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Vélo personnel, en libre-service ou de fonction : quel intérêt pour les salariés, pour les entreprises ?

Depuis la levée du confinement lié à l’épidémie de Covid-19, les Français sont nombreux à délaisser, du moins temporairement, les transports en commun mais aussi l’autopartage et le covoiturage pour leur retour au travail. Au profit notamment des trajets à vélo, qui connaissent un engouement assez inédit. Coup d’œil sur le phénomène et sur ses avantages, selon le mode de détention choisi.

Vélo personnel, en libre-service ou de fonction : quel intérêt pour les salariés, pour les entreprises ?

Après sept semaines de confinement, le 11 mai a marqué pour beaucoup le retour au travail en présentiel. Selon un sondage réalisé par Opinion Way et AAA Data, le vélo apparaît comme l’un des moyens de transport privilégiés des Français dans cette phase de reprise. Il reste certes minoritaire par rapport à l’usage de la voiture individuelle (68 % des intentions) mais rencontre néanmoins une part d’adhésion croissante (8 % des sondés), principalement en Ile-de-France et dans les grandes agglomérations de province.

Les forfaits mobilités et la crainte du virus boostent la pratique du vélo

À la veille du déconfinement, le vélo rencontrait une part d’adhésion croissante, selon un sondage Opinion Way/AAA Data.
À la veille du déconfinement, le vélo rencontrait une part d’adhésion croissante, selon un sondage Opinion Way/AAA Data.

Qui sont ces nouveaux adeptes de la petite reine ? Beaucoup d’entre eux voient dans le vélo une façon idéale de retourner au travail en mettant en pratique la « distanciation sociale » prônée depuis des semaines par les autorités de santé pour se prémunir du virus. Beaucoup par ailleurs, au-delà du simple fait de se mettre ou de se remettre au sport, y voient surtout l’opportunité de bénéficier du « forfait mobilités durables ». Ce dispositif inscrit dans la loi LOM (loi orientation mobilités) prend le relais de l’indemnité kilométrique vélo (IKV). Il est entré en vigueur le 11 mai, avec deux mois d’avance. « Nous voulons que cette période de déconfinement fasse franchir une étape dans la culture vélo », avait confié fin avril Élisabeth Borne, la Ministre de la Transition Écologique et Solidaire.

Le forfait mobilités durables est un outil destiné à convaincre les entreprises de promouvoir la pratique du vélo. Il prévoit que les employeurs du secteur privé ont dorénavant la possibilité de verser jusqu’à 400 euros par an (le double de l’IKV), exonérés de cotisations sociales et fiscales, à chaque collaborateur utilisant son vélo personnel comme moyen de déplacement domicile-travail. Une somme à laquelle vient se greffer un forfait annuel de 50 euros pour faire entretenir son deux-roues auprès d’un réparateur agréé. Précisons que dans le secteur public, la mise en place de ce forfait est obligatoire. La somme à verser aux agents de l’État sera plafonnée à 200 euros par an.

Du 2 roues personnel au vélo de flotte en libre-service

Les flottes de vélos en libre-service se multiplient au sein des parcs d’entreprises.
Les flottes de vélos en libre-service se multiplient au sein des parcs d’entreprises.

Quitte à utiliser le vélo, autant le faire au guidon d’un engin en bon état, récent et sécurisant, histoire d’optimiser son temps de parcours, d’arriver au bureau à l’heure et sans suer à grosses gouttes… C’est la démarche qui, depuis quelques années et surtout ces derniers mois, anime de plus en plus de dirigeants et responsables ressources humaines. Une volonté qui se concrétise sur le terrain par l’installation de flottes de vélos au cœur des parcs de véhicules existants. Des vélos flambant neufs, classiques ou à assistance électrique (VAE), qui sont le plus souvent disponibles gratuitement, en libre-service.

