet l’alcool et la vitesse au rang des causes principales d’accidents. Il multiplierait en moyenne le risque d’accident par 3, selon la DSR. « C’est une catastrophe nationale. 70 % des Français reconnaissent téléphoner, jouer ou envoyer des SMS avec leur smartphone au volant », déplorait récemment Eric Lemaire, le Président d’Axa Prévention, qui rappelait, données publiques à l’appui, que les SMS multiplient radicalement le risque d’accident, par 23. Axa Prévention, comme de nombreux autres groupes d’assurances, se donne les moyens d’agir tout au long de l’année, à travers des actions de sensibilisation destinées à réduire le nombre et la gravité des accidents.

Les SMS multiplient par 23 le risque d’accidents.
Les SMS multiplient par 23 le risque d’accidents.

Un militantisme semblable anime la Prévention Routière, association qui s’investit depuis 1953 en faveur de comportements routiers responsables. Même volonté de la part des organismes spécialisés dans l’apprentissage de la conduite. À l’image de Actua Formation, de Centaure ou de l’Ecole de Conduite Française (ECF), 1er réseau d’auto-écoles dans l’hexagone, l’une des références, depuis 50 ans, dans l’éducation à la sécurité routière. Par l’intermédiaire de sa filiale ECF Prévention, elle intervient auprès des professionnels, soit à la demande directe des entreprises (directions ou CSE, Comités sociaux et économiques), soit sur prescription des compagnies d’assurances.

Audits et prise de conscience

Patrick Clemens, d’ECF.
Patrick Clemens, d’ECF.

Dans l’imaginaire collectif, la pédagogie d’un organisme de conduite se résume strictement à de la formation au volant sur piste. C’est en réalité bien plus complexe. Chez Centaure ou ECF Prévention par exemple, la plupart des prestations débutent d’ailleurs souvent par une phase d’audit. « Nous analysons dans un premier temps la sinistralité de manière poussée : à partir des statistiques, à partir de l’observation sur le terrain des métiers, en nous basant également sur la culture de chaque entreprise vis-à-vis du risque routier », confie Patrick Clemens, Chargé du développement du département Prévention du risque routier au sein d’ECF. S’ensuit la mise en place de plans d’actions adaptés aux conducteurs. Au-delà de la maîtrise de la conduite, l’ambition de ces sociétés tierces est avant tout de provoquer une prise de conscience chez les stagiaires accompagnés.

Outils de réalité virtuelle

Pour aboutir à cette prise de conscience, ECF Prévention s’appuie pour sa part sur une centaine de sites labellisés « Risque routier ». La marque d’ECF dispose aussi d’une douzaine de simulateurs de conduite, qu’elle se propose d’installer chez ses clients dans le cadre des Journées de la sécurité routière au travail ou encore à l’occasion de séminaires. Le simulateur est transportable facilement. Il peut former de nombreux collaborateurs sur une même journée et permet, selon Patrick Clemens, « d’amener facilement à une prise de conscience. Son intérêt réside notamment dans la possibilité de faire réagir le groupe par rapport à un scénario donné, d’interroger le groupe sur l’attitude qu’il aurait eue, de rejouer ensuite la scène en amenant des débuts de solutions sur le comportement à adopter. » Parmi les autres technologies qui permettent aujourd’hui de diversifier les actions de prévention figurent les lunettes 3D et les casques de réalité virtuelle à vision 360°, qui donnent à voir et à vivre de façon réaliste des situations de conduite à risque.

Les simulateurs de conduite constituent l'une des technologies de plus en plus utilisées dans le cadre de la prévention.
Les simulateurs de conduite constituent l'une des technologies de plus en plus utilisées dans le cadre de la prévention.

À l’heure où, depuis plusieurs mois, la mortalité sur les routes françaises enregistre une hausse, tout laisse à penser que les initiatives, prescriptions et outils de formation disponibles en matière de prévention des risques routiers devraient encore s’intensifier dans les années à venir.

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