Salon de Genève 2016 - Le bilan de la rédaction
Les conférences de presse se sont enchaînées, les nouveautés étaient pléthore, les surprises et les déceptions furent aussi de la partie, mais aujourd'hui, c'est terminé. Hier soir, le Palexpo a fermé ses portes sur la 86e édition du salon de Genève, pour laquelle la rédaction s'était déplacée en masse afin de vous dévoiler tout, absolument tout, ce qui méritait de l'être - avec bien souvent des vidéos tournées en Live, un privilège réservé aux internautes de Caradisiac. Ce lundi matin, de retour au siège parisien de la rédaction, chacun tire son bilan et dévoile ce qui l'a marqué et ce qui lui reste de ce 86e Salon de Genève. En attendant le prochain rendez-vous, le Mondial de Paris en octobre prochain...
Alexandre Bataille - La crise
Même dans l’automobile, les temps sont durs. Entre les tourmentes médiatiques façon « dieselgate », les restructurations et les ventes qui s’écroulent sur certains marchés, les constructeurs réduisent les budgets dans quasiment tous les domaines, dont celui de la communication et des salons. Genève qui reste le plus convivial, le plus apprécié et généralement le plus riche en nouveautés a encore de beaux jours mais déjà cette année Mini était absent. C’est finalement Paris qui subira de plein fouet cet effet « crise » puisque Ford, Volvo et Mazda ne seront pas présents. Un salon de l’auto sans autos, à la longue ça fait désordre.
Manuel Cailliot - Le SUV roi
Ce qui m'a le plus frappé cette année à Genève c'est l'omniprésence des SUV. Des petits, des moyens, des gros, des concepts, des vrais qui seront vendus, on en a vu à toutes les sauces. C'est en presque étonnant, quand on se rappelle que ces engins hauts sur pattes, à l'aérodynamique de camion, étaient presque condamnés il y a quelques années. On leur crevait même les pneus avoit écrit "pollueur" sur leur carrosserie. A quoi doit-on ce retour en grâce ? Difficile à dire. D'un côté les constructeurs ont fait des efforts pour réduire leur consommation. D'un autre une certaine clientèle apprécie énormément d'être un peu en hauteur sur la route. Enfin, on peut parler d'effet de mode, aussi, certainement.
Toujours est-il que tous les constructeurs ont aujourd'hui dans leur gamme un SUV, que ceux qui n'en avaient pas s'y sont mis (Seat avec l'Ateca), que ceux qui avaient abandonné certains segments y reviennent (Toyota avec le C-HR). On invente (ou plutôt réinvente) de nouveau segments (SUV compact cabriolet chez Land Rover, concept de SUV urbain découvrable chez VW avec le T-Cross Breeze). Mais aussi SUV compact hybride chez Kia avec le Niro. La liste n'en finit pas...
En un mot comme en cent, l'avenir sera au SUV, ou ne sera pas.
François Chapus - Peut mieux faire
Ce Salon de Genève 2016 a été assurément une réussite, riche en nouveaux modèles de série comme en concept-car dignes d’intérêt, sans que l’un ou l’autre se distingue franchement par un design sublime ou des technologiesvraiment innovantes. Mon seul regret tient à ce que les deux journées presse de ce salon sont maintenant polluées comme le Mondial de Paris par des badauds qui n’ont rien à faire là, empêchent cameramans, photographes, et journalistes de faire correctement leur travail.
Ma plus grande interrogation sur les bords du Léman cette année concerne un des régionaux de l’étape, Quant. Cette marque suisse présente sur le salon genevois depuis 2009 -hébergée à l’époque sur le stand Koenigsegg - n’a toujours pas vendu une voiture sept ans après. Et pourtant, elle inaugure cette année un somptueux écrin de verre pour exposer ses deux modèles électriques. Le plus étonnant, c’est qu’on ne sait toujours pas si « le constructeur » désire réellement vendre sa grande Quant F ou son petit coupé Quantino, ou bien s’il est juste là pour servir de faire valoir aux technologies de la maison mère, NanoFlowcell. Encore faudrait-il pour être crédible que les communicants sur le stand aient autre chose à dire que leurs batteries à flux vont bouleverser l’industrie automobile : à côté Elon Musk à l’air modeste… En fait, impossible d’avoir des informations supplémentaires par rapport à celles fournies sur leur site internet ! Ainsi, ce n’est pas encore aujourd'hui qu’on pourra vérifier les confortables autonomies annoncées et encore moins connaître les densités d'énergie réelles atteintes par NanoFlowcell , qui selon nous ne devraient pas dépasser 70 Wh/L, soit pas mieux que les laboratoirs californiens ou allemands en pointe sur le stockage d’énergie…
Pierre Desjardins - de la voiture populaire jusqu'à l'inaccessible
En tant que journaliste, le Salon de Genève est de loin le plus agréable à couvrir par sa compacité qui préserve nos petits petons et sa richesse en nouveautés qui régalent les lecteurs, et l'édition 2016 n'a pas déçu, malgré l'absence de certains constructeurs qui avaient pourtant des voitures à montrer, comme Mini et sa Mini Cabriolet, et la présence d'autres pourtant sans nouveauté, comme DS. Mercedes Classe E, Renault Scénic ou encore Audi Q2, voilà de l'automobile que vous verrez bientôt à tous les coins de rue d'ici quelques mois. Mais le rendez-vous helvète, ce n'est pas que ça. C'est aussi pour moi retomber en enfance, face à, d'un côté, les plus belles supercars de la planète, de la marque la plus célèbre jusqu'au plus obscur des artisans et, de l'autre, les préparateurs les plus délirants présentant leurs dernières créations avec plus ou moins de bon goût. Bugatti, Pagani et encore Koenigsegg. Brabus, AC Schnitzer et Ruf. Et ça, ça n'a pas de prix.
