Vous aimez conduire ? Prenez une entrée de gamme !
Stéphane Schlesinger , mis à jour
Entre moteurs atmosphériques, boîte manuelle et écrans minimaux, les voitures les moins chères sont souvent celles qui offrent les sensations de conduite les plus pures. Fou, non ?
Ça m’est apparu comme une évidence au volant d’une entrée de gamme actuelle, dont l’essai sera publié ultérieurement. Une petite voiture, dotée d’un moteur atmosphérique, d’une bonne vieille boîte 5 manuelle et d’un écran central presque raisonnable. C’est sans grand enthousiasme que je suis allé la chercher, son rapport poids/puissance n’étant pas spécialement affriolant. Près d’une tonne pour moins de 80 ch.
Eh bien devinez quoi ? Je me suis amusé comme un fou à son volant. Non pas en me livrant à quelque turpitude telle que tirer le frein à main (car elle en a un manuel) pour faire des huit sur un parking ou en faisant hurler le moteur à chaque feu vert. Pas du tout. Simplement, j’ai redécouvert une moderne qui agit exactement comme on lui demande, sans soumettre chaque décision du conducteur au bon vouloir d’un calculateur.
En clair, on appuie sur l’accélérateur, et le moteur réagit immédiatement, sans que le turbo se demande si c’est le bon moment pour souffler : il n’y en a pas. C’est très agréable ! Idem pour la boîte manuelle : outre le plaisir procuré par une commande bien conçue et le fait d’effectuer un talon/pointe, elle ne se dit pas : « tiens, il a enfoncé l’accélérateur. Que dois-je faire ? Ah oui ! Rétrograder ». Là, le cerveau se trouve entre l’appuie-tête et le volant !
Derrière celui-ci se trouvent des compteurs analogiques, faciles et reposants à lire, bien loin des tablettes façon sapin de Noël, plus conçues pour séduire les gamins en concessions que faciliter l’usage de la voiture tant elles fatiguent les yeux et noient les infos cruciales dans une mer d’indications superflues, comme la photo d’album qu’on est en train d’écouter.
Vous allez me dire, mais on se traîne. Oui, et alors ? Les périphéries urbaines sont gavées de radars, quand on n’est pas bloqué dans un des incessants embouteillages. Donc, de toute façon, on ne peut pas « faire de la vitesse ». Cela présente un autre avantage : on doit anticiper, et gérer le relatif manque de puissance. Ainsi, non seulement, on ne s’ennuie pas, mais en plus, on n’éprouve pas cette frustration liée au fait de ne jamais pouvoir utiliser toute la cavalerie délivrée par le moteur. Par ailleurs, les aides à la conduite se signalent par leur – relative – absence : on ne sent donc pas d’interférence quand on tourne le volant.
Cela me rappelle le vif plaisir que j’ai éprouvé voici quelques années en effectuant un raid Red Bull en Citroën 2CV, reliant Briançon à Cannes principalement par les petites routes et les chemins. Quand j’étais gamin, mon père avait une Azam de 1965. Je détestais cette auto lente, bruyante, et peu étanche. Mais au volant de la 2CV4 mise à ma disposition, j’ai justement apprécié tout ce qui m’a plu dans le bas de gamme essayé récemment : gérer le manque de puissance, apprécier la bonne volonté du moteur, sentir toutes les réactions du châssis et savoir que l’auto ne chercherait jamais à contrarier mes décisions.
A quoi j’ajoute des compétences hallucinantes en tout chemin et un confort de suspension impossible à prendre en défaut. Je peux le dire : j’ai pris bien plus de plaisir à conduire la Citroën qu’une Mercedes 230 contemporaine, totalement lénifiante.
Pour profiter de plaisirs analogiques sur une voiture neuve, pour jouir d’une conduite fluide et sans IA qui entrave vos actions, à l’heure actuelle, soit on achète une entrée de gamme, soit une Porsche Boxster GTS/Cayman GT4… Je l’ai déclaré dans « l'auto des voisins spécial Caradisiac », je possède une BMW 130i, offrant encore des sensations relativement pures. C’est la dernière de ce type chez la marque allemande.
Ce n’est pas mieux chez les autres, la faute à une chasse au CO2 obligeant les constructeurs à toujours plus complexifier les autos au détriment du plaisir mais aussi de la fiabilité à moyen et long terme. Dommage, car les châssis actuels sont réellement excellents : qu’est-ce que ce serait si on y mettait en milieu de gamme des moteurs atmos performants (oui, j’aime aussi les bonnes accélérations…) et de bonnes boîtes manuelles ! Mais personne n'en achèterait...
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