Festival Alfa Romeo
Devant un public nombreux partagé entre son affection pour Raymond Sommer et son désir de voir triompher une voiture bleue, les 42 machines alignées en épis s'ébranlent à 16 heures. Les deux Delahaye 4.5 litres premières sur la grille de départ s'élancent en tête, mais elles sont immédiatement débordées par l'Alfa Romeo de Sommer qui revient de l'arrière comme une fusée. Le pilote ardennais s'installe au commandement et dès le premier tour (départ arrêté pourtant), il frôle le record du tour ! Seul Philippe Étancelin parvient à garder le contact. Le pilote normand attaque, réussi à passer en tête, s'incline et repasse, mais il casse son moteur dans cette brève bagarre. Mené dans la plus pure tradition des Grands Prix, ce début de course est aussi spectaculaire que destructeur. Les Delahaye 4.5 litres s'essoufflent. Comotti trahi par sa boîte et Chiron par son moteur doivent renoncer avant même d'avoir pu dévoiler leur potentiel. Les autres ne peuvent que suivre de loin. Les Delahaye 135 misent sur la régularité, mais à minuit, la meilleure d'entre-elles, pilotée par Chaboud - Trémoulet a déjà concédé six tours à l'Alfa Romeo. Insolente d'aisance et de fraîcheur, la voiture italienne poursuit sa ronde en roulant nettement au-delà de tous les records. La Delage et la Talbot de Trévoux - Levegh qui avait tenté de résister pendant la nuit paye bientôt leur audace et au matin, les autres Françaises ont renoncé au combat et décidé de jouer placé. Dans ce contexte, l'avance de l'Alfa Romeo est presque surréaliste : 14 tours, soit près de 190 km sur la Delahaye de Chaboud - Trémoulet. Régulier le tandem n'a pas été épargné par les ennuis (boîte de vitesses, échappement cassé) faute d'une bonne préparation mécanique.
Coup de théâtre sur les Hunaudières
Peu avant 14 heures, la course bascule. Le pneu avant droit de l'Alfa éclate à pleine vitesse. Sommer parvient à contrôler l'embardée et à rentrer à son stand. Biondetti repart, mais deux tours plus tard, il s'immobilise entre Arnage et Maison Blanche. Pendant la "voltige" de Sommer, la transmission a été touchée et entraînée une rupture d'une canalisation d'huile qui a grippé le moteur. La Delahaye de Chaboud - Trémoulet hérite donc du commandement à deux heures de l'arrivée. Deux heures de torture pour l'équipage qui roule en prise directe depuis ses ennuis de boîte de vitesses et surtout sous la menace d'une possible disqualification. Ils ont, en effet, perdu le bouchon de leur réservoir d'essence portant le scellé de garantie apposé par l'organisateur. C'est un cas de mise hors course, mais à l'arrivée personne ne le verra (ou ne voudra le voir) et c'est cette Delahaye très fatiguée qui finit par s'imposer devant l'autre 135, tout aussi malade (réservoir fissuré) de Serraud-Giraud Cabantous. Un véritable triomphe pour les couleurs françaises qui raflent les cinq premières places (du jamais vu !), alors que la victoire à l'indice revient à une petite Simca 5 préparée par Amédée Gordini.
24 Heures du Mans 1938
Classement final
1. Chaboud - Tremoulet (Delahaye 135 MS) 3180,940 km à 132,539 km/h
2. Serraud - Giraud Cabantous (Delahaye 135 S), 3158,873 km
3. Prenant - Morel (Talbot Lago SS), 2959,697 km
4. Villeneuve - Biolay (Delahaye 135 S), 2945,791 km
5. De Cortanze - Contet (Peugeot 402 Darl'Mat), 2896,981 km, 1er catégorie 1501 à 2000 cm3
6. Orsich - Sauerwein (Adler Trümpf), 2856,382 km
7. Lhör - Von Guilleaume (Adler), 2765,037 km, 1er catégorie 1101 à 1500 cm3
8. Savoye - Savoye (Singer), 2350,982 km, 1er catégorie 751 à 1100 cm3
9. Debille - Lapchin (Simca 8), 2329,556 km
10. Clark - Chambers (HRG), 2303,287 km
... 14. Aimé - Plantivaux (Simca 5), 1er Indice de performance
42 partants, 15 classés
Meilleur tour en course :
Sommer (Alfa Romeo 2900 B), les 13,492 km en 5'13''8 soit 154,783 km/h
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