Sale temps pour la voiture électrique
Quand le patron de Tesla se met au service d’un président des États-Unis d’Amérique climatosceptique et hostile à la voiture électrique, faut-il encore croire à l’avenir de la watture ?
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Et sale temps pour l’écologie. Depuis l’élection de Donald Trump, pas un jour ne se passe sans une information ou une déclaration qui remette en cause les maigres progrès des années passées.
Et pas seulement de l’autre côté de l’Atlantique ; chez nous aussi, la cause environnementale est en recul. Entre notre nouvelle loi d’orientation agricole qui repousse ou supprime bon nombre de contraintes sanitaires et paysagères, et la tentation allemande de revenir au gaz russe dès que possible, il semble qu’en Europe, les soucis du présent ont rattrapé les urgences de l’avenir.
La voiture électrique dans tout ça ? Aux États-Unis, le nouveau président s’affirme radicalement climatosceptique et ses déclarations ne présagent rien de bon pour elle : plus aucune subvention à l’achat ni de quota d’immatriculation de VE, plus d’investissement public dans l’infrastructure de recharge et des normes d’émission CO2 remises en question.
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Comment Tesla peut survivre à Elon Musk ?
On en vient même à douter de l’avenir de Tesla, seul véritable succès occidental sur le créneau. Le salut nazi de son patron, ses déclarations outrancières et son inféodation au nouveau shérif de la Maison blanche ont fait s’effondrer ses ventes, notamment en Europe mais aussi en Amérique du Nord car on ne vend pas des voitures électriques futuristes à de vieux croûtons réactionnaires.
Depuis son plus haut de décembre, l’action a chuté de plus de 30 % et elle pourrait s’écrouler si les Tesla fabriquées à Shanghai, dans la plus grande de toutes les usines du constructeur, étaient soumises aux nouveaux droits de douane. Et si elles ne l’étaient pas, on voit mal comment Musk pourrait continuer à opérer sans entrave ses énormes usines chinoises.
Au fond se pose la question de savoir comment Tesla peut survivre à Elon Musk ? Et aussi sans Elon Musk ? Car à ce niveau d’engagement militant, se retirer de la direction de l’entreprise ne suffirait pas, il faudrait qu’il la vende. Mais qui pour l’acheter ? Et à quel prix ? Malgré sa récente baisse, la capitalisation boursière de Tesla reste inabordable, même pour les plus gros constructeurs.
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Si l’Europe a le courage de…
Les boires et déboires du leader américain du VE sont-ils un mauvais présage pour l’électrification de l’automobile ? Ou au contraire une opportunité pour ceux de nos constructeurs qui s’y sont le plus engagés ?
Stellantis, qui vient d’annoncer la prolongation de la fabrication de ses diesels Peugeot semble accréditer la première hypothèse.
Je penche plutôt pour la seconde.
Si l’Europe a le courage de persister à taxer les importations chinoises de VE, et si Musk continue de casser son jouet, un véritable boulevard s’ouvre aux wattures de Renault, Volkswagen, BMW, Porsche et consorts.
De fait, que reste-t-il à acheter quand une Tesla fait honte et qu’une BYD devient trop chère ?
Certes, pour produire nos VE, nous dépendons encore fortement des batteries et dans une moindre mesure des composants – moteur, électronique, chargeur – venus de Chine. Mais cette dépendance est double : l’empire du milieu s’est si fortement et rapidement engagé dans la voiture électrique qu’il se retrouve dans la nécessité d’exporter les excédents de production que son économie de moins en moins croissante n’absorbe plus. À défaut de pouvoir nous livrer des autos, Pékin a un besoin vital de nous en vendre au moins les composants essentiels…
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Addiction et dépendances
Ensuite, s’il faut bien constater que partout la préoccupation environnementale passe désormais au second plan derrière les angoisses géostratégiques et les incertitudes économiques, je ne pense pas que le grand mouvement d’électrification – et pas seulement des voitures - soit pour autant remis en question.
Précisément à cause de la géostratégie et de l’économie.
L'Allemagne paye très cher son renoncement au nucléaire et son addiction au gaz russe bon marché et je ne crois pas qu’il soit souhaitable ni durable que l’Europe continue de dépendre, pour ses locomotions et ses industries, du pétrole qu’il soit moyen-oriental, américain ou russe. Au fait, saviez-vous qu’il y a encore du pétrole russe dans votre réservoir, transporté en Inde - où il a été raffiné - dans des tankers hors d’âge sous pavillon fantôme ?
Plus généralement, quand le dirigeant de la plus grande puissance économique et militaire mondiale se comporte au mieux en agitateur, au pire en pyromane, il vaut mieux pouvoir se passer d’un produit venant des zones les plus instables de la planète et vendu à un tarif variant au gré des crises et des guerres.
Bref, pour résister à la tempête Trump, je ne suis pas sûr qu’il faille changer de cap ni affaler les voiles.
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