Suzuki Twin, une fausse mauvaise idée à actualiser ?
Minuscule, rigolote et dotée d’une motorisation hybride, la Suzuki Twin, lancée en 2003, a pourtant été un échec commercial. Et si une variante actualisée avait un avenir ? Les mentalités ont bien évolué en vingt ans, alors que la complexité parfois absurde des voitures modernes crée un désir pour des modèles plus simples et moins chers.
Si la Smart Fortwo a rencontré un certain succès grâce à son concept unique, elle pâtissait de défauts assez rédhibitoires. Comme une mécanique complexe et peu fiable, ainsi que des prix trop élevés. Conscient de ces problèmes, Suzuki a dégainé en 2003 sa très intéressante Twin. Le spécialiste japonais de la mini-voiture a concocté un engin biplace de 2,73 m de long, au look ludique, mélange de Renault Twingo et de Ford Ka en réduction.
Surtout, alors que la Smart se veut raffinée et s’adresse à une clientèle plutôt aisée, la Twin joue la carte du dépouillement pour s’afficher à un prix plancher. Elle ne coûte que 490 000 yens à son apparition en 2003, soit à peu près 5 300 € actuels. A ce tarif, on a une auto capable tourner sur 7,2 m et offrant des performances très convenables vu que son 660 cm3 de 44 ch n’a que 570 kg à emmener.
Mieux encore, elle se décline en une variante hybride. D’une mécanique ultra-simple (on lui ajoute un moteur de 7 ch combiné à des batteries acide-plomb basiques), elle abaisse sa consommation moyenne à moins de 3 l/100 km, malgré l’emploi d’une boîte automatique. Parfait pour la ville ! Seulement, elle coûte bien plus cher que la thermique, à 1 290 000 yens, soit 13 800 € actuels environ. Elle compense par un équipement très supérieur, pouvant recevoir clim et airbag. En plus de bien des astuces à bord, comme le siège passager rabattable pour dégager un espace de chargement, accessible aussi via la lunette arrière ouvrante.
Malheureusement, quelle que soit sa variante, la Twin s’est très mal vendue : 10 000 unités en deux ans. La faute à un habitacle bien trop cheap vu le prix de la version hybride, et un manque évident de confort. Le fait qu’elle n’ait jamais été exportée (comme la très grande majorité des Kei-cars, ces petites voitures fiscalement avantagées sur le marché japonais).
Aujourd’hui, les choses ont changé, du moins en Europe. A en juger par le succès des Citroën AMI/Fiat Topolino, le dénuement à bord passe avec un prix contenu et du look. Evidemment, le cas de ce duo est particulier puisqu’il s’adresse à des gens qui n’ont pas le permis, souvent des jeunes. Mais ceux-ci n’ont pas forcément la culture de l’auto bourrée d’équipements, et cherchent un moyen fiable et sûr pour aller d’un point A à un point B en utilisant un minimum d’énergie. Un engin comme la Suzuki devrait leur plaire, au moment de passer à l’étape supérieure.
Le succès des Dacia, elles aussi basiques, montrent que la clientèle est prête pour un modèle avant tout bon marché et fonctionnel. Seulement, la marque roumaine ayant fortement augmenté ses prix, elle dégage un marché entresa Sandero et l’AMI. Par ailleurs, depuis la disparition de la Smart Fortwo, il n’y a plus de toute petite voiture (avec permis) sur le marché, aussi un engin minimal mais suffisant comme cette Suzuki qui avait raison trop tôt (donc tort) a-t-il sa place.
Imaginons-en une actualisation satisfaisant à toutes les normes actuelles et proposée à 6 000 € à l’achat, voire 40 €/mois en leasing… Une sorte de Smart mais sans la vanité technologique dont a fait preuve Mercedes à l’époque en somme. Ça marcherait à coup sûr ! Même en tout électrique à 12 000 €, le coup est jouable, d’autant que des constructeurs de quadricycles comme la Microlino (18 000 € pour rouler à 45 km/h…) poussent pour que le législateur assouplisse les règles pour sa resucée d’Isetta : ils savent que la clientèle est potentiellement là. Il faudrait aussi que l’Europe cesse de complexifier des normes déjà très lourdes et synonymes d’inflation tarifaire…
Plus globalement, les délires bourrés de gadgets digitaux et lourds comme des ânes morts grâce auxquels les constructeurs se gavent depuis la crise du Covid n’auront qu’un temps. On peut imaginer un retour vers des modèles plus rationnels, intelligents par leur packaging, légers, frugaux et moins chers. Cela a déjà eu lieu dans les années 80, où l’accent avait été mis (déjà !) sur les économies d’énergie. On a vu surgir des modèles très intelligents à tous les niveaux de gamme, de la Fiat Panda, bourrée d’astuces, lookée et discount, à l’Audi 100 C3, immense mais pesant moins de 1 100 kg et dotée d’un Cx de 0.30. Au boulot, les constructeurs !
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération