Sécurité routière : alerte au virus smombie !
C’est un constat qui interpelle. En France, 11 216 accidents corporels ont impliqué un piéton en 2014, soit 19 % de l’ensemble des accidents. Est-ce à dire que les automobilistes les considèrent comme quantité négligeable ? Pas sûr. L’indicateur révèle aussi une évolution sociale que l’on n’attendait pas dans la statistique éclairant sur l’accidentologie : abuser du téléphone portable peut gravement nuire à la santé.
On ne parle pas ici des ondes qui toucheraient le cérébral. Mais la fascination qui pousse à l’hypnose de l’appareil déconnecte à ce point de la réalité de l’instant qu’elle peut-être létale. Une réalité qui a maintenant un nom : "smombies". Il s’agit de la contraction des mots "smartphone" et "zombie". Ce dernier terme pour définir celles et ceux qui se coupent de l'environnement, notamment urbain, se mettant du coup régulièrement en danger.
Deux études de la société de contrôle technique Dekra et de l’assureur GMF viennent coup sur coup de montrer qu’utiliser un smartphone dans la rue peut s’avérer dangereux. Chez l’enseigne du contrôle technique, on a observé le comportement des piétons dans six capitales européennes (Amsterdam, Berlin, Bruxelles, Paris, Rome et Stockholm), 17 % d’entre eux ont un comportement à risque. 8 % ont été vus en train d’envoyer un SMS ou de naviguer sur une appli alors qu’ils traversaient la route, 2,6 % passaient des coups de fils, 1,4 % a même été observé en faisant les deux. Enfin, 5 % écoutaient de la musique. Autant d’activités qui les coupent de leur environnement. Clemens Klinke, directeur au sein de Dekra, a même sorti un cas concret lors de la présentation de l’étude : "une jeune fille a même été vue s’arrêtant au milieu d’une voie de circulation à Stockholm pour sortir son smartphone et écrire un SMS. Il a fallu qu’un bus klaxonne pour qu’elle réalise où elle était".
L » assureur, lui, n’est pas en reste. Son enquête révèle que 92 % des jeunes de 18 à 24 ans lisent ou envoient des SMS en marchant dans la rue, 79 % écoutent de la musique, 65 % utilisent des applications, 65 % prennent des photos et 50 % consultent des sites d’information. Les sondés ont également admis avoir déjà heurté un piéton et frôlé l’accident alors qu’ils utilisaient leur smartphone en pleine rue : 21 % avec un cycliste ou une personne en rollers et, plus grave, 14 % avec un véhicule. Pourtant, seuls 65 % de ces jeunes estiment que l’usage du smartphone en marchant est dangereux (contre 75 % chez les 25-49 ans et 82 % chez les plus de 50 ans).
Les autorités, elles, tentent de réagir. En Chine, une municipalité a créé un trottoir spécial « smombies », en Allemagne, une autre a implanté des feux de signalisation dans le sol tandis qu’aux États-Unis des amendes voire carrément des séjours en prison sont prévus pour les piétons inconscients.
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