Sportive d'occasion : les points à vérifier, les astuces pour acheter
Malgré toutes les tentatives gouvernementales pour vous en dégoûter, vous craquez. Ou en tout cas vous craqueriez bien pour une sportive. Oui, mais en acheter une est (encore) plus délicat qu'acheter une voiture lambda. Quels sont les points à vérifier et astuces d'achat, on vous dit tout ! Moteur, action !
Déjà, un achat d'occasion est plus risqué qu'un achat neuf. Peu ou plus de garantie, risque de panne ou de réparations à effectuer plus élevé, les écueils sont nombreux. Et la liste des conseils pour en acquérir une sans se faire avoir déjà longue comme le bras.
Pour ceux que cela intéresse, nous avons déjà évoqué ici les points habituellement à vérifier. Voir la Check-list Caradisiac.
Mais cette liste s'allonge encore lorsque l'on parle de l'achat d'une sportive de seconde main. En effet, généralement, les versions les plus vitaminées des modèles des constructeurs sont dotées de moteurs et d'équipements spécifiques, de trains roulants adaptés. Elles sont comme le chapeau du magicien : plus pointues.
Et c'est pourquoi leur achat requiert encore plus d'attention. Voici les points sur lesquels elle doit être particulièrement en éveil.
N.B. : nous ne parlerons ici que des versions sportives de véhicules existants aussi en versions plus sages, type Mégane RS, Focus RS ou Golf GTI. Pas des super sportives type Ferrari, Porsche, ou Lamborghini, dont l'achat obéit encore à d'autres règles.
1/ L'entretien
Déjà important sur une auto lambda, il est ici capital. En effet, sur les sportives, les moteurs plus poussés nécessitent parfois des périodicités d'entretien différentes, des qualités de lubrifiants bien spécifiques, des remplacements de filtres plus rapprochés.
Il faut donc se détourner sans regret des voitures au passé trouble et à l'historique absent ou parsemé de "trous". Même si le prix vous paraît bien placé (et pour cause !). Et lorsque cet historique d'entretien est présent, bien vérifier qu'il a été fait selon les préconisations du constructeur, même s'il a été fait hors réseau, ce qui n'est pas un frein à l'achat. Pour autant, une vidange "à la maison" avec de l'huile 15W40, ce n'est pas la même chose qu'un entretien en bonne et due forme, avec l'huile qui va bien (celle préconisée par le constructeur, souvent aujourd'hui de la 5W40, ou 0W50 pour les sportives, à vérifier sur le carnet d'entretien). Vérifiez également que les remplacements de filtres (huile, carburant, air) ont bien été réalisés aux échéances prévues. Tout comme les fluides. En effet, on peut raisonnablement penser qu'une sportive aura été utilisée, au moins un peu, comme telle. Elle aura donc vu son liquide de refroidissement chauffer plus que sur un véhicule lambda, et son liquide de frein encaisser des températures plus importantes.
Il faut donc également s'assurer que ces fluides ont été remplacés à échéance, et même mieux, avant. Pour information, en règle générale, on remplace le liquide refroidissement tous les 4 ans, et le liquide de frein tous les 2 ans. Sur une sportive utilisée comme telle, des valeurs de 3 ans et 18 mois seraient un plus. Un rythme que nous vous conseillons d'adopter dès l'achat, sauf à vous en servir comme d'une plus banale Clio diesel...
Un suivi dans le réseau vous assurera également que les éventuels rappels ont bien été effectués.
2/ Les équipements spécifiques
Les sportives disposent souvent d'équipements spécifiques, qui permettent de surveiller de plus près le fonctionnement du "moulin", ou d'améliorer les performances et la tenue de route. Il est utile d'y porter une attention particulière.
Les voyants et indicateurs : assez souvent, les sportives disposent (en plus des traditionnels compteurs, compte-tours, jauges à essence, huile et température d'eau), de manomètres et jauges en sus. Comme une jauge de température d'huile moteur, un manomètre de pression de suralimentation, un indicateur de tension de batterie. On peut également trouver des voyants spécifiques comme celui indiquant la désactivation des aides à la conduite (antipatinage, ESP), ou des menus de l'ordinateur de bord permettant de donner des informations au conducteur, comme les G subis à l'accélération et au freinage, les infos de température, un chronomètre éventuellement, etc. Tout cela est à vérifier scrupuleusement.
Les spécificités châssis : nous pensons ici essentiellement aux châssis à 4 roues directrices, comme sur certaines Honda et plus récente Laguna 3 GT par exemple. N'hésitez pas à vérifier alors que les roues arrières braquent bien de concert avec les roues avant (dans le sens inverse lorsque la voiture ne roule pas), et sans bruits inquiétants. Mais également aux amortisseurs (voir plus loin), et aux châssis sport ou pilotés, plus évolués techniquement, et surtout, plus chers à réparer le cas échéant. Il faut bien vérifier que les différents modes fonctionnent, qu'il n'y a pas de défaut au tableau de bord, bref, que tout est en ordre.
