24 h du Mans : Tristan Guyot, un caranaute nous raconte sa course
Qu'est ce que l'on ressent quand on est à l'intérieur d'une course mythique telle que les 24h du Mans ? Si vous désirez une réponse, c'est peut être bien vers un certain Tristan Guyot qu'il faut se tourner. Ce pilote intégré à la Team Flembbo, de Vitry-sur-Seine a contacté la rédaction pour faire partager son expérience de sa course cette année pendant les 24h.
Savoir gérer la pression, les incidents et les coups de stress ou encore la fatigue est tout un art ! Surtout quand il y a un staff de plus d'une vingtaine de personnes qui sont derrière vous ! Un récit vu de l'intérieur et sur le guidon !
J'ai vécu la semaine dernière une aventure assez particulière : Nous nous sommes retrouvés mardi matin avec Teddy Jardin et Fred Notte, mes deux coéquipiers, ainsi qu'avec l'équipe sur le circuit afin de prendre part aux essais libres qui se dérouleront toute la journée. Nous améliorons chacun nos temps peu à peu mais en fin de journée, Fred, mon coéquipier chute et se casse les deux poignets avec un bon choc à la tête ! A ce moment nous sommes assez dubitatifs sur la suite des évènements car nous sommes loin en termes de chrono et il va falloir se qualifier sans parler du fait que nous n'avons plus de 3ème pilote…
Nous nous retrouvons dans l'obligation de trouver un pilote et c'est chose faite dès mercredi matin avec le recrutement de Xavier Barbançon dit el calamar…avec qui le courant passe directement auprès de toute l'équipe. Jeudi après une petite séance libre c'est la première qualif, nous sommes 53ème et nous avons du mal avec cette moto, elle manque vraiment de puissance par rapport à toutes les autres machines alors il faut attaquer énormément pour compenser.
Vendredi pour la deuxième qualification nous améliorons un petit peu, mais le chrono ne veut pas descendre malgré une attaque de tous les instants. Nous partirons donc 54ème sur 55 pour la course. Mais le moral n'est pas atteint, nous sommes une jeune équipe et la mayonnaise prend progressivement, tout le monde se décontracte un petit peu l'après-midi, Nous signons quelques posters lors de la traditionnelle visite des stands et le soir les mécanos s'entrainent aux ravitaillements. Tout semble prêt pour le combat !!! De toute façon nous sommes conscients que partir de loin lors d'une course d'endurance n'est pas un réel handicap, même si bien sur cela limite les chances d'espérer un bon résultat !
Après un warm up sans soucis, un bon repas et la photo groupée de tous les pilotes sous le podium, c'est Teddy qui fut chargé du départ. Il me ramena la moto 50 minutes plus tard, le temps d'un ravitaillement type formule 1, j'enfourche la moto et me voici parti pour mon premier relais. Tout allait bien sauf qu'un concurrent est venu me percuter au freinage, manquant de me faire tomber. Ce fut le seul « incident » de la course. J'ai eu du mal à finir mon relais car cet évènement m'a crispé, heureusement nous avions deux ostéopathes à notre disposition, et grâce à eux le deuxième relais s'est déroulé à merveille. Nous nous sommes ainsi échangé la moto toute la nuit, Xavier a même doublé un relais pour nous permettre de nous reposer (Teddy et moi). La fatigue était de plus en plus présente, c'est dur physiquement mais aussi et surtout mentalement, il ne faut pas craquer.
Depuis le début, notre régularité nous permet de grappiller des places, nous étions 26ème à minuit, 22ème à 6h et 19ème à 10h ! Il est 14h30 et je n'ai jamais été aussi concentré de la course, je vais prendre le guidon pour finir la course, je n'ai pas le droit à l'erreur et je suis à 30 minutes d'un grand bonheur… Enfin, après une quinzaine de tours, il est 15 heures et c'est la libération, je m'arrête dans la ligne droite des stands sur le bord de la piste où tous les membres de mon équipe m'attendent, grimpés sur le muret, c'est l'explosion de joie, je fais fumer mon pneu arrière pour le show, nous nous adressons de grandes tapes amicales et je pars pour le tour d'honneur, les larmes aux yeux, épuisé mais heureux, j'en ai rêvé depuis des années et voilà c'est fait.
Cette 18ème place a une odeur de victoire pour nous, qui n'avons cessé de remonter des places tout au long de la course ! Depuis que j'ai commencé à faire de la moto en 2004, je n'avais jamais eu de résultat marquant, j'avais fait quelques bonnes choses, mais j'ai eu beaucoup de déceptions. Je me suis accroché, j'ai continué d'y croire et le travail a payé, enfin… J'ai eu la chance d'avoir deux super coéquipiers, c'est important quand il s'agit de dépasser ses limites, nous étions solidaire et prêts à tout donner pour aller au bout. Je dois remercier mon équipe qui a fait un boulot formidable, particulièrement Joseph, le chef mécano, qui depuis un mois a travaillé comme un fou. Nous avons douté quelquefois, mais surtout malgré les obstacles, nous nous sommes accrochés car il s'est passé beaucoup d'événements au sein de l'équipe ces derniers temps.
Un grand merci également à ma famille et mes proches pour leur soutien, à Jonathan qui avec Joseph a beaucoup donné, à son père Pascal, the team manager, à Ema, à tous les mécanos et le staff, les cuistots (des chefs), les ostéos, Alain le photographe et son frère et bien sur le big boss de l'équipe, Laurent Engel, patron de la concession Leader Team à Vitry sur Seine ! Enfin pour ma part je dois ma participation à ces 24 heures au magasin Dafy moto à Tours qui m'a permis de m'engager sur cette course mythique et magique.
Prochaine étape les 8 heures d'Albacete, 2ème étape du mondial d'endurance le 25 mai prochain.
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