Cet engagement, au-delà de sa vertu sociétale et environnementale, s’annonce en outre fiscalement intéressant pour l’entreprise qui fait le pari du vélo. « Une entreprise qui met à disposition de ses salariés des vélos pour leurs déplacements domicile-lieu de travail peut réduire du montant de son impôt sur les sociétés les frais générés par cette mise à disposition gratuite, dans la limite de 25 % des frais engagés pour l'achat, la location ou l'entretien de la flotte de vélos (y compris électriques) », stipule la Direction générale des finances publiques.

Forte demande en vélos de fonction

Tim Sports est l’une de ces jeunes start-ups investies sur le segment du vélo, en particulier à destination des flottes.
Tim Sports est l’une de ces jeunes start-ups investies sur le segment du vélo, en particulier à destination des flottes.

Pour répondre à l’évolution du besoin des entreprises, mais aussi des collectivités, des sociétés expertes en solutions de transport alternatives se positionnent. Notamment de jeunes start-up telles que Ebike-Pro, Zenride, O2 Fleet Services ou encore Tim Sports. La société francilienne suggère à sa clientèle business de s’équiper de flottes de vélos à assistance électrique via des contrats de location longue durée. Elle propose en outre des formules spécifiques lorsqu’il s’agit de vélos destinés à être utilisés en tant que vélos de fonction (affectés à des salariés désignés, aussi bien pour leurs trajets personnels que professionnels, sur le modèle des voitures de fonction). Illustration à travers son offre de LLD sur 36 mois avec services inclus, qui comprend entre autres la livraison et l’entretien du vélo sur le lieu de travail, l'assurance vol et casse, ainsi qu’un casque connecté.

Ces loyers mensuels sont supportés, dans le cas d’un vélo de fonction, à environ deux tiers par l’employeur et à un tiers par le salarié. Et bien que le coût de cette location ne soit pas compatible avec le versement du forfait mobilités durables, la demande a pris une ampleur record ces dernières semaines.

Dans le contexte sanitaire actuel, les travailleurs semblent en effet davantage enclins à payer une participation mensuelle pour profiter d’un vélo attitré plutôt que de réserver gratuitement un vélo de flotte qui passe de main en main.

> Entretien avec François Piot, Président de l’Arval Mobility Observatory

Vélo personnel, en libre-service ou de fonction : quel intérêt pour les salariés, pour les entreprises ?

Quels types d’entreprises investissent le plus dans des flottes de vélos ?

Je dirais qu’il y a d’une part un certain nombre de grandes entreprises, qui ont un souci global de préservation de l’environnement, qui ont pris des engagements en matière d’émissions de CO2 et qui, dans le même temps, font face à une forte demande de leurs représentants du personnel en termes de solutions de transport alternatives. D’autre part, il y a des petites et moyennes entreprises qui, quant à elles, investissent davantage dans le vélo pour répondre au besoin de tel ou tel collaborateur, et non pas pour des raisons collectives.

Un mot sur l’intérêt pour le salarié de bénéficier d’un vélo de fonction ?

Beaucoup de salariés n’ont pas de voiture de fonction, car le coût reste assez élevé pour l’entreprise. Parallèlement, beaucoup d’entre eux n’ont pas forcément envie de posséder une deuxième voiture lorsqu’ils sont deux dans le ménage. En cela, le vélo de fonction représente une façon assez bon marché, pour les collaborateurs qui n’habitent pas trop loin de leur lieu de travail, et qui ressentent en outre le besoin d’exercice physique, d’effectuer différemment leurs trajets domicile-travail.

À ce jour, quelles sont les limites au plein essor du vélo en France ?

La France débarque dans le vélo sur le tard, notamment par rapport aux pays de l’Europe du Nord. L’État et les collectivités locales doivent accélérer le développement d’infrastructures dédiées et sécurisées. Les entreprises ont également leur part de travail à faire, pour permettre de sécuriser et d’abriter les vélos de leurs salariés, pour permettre aussi à ces derniers de pouvoir se changer en arrivant dans l’entreprise et de prendre leur poste dans des conditions présentables. Les cyclistes aussi ont un rôle à jouer. Il faut accentuer la pédagogie à leur attention, les sensibiliser aux règles de conduite afin de prévenir les risques d’accidents.

 

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