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Voiture électrique : ça va trop vite !

Pour la première fois en France, le mois dernier les ventes de voitures électriques ont dépassé celles de diesel. Une bonne nouvelle ?

Voiture électrique : ça va trop vite !

Avec 16 % de part de marché en septembre, les ventes de voiture électrique ont, pour la première fois en France dépassé celles de diesel. Faut-il s’en réjouir ? Je ne crois pas.

D’abord, ce boom des ventes intervient alors que l’industrie européenne n’est pas prête à l’alimenter. Pas une seule des gigafactories promises, ces usines géantes de fabrication de batterie, n’est encore sortie de terre et tous les constructeurs européens se fournissent encore presque exclusivement en accus asiatiques pour ce qui pèse encore entre la moitié et le tiers du coût de leurs productions.

Ensuite, la seule voiture électrique neuve abordable (ou presque : 13 800 à 15 300 € bonus déduit) pour le français moyen – et l’une des plus vendues - est la Dacia Spring… fabriquée en Chine. Une petite auto taillée pour le boulot-dodo et même pour déposer les gosses à l’école et faire les courses le soir, mais rien de plus et cela au prix d’une compacte thermique d’avant le Covid. Toutes les autres sont encore à des tarifs stratosphériques en considérant le salaire médian qui est de 1 940 € et même le salaire moyen : 2 424 €.

La familiale électrique populaire n’existe pas encore et je ne la vois pas venir. En tout cas, pas de France, d’Allemagne ou d’Italie mais j’y viendrai…

Voiture électrique : ça va trop vite !

Les acheteurs aisés roulent peu

D’un point de vue social, le résultat est désastreux : de ce que je vois, de ce que j’entends et de ce que je lis, ce sont les urbains aisés qui, parce qu’ils en ont les moyens, se convertissent à la « watture ». Pas ou peu la foule de ceux qui en ont un réel besoin économique : les ruraux et les périurbains que ruine leur gros kilométrage quotidien et cela d’autant plus qu’on les a massivement incités à renoncer au diesel pour l’essence.

Ils ne sont pas réfractaires à l’électrique, simplement, ses tarifs ne cadrent pas avec les 5 000 à 10 000 € maximum qu’ils consacrent au maximum à l’achat d’une auto… d’occasion.

Dommage car leur conversion ne coûterait pas grand-chose à la collectivité, ils disposent à domicile d’une prise pour recharger alors qu’il n’y aura jamais assez de bornes et jamais assez puissantes dans les rues et les parkings pour les citadins.

Voiture électrique : ça va trop vite !

Écologiquement parlant, même tableau : il faut beaucoup rouler pour compenser le fort impact CO2 de la fabrication des batteries. Ce que ne font pas la grande majorité des acheteurs actuels : le kilométrage annuel moyen de l’automobiliste des métropoles est deux à trois fois inférieur à celui d’un campagnard ou d’un banlieusard.

Ceux qui en doutent peuvent regarder dans les petites annonces les kilométrages annuels ridiculement faibles de la grande majorité des électriques de seconde main.

Tous les mois, une nouvelle chinoise

Voiture électrique : ça va trop vite !

Trop vite aussi, car en l’absence d’offre abordable et en forçant la main de l’acheteur à coup de ZFE et en subventionnant l’achat à hauteur de 11 000 € (Bonus + prime à la conversion) on déroule le tapis rouge à l’industrie chinoise.

Résultat, plus un mois ne s’écoule sans l’annonce de l’arrivée en Europe d’un nouveau modèle ou d’une nouvelle marque de voiture venue de Chine, toutes avec des tarifs bien inférieurs aux marques continentales. Une MG4 coûte 8 000 € de moins qu’une Mégane électrique directement comparable. D’ailleurs, les ventes en Europe de cette marque anciennement britannique n’ont plus rien d’anecdotique.

Rien d’étonnant. Face à un consommateur qui regarde son compte en banque avant son passeport, des tarifs pris de folie et une pénurie qui fait pointer de six mois à un an les délais de livraison, n’importe quel constructeur, même inconnu et dépourvu de réseau de concessionnaires, entre sur le vieux continent comme dans du beurre.

Fini les voitures en fer-blanc des années 2000

Voiture électrique : ça va trop vite !

Et quand j’écris « n’importe quel constructeur » n’y voyez rien de désobligeant : les constructeurs chinois ont, en 10 ans, fait un bond d’un demi-siècle.

Il suffit de grimper à bord d’une Aiways ou d’une MG pour voir - et toucher - que la qualité de fabrication est désormais à nos standards. Même le design rivalise désormais avec celui des européennes.

Quant à la sécurité, il faut oublier les crashs tests gaguesques des Chinoises en fer-blanc des années 2000 : elles affichent désormais 5 étoiles à l’EuroNcap et offrent toute la panoplie des aides à la conduite.

Ajoutez à cela que leur expérience dans l’électrification est supérieure à celle des Européens et que leurs batteries sont parfois techniquement en avance et la réalité apparaît toute crue : notre industrie automobile n’avait qu’une petite avance dans un seul domaine : le moteur thermique en général et le diesel en particulier. Le diesel frappé d’opprobre et qui se vend désormais moins que l’électrique.

Je ne vois absolument pas comment l’industrie automobile européenne pourrait résister à ce déferlement car jamais l'Allemagne pour qui la Chine est un débouché vital de son industrie, n’acceptera de quota ou de hausse des droits de douane par crainte de rétorsion.

À propos des douanes, en août, elles annonçaient que le déficit commercial français atteignait, sur un an, 139 milliards d’euros, contre 85 milliards un an plus tôt. Pour ceux qui ne visualisent pas, je mets les zéros : 139 000 000 000 €.

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