Apprécier la Nascar est un long cheminement, une refondation complète de notre perception de la compétition. Tourner en rond à 300 km/h au milieu de 40 furieux recèle des subtilités qu'un amateur de plaisirs rapides et furtifs ne peut pas comprendre tout de suite. Mais il suffit de suivre le parcours de JP Montoya pour comprendre qu'il y a un challenge sportif immense dans cette discipline et qu'il est extrêmement difficile de vaincre dans un championnat de 36 courses où la patience et la vélocité doivent se conjuguer pour être le champion à la fin.
Malheureusement, de la Nascar, on ne voit généralement que ses crashs spectaculaires, ses Big One qui sont aussi une part non négligeable du frisson qui parcourt l'amateur. Le frisson n'est pas dans la contemplation du crash mais bien dans l'angoisse de son imminence permanente, sa probabilité élevé. Lorsqu'on soutient un pilote, il faut être nerveusement costaud pour accepter de le voir déjouer les pièges, passer à travers les embûches et parfois ne rien pouvoir faire devant la fatalité d'un accident dont il n'est pas responsable. Autant en F1, la recherche permanente de responsables devient fatigante et annihile le spectacle, autant en Nascar la fatalité est un ingrédient de la discipline que personne ne remet en cause. Il existe dès lors une forme de sagesse qui émane de ces pilotes, sagesse qui n'existe pas en F1 où l'on cherche trop souvent un coupable, un fautif.
Bien évidemment, la Nascar a les défauts classiques des shows à l'américaine et en dehors de la piste, tout est surjoué : de Miss Smile qui est payée pour sourire derrière le vainqueur dans la Victory Lane au discours formaté de certains pilotes (heureusement sur plus de 40 pilotes, on en trouve quelques uns qui n'ont pas la langue de bois) en passant par les suspicions sur certaines décisions de la direction de course, où les trémolos nationalistes et pseudo-humanistes soulants, la Nascar arrive à énerver l'européen qui aurait pourtant été séduit.
Reste qu'en terme de pilotage, enquiller des courbes à plus de 300 km/h avec les murs et les rivaux à quelques centimètres de soi n'est pas chose aisée, pas plus que la maîtrise de l'aspiration ou du Bump & Run, encore moins la capacité à faire évoluer sa voiture durant la course, tandis que les ravitaillements sont un véritable challenge à eux seuls (5 écrous par roue et seulement 2 gars au pistolet pneumatique).
Bref, la Nascar mérite qu'on dépasse ce que je vais pourtant vous proposer ci-dessous : à savoir les images d'un crash spectaculaire qui n'est qu'une toute petite péripétie (sans dommages autres que matériels) d'une course de longue haleine souvent passionnante et prenante par l'intensité croissante qu'elle propose à ceux qui auront bien voulu regarder ça jusqu'à la fin.
Pour situer ce crash qui intervient en début de course à Dover (et que je n'analyserai pas), sachez que le pilote victime est le rookie Joey Logano, 20 ans et plus jeune vainqueur d'une course de Nascar. Il pilote une Toyota Camry du Joe Gibbs Racing qui est finalement assez solide.
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