Audric Doche - La surenchère devient lassante
Le salon de Genève est souvent l'occasion de croiser quelques autos que nous reverrons probablement jamais sur la route. Cette année, ce fut particulièrement le cas : Koenigsegg Regera, Pagani Huayra BC, Bugatti Chiron, Lamborghini Centenario... Le problème, à force, c'est que l'on se lasse de toute cette avalanche de puissance, de pelles à tartes (cf Lamborghini) et de tarifs complètement hors du temps. Tiens, d'ailleurs, cela m'amène souvent à imaginer les brainstorming des départements ventes et marketing des constructeurs qui nous pondent de tels prix : "bon les gars, on fait quoi pour cette Chiron ? Et si on doublait le prix par rapport à la Veyron. Après tout, on a bien réussi à toutes les vendre, alors pourquoi pas aller plus loin !".
En tout cas, même si je ne suis pas pour ma part insensible à certaines productions qui sont hors de portée de mes finances, comme la nouvelle Aston Martin, je regrette que les autos moins folles ne soient pas plus mises en avant. Car finalement, mixer praticité, esthétique, technologie, qualité et tarif raisonnable à l'échelle industrielle, c'est bien plus difficile à réaliser que de vendre 2,4 millions une auto qui ne propose aucune véritable évolution et qui aura une décote aussi monstrueuse que son usure de pneumatiques.
Pierre-Olivier Marie - L’usine à rêves tourne à plein
A Genève, chaque constructeur a exploré ses terrains habituels avec une belle inspiration. Renault Scénic ? Enfin stylé. Audi Q2 ? Parfaitement dans l’air du temps (et plus jolie que la Q3). Alfa Giulia ? Le réveil du trèfle. Volvo V90 ? Une pierre dans le jardin des Allemandes. Abarth 124 Spider ? Un délicieux parfum de Dolce vita. BMW M2 ? Digne héritière de la M3 E30. Fiat Tipo ? Succès commercial quasi-assuré. Bugatti Chiron ? Aussi outrageuse (1500 ch) qu’aguicheuse, de la bande dessinée sur roues !
Une énumération loin d’être exhaustive, bien sûr (d’autant que je n’évoque pas les concept-cars, souvent fort réussis), mais qui suffit à résumer l’émotion qui pouvait naître à la visite de chaque stand ou presque, sur lequel même le plus blasé des observateurs pouvait arriver en se disant: « qu’ont-ils ont bien pu nous inventer cette année ? »
Certes, le fait que le salon de Genève adopte traditionnellement une orientation plus haut de gamme que ses homologues de Paris et Francfort contribue forcément à ce bilan enthousiaste. Mais après tout, un salon où ne seraient exposées que des voitures raisonnables (oui, celles que l’on achète) n’attirerait finalement guère les foules…
Pour ma part, je regretterai simplement que les motorisations hybrides soient encore si peu nombreuses dans les gammes des constructeurs généralistes. Mais ne boudons pas notre plaisir : on l’a vu à Genève, l’usine à rêves tourne encore parfaitement en cette année 2016.
Olivier Pagès - "the place to be"
Les salons automobiles sont comme des vins. Il y a des grands crus et de la piquette. Cette édition 2016 se classe sans aucun doute possible dans la première catégorie. Alors bien évidemment, on a retrouvé les fondamentaux du salon de Genève avec une débauche de modèles puissants et luxueux. Dans ce domaine, impossible de ne pas distinguer la Bugatti Chiron. Après la Veyron, la marque française– il ne faut pas l’oublier – a dévoilé le modèle le plus puissant du monde avec la bagatelle de 1 500 ch, une vitesse maximale de 420 km/h et un prix de 2 400 000 euros, ce qui fait d’elle la voiture la plus rapide du monde mais également l’une des plus chères. Pas de doute, elle avait sa place à Genève et a fait de l’ombre à toutes les autres supercars ou berlines luxueuses du salon: Ferrari, Lamborghini, Porsche, Mac Laren, Bentley ou Rolls Royce peuvent aller se rhabiller ?
Mais le côté positif du Salon de Genève 2016 tient dans le fait qu’il y en avait vraiment pour tous les goûts et surtout pour toutes les bourses. Ainsi, la grande vedette a été la dernière génération de Scénic mais on a pu voir également le Toyota CH-R, le Seat Ateca, l’Audi Q2 ou la Fiat Tipo, qui fait leurs premières sorties officielles.
Alors oui, on peut dire que le salon de Genève se positionne clairement comme LE principal salon automobile en Europe. Apprécié de la presse pour sa compacité et sa richesse, il prend le pas progressivement sur les autres rendez-vous. Mais attention, une menace plane sur lui : les politiques de certains constructeurs de ne plus participer aux différents salons. Mini en a été la première illustration mais la tendance est une véritable lame de fond puisque Volvo, Ford feront l’impasse sur le Mondial tandis que Mazda et Honda réfléchissent encore à leur participation…. Peut-être le début de la fin.
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