Série d'été - Les pires voitures jamais essayées: toutes les Peugeot équipées de l'i-cockpit (2/9)
208, 2008, 308, 3008, elles sont toutes pétries de qualité. Mais pour les apprécier, il faut passer derrière un volant qui cache les compteurs à cause du fameux i-cockpit, réservé aux conducteurs de petite taille ou à ceux qui acceptent de conduire avec le cerceau (à méplat) sur les genoux.
Pire voiture, mode d’emploi
Toute l’année, les journalistes de Caradisiac vous délivrent des avis objectifs, raisonnés et équilibrés sur les qualités et défauts des voitures qu’ils essaient. Mais l’automobile est aussi affaire de passion, et certains petits ou gros défauts transforment parfois le carrosse en citrouille. Dans cette série estivale hebdomadaire, chacun des membres de la rédaction revient sur son pire souvenir d'essai, avec une subjectivité totalement assumée. Et peut-être un soupçon de mauvaise foi, avouons-le.
Tout avait pourtant si bien commencé entre nous. Pensez donc : Peugeot avait trouvé le moyen de court-circuiter la vision tête haute traditionnelle, ce truc de riche, réservé aux finitions haut de gamme avec projection sur le pare-brise. En grand démocrate, je me précipite donc vers la première auto équipée de ce système baptisé d’un nom tout droit sorti d’un blockbuster de science-fiction : l’i-cockpit qui allait abattre les privilèges.
L’histoire remonte au début 2012 et chez Peugeot, on est tout content. Normal, le Lion tient sa revanche sur l’ennemi éternel : Renault et sa Clio. La 208 débarque avec sa ligne pas franchement innovante, à la mode des sages Peugeot d’alors, mais à la mécanique carrément étonnante. « Tu vas voir, l’I-cockpit c’est la révolution, tout le monde va nous imiter », m’explique le brave homme qui me tend les clés de la citadine. Va pour le grand soir et la révolution.
Sébastien Loeb et moi
Je m’installe donc, comme dans chacune des autos que j’ai l’occasion de conduire, avec une méthode simple, toujours la même : le siège baissé au maximum et le volant relevé au maximum aussi. Car je dois l’avouer, étant de la même origine que Sébastien Loeb, j’ai un tantinet tendance à adopter la position de l’Alsacien volant.
Mais ne nous méprenons pas : je ne lui ai piqué que sa posture, pas son talent, très très loin de là. Pour la vitesse de passage en virage, et les jumps en pleine dérive qui retombent sur leurs pneus, tout le monde n’est pas égal. Quand certains pilotent, d’autres se déplacent en voiture et j’ai hélas dû choisir mon camp.
En tout cas, me voilà, à l’habitude, avec la tête dépassant à peine de la vitre côté conducteur, et les yeux à hauteur du volant, façon WRC du pauvre. Problème : dans cette posture et avec ce fichu i-cockpit, impossible de lire les compteurs, ni même le compte-tours, et encore moins les données de température voir la jauge d’essence, toutes choses utiles par ailleurs. La partie haute du cerceau me cache totalement les instruments. Je me vois déjà, aux mains des forces de l’ordre pour excès de vitesse en tentant de leur expliquer que « ce n’est pas de ma faute, m’sieur l’agent, c’est celle ce fichu cockpit. Tenez, installez-vous au volant, vous verrez, ou plutôt, vous ne verrez pas ».
Boney M et moi
Mais je me ravise, remonte le siège et baisse le volant, vaincu par la peur du gendarme. Ça y est : les compteurs apparaissent. Compte-tours, vitesse, rien ne manque, sauf l’impression de conduire une voiture. Avec mon tout petit volant (à méplat s’il vous plaît, cette autre invention du diable) posé sur les genoux, je régresse. Me revoilà aux commandes d’une auto tamponneuse, à la fête foraine de mon village alsacien, en train de tenter un 0/100 km/h avec Boney M en fond musical. L’impression à bord de cette 208 est similaire, sans le groupe disco.
J’en déduis évidemment, que cet i-cockpit va plonger le Lion dans les tréfonds de la faillite, que c’est l’erreur stratégique de trop et qu’il va falloir attendre la phase 2 pour changer tout ça. Sauf que si le journaliste automobile était devin, il serait milliardaire. Le succès a été tel que pas une Peugeot n’a échappé à l’i-cockpit par la suite, tellement les clients en ont redemandé. 308, nouvelle 208, évidemment, mais aussi 2008, 508, 3008 et 5008. Même l’utilitaire Rifter a droit à son petit volant surplombé de ses compteurs. Un succès tel que Saran Diakité Kaba, la créatrice du fameux cockpit a même été élue femme de l'année 2017.
Mieux (ou pire) : à bord de la nouvelle 308, l’I-cockpit est apparu en 3D, grâce à l’équipe de sorciers de Jean-Michel Mousseau. Grâce (ou à cause) de lui, les informations essentielles (compteur de vitesse, compte-tours) apparaissent en relief et les autres, plus accessoires, sont reléguées en arrière-plan. En fait de relief, sur la toute dernière 308, ne m’apparaît toujours, au premier plan que le volant.
Il ne me reste que deux solutions : me contenter de la position Boney M, ou alors, conduire des Opel. Corsa, Astra, Mokka, Grandland ou Crossland : le choix est vaste. Pas de scrupules, elles ont aujourd'hui les qualités des Peugeot, puisqu'elles sont mécaniquement identiques. Mais leur volant est d'une taille correcte. Il est rond et on lit les compteurs sous la jante supérieure, comme avant, comme toujours, comme sur toutes les voitures, même et surtout celles de Sébastien Loeb.
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