La carrosserie : appendices aérodynamiques, spoilers, becquets, jantes, les modèles sportifs présentent le plus souvent des différences avec les modèles de bases. Pour tout ce qui est ajouté, vérifiez les fixations (jupes latérales, élargisseurs d'ailes, etc.). Pour les jantes, vérifiez qu'elles ne sont pas (trop) râpées ou abîmées. Cela prouverait déjà un manque de soin ou des chocs, mais le remplacement des jantes spécifiques est aussi souvent bien plus onéreux que pour des jantes basiques. C'est à prendre en compte.
3/ Les pièces qui "prennent cher"
Plus puissante, plus coupleuse, plus rapide et souvent paradoxalement plus lourde, une auto à vocation sportive usera naturellement plus certaines pièces. Sur lesquelles il faut être intransigeant en cas d'achat, sous peine de frais importants à brève échéance.
L'embrayage : c'est également souvent une pièce spécifique capable d'encaisser la puissance et le couple supplémentaires. Il n'est pas rare cependant qu'en conduite dynamique, l'usure se fasse sentir plus rapidement. Traquez toute amorce de patinage lors des passages de vitesses, et en reprise sur les derniers rapports. Signes d'un embrayage prêt à lâcher. La pédale, parfois plus dure que sur un moteur moins sportif, ne doit pas non plus l'être exagérément. Enfin un bruit métallique qui disparaît lorsque l'on appuie sur la pédale est le signe d'une butée d'embrayage fatiguée. Soyez particulièrement attentifs passés les 80 000 km. Si la pièce a déjà été changée avant ce kilométrage, demandez des explications, cela peut être le signe d'une conduite très musclée, qui aura également fait souffrir le reste de la voiture !
Les trains roulants : ils peuvent avoir souffert d'une conduite enlevée ou de sessions sur circuit, sans parler des conséquences d'une glissade avec combat "train roulant contre trottoir", forcément inégal. Il faut, avec encore plus d'attention que d'habitude, scruter l'état des jantes, qui peuvent vous renseigner sur d'éventuels chocs. Des "clongs" sur mauvais revêtement indiquent des jeux au niveau des silentblocs, des rotules ou des biellettes de direction. Les châssis sports souffrent plus que les autres de ce mal car ils sont plus rigides (spécialement chez les allemandes, Audi, BMW, ou italiennes, Alfa Romeo).
Les freins : souvent surdimensionnés par rapport à la version de base. Vérifiez l'état des plaquettes en regardant à travers les jantes (bien ajourées sur les sportives). Il doit rester plus de 3 ou 4 mm minimum. Les disques ne doivent pas être creusés de plus d'un mm. Lors de l'essai routier, un freinage appuyé à partir de 110/120 km/h vous indiquera si ils sont voilés (tremblements dans le volant et dans toute la caisse). Des vérifications utiles car le remplacement est plus onéreux que pour un petit moteur. Par exemple, un jeu de disques plus plaquettes avant coûte environ 280 € pour une Renault Mégane 1.5 dCi 110 quand les mêmes grimpent à 540 € environ pour une Mégane R.S. Trophy (hors pose). Pour les vraies de vrai, avec disques perforés et/ou en céramique, les coûts sont carrément prohibitifs (plusieurs milliers d'euros)…
Les pneus : les inspecter avec soin peut vous en apprendre beaucoup. Déjà, les rainures doivent avoir plus de 1,6 mm de profondeur (minimum légal), et c'est même mieux avec plus de 3 mm, car plus les gommes sont larges, plus il faut les remplacer avant ce terme fatidique. Et ce qui est large est cher… De même vérifiez que l'usure est régulière. Des pneus usés irrégulièrement sont le signe de trains roulants déréglés. Et des pneus très râpés sur l'extérieur vous révéleront "l'optimisme débordant" du propriétaire actuel. Enfin, des pneus neufs sont parfois un bon point, mais peuvent aussi justement cacher une usure irrégulière due à des trains roulants déréglés ou meurtris par un choc. Il faut alors demander des explications. Dernier point, la marque des boudins. Si les pneus sont de grande marque, aucun souci. Si vous notez des pneus de marques exotiques, ou de sous-marques, attention. Cela peut indiquer un propriétaire qui cherche à minimiser les coûts d'utilisation, et qui aura fait la même chose pour tout le reste. Une sportive DOIT être bien chaussée, c'est impératif.
Les amortisseurs : ils sont toujours spécifiques sur une sportive dérivée d'une version sage, et souvent assez haut de gamme sur les pures sportives. Et donc chers. Ils ne doivent présenter aucune fuite, et ne pas rebondir lorsqu'on les met en compression et qu'on relâche. Le contrôle technique peut aussi vous en apprendre sur leur degré d'usure et sur la dissymétrie éventuelle.
Dans tous les cas, le remplacement des pièces défaillantes, comme nous l'avons vu pour les freins, sera plus onéreux que sur les versions plus sages de l'auto concernées. Il faut donc passer du temps à inspecter tout en détail et se préoccuper du bon état global. Les factures d'entretien seront une bonne aide et permettront de valider les remplacements que le propriétaire vous aura affirmé avoir faits.
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