Une pénurie d’essence ? Pensez-vous, c'est une simple tension
Alors que les files d’attente s’allongent dans les stations-service qui disposent encore de carburant, d’autres sont tout simplement fermées. Pourtant, le gouvernement évoque de simples tensions et TotalEnergies est encore plus optimiste. Un déni ou un exercice de langue de bois ?
Des queues de 2 km en région parisienne, des cars scolaires à l’arrêt dans les hauts de France faute de gasoil et des stations-service en panne sèche dans les Bouches du Rhône. Depuis hier, le manque de carburant dans l'hexagone est devenu visible et concret. Pourtant, officiellement, il n’y a pas de pénurie d’essence en France. Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement reconnaît tout juste des « tensions dans 12 % des stations », comme il l’expliquait ce mercredi lors de sa traditionnelle conférence de presse d’après le conseil des ministres. De son côté, TotalEnergies, par la voix de son porte-parole, déclarait, toujours hier, à l’AFP, qu’ « il n’y a pas de manque de carburants car TotalEnergies a constitué des stocks et procède actuellement à des imports réguliers ». Circulez (si c’est encore possible), il n’y a rien à voir.
Des raffineries et des dépôts bloqués
Mais dans ce cas, pourquoi les automobilistes du Nord, d’île de France ou des régions du Sud-Est constatent-ils, quant à eux, une pénurie loin d’être fantôme ? Chacun cherche une pompe disponible, quitte à écumer sa région. D'ailleurs l'appli Waze connaît une hausse de ses recherches de stations-service de 35 % depuis une semaine. Dans le Rhône, la raffinerie Total de Feyzin, l’une des plus grandes de France, est en grève depuis plus de huit jours et, selon la CGT, pas une seule goutte d’essence n’en sort. De même, dans les Bouches du Rhône, une autre raffinerie, toujours à l’enseigne de TotalEnergies, est elle aussi totalement à l’arrêt. Dans les Hauts de France, c’est le dépôt pétrolier de Mardyck, près de Dunkerque, qui est bloqué. Résultat : 30 % des stations de la région sont à sec.
En région parisienne, selon France Bleu Paris, près de la moitié des stations Total de la capitale, et celles qui sont situées près du Périf sont fermées. Mais le gouvernement et Total le répètent : ceci n’est pas une pénurie.
Évidemment, on connaît la recette du cocktail qui a amené à cette situation. Et c'est une conjugaison de trois éléments. Le premier est un chiffre, un très gros chiffre de 5,7 milliards d'euros : le montant du bénéfice de TotalEnérgies, rien qu'au deuxième trimestre de cette année. Un chiffre que les syndicats n'ont pas encaissé et, en ces temps d'inflation, ils demandent une revalorisation des salaires de 10%. Réponse de la direction : ce sera 3,5 % et pas un centime de plus. Donc, le blocage des dépôts et des raffineries continue. La deuxième raison de cette ruée vers Total est évidemment liée à la baisse de 20 cts au litre consenti par le pétrolier et qui attire les foules depuis la rentrée.
L'autre raison de ce début de pénurie est évidemment liée au mouvement de panique des automobilistes qui tiennent à faire le plein avant que les stations ne soient toutes en rupture. C'est notamment le cas en région parisienne. D'autant plus que les professionnels disposent souvent de cartes Total, puisque l'enseigne détient le quasi-monopole de ces moyens de paiement du carburant. Ceux qui les utilisent n'ont donc pas trop le choix de l'enseigne ou ils viennent se servir.
Reste bien évidemment la question que tout le monde se pose : la pénurie va-t-elle s'installer ou baisser ? malheureusement, la direction de TotalEnergie ne semble pas prête à reprendre la négociation, même si, en coulisse, le gouvernement exhorte le pétrolier à le faire. Si elle ne lâche pas d'augmentations supplémentaires avant la fin de semaine, la situation risque d'être très critique à partir du lundi 10 octobre, car le samedi constitue généralement un pic d'activité dans les stations-service. Et le samedi qui vient pourrait assécher les dernières cuves des pompes qui sont encore suffisamment approvisionnées. La semaine prochaine pourrait donc voir débuter une véritable pénurie à l'échelle nationale. N'en déplaise à Olivier Véran.
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