ZFE: la grogne monte, mais...
La mise en place des Zones à Faibles Emissions continue de faire des remous. Alors que le projet de loi Climat et résilience est soumis à l'examen des sénateurs à partir d'aujourd'hui, l'association 40 Millions d'automobilistes monte au créneau.
L’instauration des Zones à Faibles Emissions est-elle une fausse bonne idée ? D’ci 2024, toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants seront tenues de mettre en place une Zone à faibles émissions mobilité (ZFE-m) interdites d’accès aux véhicules les plus anciens - et donc polluants – et où seront privilégiés les circulations dites « douces », au premier rang desquelles la marche et la bicyclette.
Paris et son agglomération ont devancé l’appel, puisque depuis le 1er juin, des restrictions de circulation s’appliquent du lundi au vendredi de 8 à 20 heures pour les véhicules étiquetés Crit’Air 4, Crit'Air 5 ou non classés dans l’ensemble du périmètre délimité par l’autoroute A86 (A86 exclue). 79 communes sont concernées, soit 5,6 millions d’habitants.
D’autres métropoles de province rejoindront le mouvement d’ici la fin de l’année : Lyon, Grenoble, Aix-Marseille, Montpellier, Nancy, Toulouse, Rouen et Toulon.
Dans le même temps, un sondage Harris Interactive réalisé à l’initiative du Centre National des professions de l’Automobile (CNPA) et déjà évoqué par Caradisiac souligne que 6 Français sur 10 ignorent encore ce qu’est une ZFE et ce que sa mise en place entraînera comme contraintes nouvelles au quotidien. Mieux (ou pire) : près de la moitié des Français n’est même pas au courant des futures interdictions concernant les véhicules diesel en ville.
Un véritable séisme, donc, pour une population à qui on a raconté pendant des années que le diesel était meilleur pour l’environnement que les moteurs essence en vertu d’émissions de CO2 moindres.
Actions anti-ZFE...
C’est dans ce contexte que l’association 40 Millions d’automobilistes officialise ce matin le lancement d’un plan d’actions intitulé ZFE, Non aux formes d’exclusion visant à ralentir autant que possible la mise en place de mesures qui, selon ses estimations, toucheront 25,9 millions de véhicules, soit environ 68% du parc roulant.
« Nous demandons à tous les usagers de la route qui seront impactés par les futures mesures d'interdictions de circulation d'adresser un courrier au Président de la République pour lui faire part des conséquences d'une telle mesure sur leurs déplacements quotidiens », déclare Pierre Chasseray, délégué général de 40 millions d'automobilistes. « Emmanuel Macron a récemment reconnu l'erreur qu'il avait commise en imposant un alourdissement de la taxe carbone sur les carburants - erreur qui avait conduit tout droit au mouvement des 'Gilets jaunes' - il est nécessaire qu'il prenne conscience aujourd'hui du fait que l'extension des ZFE dans les modalités prévues par le projet de loi risque de raviver la colère des Français. »
L’association cherche à ratisser large avec ses actions qui, outre une vaste mobilisation des automobilistes sans lesquels rien ne pourra se faire, vise à alerter des sénateurs toujours prompts à titiller le gouvernement. Ceux-ci sont appelés à examiner le projet de loi « Climat et Résilience » à partir d'aujourd'hui, après le passage dudit projet à l’Assemblée nationale.
La démarche s’accompagne d’une action juridique qui vise plus particulièrement l'article 27 de ce projet de loi, lequel irait « à l'encontre du combat mené contre l'obsolescence programmée depuis ces dernières années. Avec ce dispositif, les automobilistes vont devoir faire l'acquisition d'un nouveau véhicule alors que l'ancien est encore en parfait état de fonctionnement, s'ils ne veulent pas être sujets à une verbalisation récurrente ! À notre sens, ces restrictions de circulation portent une atteinte grave et disproportionnée à des principes garantis par la Constitution, tels que celui de la liberté d'aller et venir de l'automobiliste et le respect de la vie privée » selon Mes Ingrid Attal et Jean-Baptiste Iosca, les avocats composant la commission juridique de l’association.
...mais sans grand espoir
Des arguments parfaitement recevables, mais - soyons clairs - il n’y a aucun espoir que le gouvernement revienne en arrière sur ses engagements en matière écologique à moins d’un an de la présidentielle.
Ce lundi matin, durant un briefing du ministère de l'écologie auquel Caradisiac participait, l'entourage de Barbara Pompili rappelait d'ailleurs que depuis 2017, plus de 800 000 primes à la conversion avaient été attribuées, permettant à des ménages aux revenus modestes de changer de véhicule. Et un conseiller de préciser que "selon les données de Santé Publique France, la baisse du trafic et donc des émissions d'oxydes d'azote permise par le premier confinement, au printemps 2020, avait permis d'éviter 1 200 décès. Et avec l'interdiction des véhicules Crit'Air 3 dans la ZFE du Grand Paris à partir de 2023, on vise une amélioration de la qualité de l'air de l'ordre de 40%"
Dans ces conditions, il est assez inconcevable que le gouvernement accepte de moduler la mise en place du calendrier de mise en place des ZFE, lequel a été "choisi après concertation avec les collectivités territoriales concernées." Pétitions ou non.
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