Route de nuit - Francis Picabia: Dada et l’automobile
La Route de Nuit passe par le monde merveilleux du dadaïsme à travers la personnalité provocatrice et scandaleuse de Francis Picabia.
La sortie du livre de Bernard Marcadié consacré à Francis Picabia (Francis Picabia, rastaquouère, chez Flammarion) nous donne l’opportunité d’évoquer ce personnage scandaleux. Figure incontournable de la mouvance dadaïste, Francis Picabia était un dingue d’automobile. Ce qui n’était pas la moindre des manifestations de rebellion, déjà dans les années 1920.
Parmi les gentlemen drivers des années folles, il y a beaucoup d’artistes et d’intellectuels. Francis Picabia aime à croiser à bord de sportives torpédos ; on le voit à New York au volant d’une Mercer sur la Cinquième Avenue, à la portière d’une Delage, sur la Riviera française…
Son ami Man Ray immortalise sa Delage déformée par la vitesse sur les routes de l’arrière-pays cannois en 1924.
Le rapprochement entre l’art et l’industrie préoccupe tout une génération de théoriciens pendant le premier quart du XXème siècle. Pour le mouvement Dada, le progrès technologique est un agent de dérision et de destruction, un support de fantasmes. La machine symbolise toutes les activités humaines, y compris la sexualité.
Lorsqu’il fait le portrait de Marie Laurencin, Francis Picabia peint un ventilateur tandis que Gabrielle Buffet prend les traits d’un pare-brise. Le portrait d’une jeune fille américaine en état de nudité (1915) est une bougie d’allumage.
En 1919, l’enfant carburateur est constitué de poulies, de ressorts et de pas de vis. Picabia se souvient des visions furtives d’un angle de route éclairé, une fraction de seconde, par le pinceau lumineux des phares.
Picabia est peut-être l’auteur de la toute première « Art Car » de l’histoire. Pour les 500 Miles d’Indianapolis, il peint un tigre sur les flancs du capot de la Bugatti de Pierre de Vizcaya.
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