Vol de voiture: le fléau du mouse-jacking (et comment s'en protéger)
D'abord la bonne nouvelle: le vol de voiture est un phénomène en baisse constante. Maintenant la mauvaise: le vol "électronique" représente aujourd'hui plus de 8 cas sur 10, et concerne de nombreux modèles de haut de gamme. "Les techniques évoluent si vite que la course est perdue d'avance pour les constructeurs", prévient un spécialiste.
Si le vol ou la tentative de vol de voiture est un phénomène en baisse continue depuis une quinzaine d’années, il a encore touché 210 000 ménages en 2017 (ce qui représente 10 faits pour un millier de ménages équipés).
D’après les statistiques éditées par le ministère de l’intérieur, 56% des voitures volées sont retrouvées, et il apparaît que l’automne est la période où les voitures disparaissent le plus : 30% des cas sont enregistrés entre les mois de septembre et novembre.
La "bonne nouvelle" est que les vols avec violence type car-jacking sont devenus rares puisque seulement 8% des personnes déclarant un vol ou une tentative de vol disent avoir vu les voleurs.
A cela une bonne raison : aujourd’hui, la nouvelle tendance est au « mouse-jacking », ou « vol à la souris », qui représente 85% des cas de vol, à en croire l’Observatoire des vols Coyote Secure (ex-Traqueur), qui propose une solution de géolocalisation de véhicule volé grâce à une balise qui permet de repérer les véhicules enfouis (au sous-sol d'un immeuble ou dans un container, notamment) ou sous l'emprise d'un brouilleur. La société annonce un taux de réussite de 90%, les 10% restants étant généralement les véhicules désossés dans les heures qui suivent le vol afin d'alimenter un trafic de pièces, ou embarqués d'office sur des bateaux.
Braquage à domicile
Ce terme de mouse-jacking recouvre plusieurs techniques, et notamment celle qui consiste à brouiller le signal de la clé quand vous fermez la voiture à distance. Celle-ci restant ouverte, les voleurs à proximité n'ont alors plus plus qu'à monter à bord pour brancher leur matériel informatique à la prise diagnostic accessible depuis l'habitacle, puis à partir tranquillement au volant.
Plus spectaculaire encore est la technique dite du « relais ». Il s’agit pour le voleur d’actionner la clé située à l’intérieur de votre domicile pour déclencher l’ouverture et/ou le démarrage de votre véhicule garé dehors. Un travail de pro, réalisé en une poignée de secondes et sans effraction, et contre lequel toutes les voitures n’offrent pas la même protection.
Certaines sont en effet nettement plus vulnérables que d’autres , ainsi que le dévoile Thatcham, organisme britannique qui s’intéresse à toutes les facettes de la sécurité automobile, de la résistance au vol à la protection offerte en cas de choc. A ce titre, il teste régulièrement la protection antivol offerte par les dernières nouveautés, et a récemment publié les résultats d'une vague de tests.
Les voitures testées par Thatcham qui offrent une bonne protection face au vol par relais:
... et celles qui se sont montrées vulnérables:
On le voit, même des modèles de haut de gamme avouent des faiblesses face aux attaques électronico-informatiques. La faute, souvent, à des clés qui ne se mettent pas automatiquement en veille quand elles ne sont pas utilisées.
"Une course perdue d'avance pour les constructeurs"
Attention toutefois, des voitures pouvant aujourd'hui être considérées comme sûres pourront ne plus l'être demain: "le vol intelligent, c'est aujourd'hui la technique numéro 1. Les outils de piratage sont certes cher, mais facilement accessibles sur Internet et se montrent rapidement rentables ", prévient Aurélien Dargirolle, Directeur des opérations chez Coyote Group. "Même en rajoutant des niveaux de cryptage, les technologies des voleurs évoluent si vite que la course est perdue d'avance pour les constructeurs. "
Quelques parades existent toutefois. La première, de bon sens, consiste à toujours s'assurer que la voiture est bien verrouillée quand on s'en éloigne, de façon à contrecarrer les attaques par brouillage.
Et face au vol par relais, la plus efficace consiste chez soi à poser la clé dans une boîte métallique qui fera office de cage de Faraday et empêchera les malfrats de s'y connecter. A défaut, le fait d'envelopper celle-ci dans de l'aluminium peut la rendre inopérante.
"L'élément primordial, c'est le temps. Les voleurs aiment agir vite: plus l'opération est fastidieuse, et plus il y a de chances pour que les voleurs abandonnent la partie. Au-delà de 10 minutes, ils lâchent généralement l'affaire", commente Aurélien Dargirolle.
Et si le véhicule est volé malgré tout? Pas d'inquiétudes à avoir avec l'assureur si vous disposez bien d'une garantie vol et respectez les clauses du contrat: "les assureurs se sont beaucoup fait tirer l'oreille avec les cas de mouse-jacking, car ils refusaient d'indemniser en l'absence d'infraction . Mais les tribunaux s'en sont mêlés, et la jurisprudence est aujourd'hui très claire: le mouse-jacking est bien un vol de véhicule, et donne droit à une obligation d'indemnisation, sans que l'assuré ait à faire la preuve des faits à son assureur", tempère Stanislas Di Vittorio, fondateur d'Assurland.com. "Toutefois, il faut pouvoir prouver que l'on a respecté les clauses du contrat, comme le gravage des vitres ou l'obligation d'installation d'un système de géolocalisation." Bref, pas d'inquiétude à avoir pour qui assure ses arrières.
Découvrez le vol d'une Mercedes par la technique du relais:
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