86 millions de voitures vendues en 2023 et quoi et quoi et quoi
Avec 86 millions de véhicules vendus en 2023 le marché de l'automobile reprend des couleurs (+ 9 %). Mais c'est surtout son évolution qui interpelle. Ce 16 janvier le cabinet de conseil international AlixPartners a partagé son analyse du marché automobile : électrification, logiciel et développement des aides à la conduite s'invitent transforment la voiture en véritable terminal électromécanique.
Des véhicules mis à jour à distance, optimisés comme des ordinateurs, capables de gérer
des données de trafic en temps réel... Selon AlixPartners, plus de 70 % des entreprises tous secteurs confondus, introduiront des « Software-Defined Vehicles » (SDV) sur le marché au cours des quatre prochaines années. Ces voitures dotées de logiciels modifiables à distance permettant l’évolution des éléments de sécurité, de confort de conduite ou de performances, vont permettre de faire évoluer leurs fonctionnalités tout au long de sa vie.
Voiture et terminal électromécanique
Pour développer ces SDV, les industriels doivent nouer des partenariats, recourir à des fournisseurs ou intégrer et développement de nouveaux talents en interne. Par branche d’activité, les équipementiers (65 %) sont les plus enclins à réaliser des collaborations technologiques avec le monde de la tech, contre seulement 38 % pour les constructeurs automobiles. Pourquoi une telle disparité ? Question de culture, d’appréhension, notamment en matière de cybersécurité, et in fine de propriété industrielle. Ainsi plus de la moitié des constructeurs (51 %) préfèrent développer leur propre système logiciel (propriétaire) pour gagner en indépendance et en souplesse. Mais au vu des coûts très élevés de développement et de l’impératif de mise rapide sur le marché, les constructeurs ont tout intérêt à favoriser les partenariats. « Les constructeurs ont besoin que les équipementiers se focalisent sur l’innovation à un rythme accéléré. En identifiant des solutions faciles à mettre en œuvre plutôt que de chercher à résoudre toutes les contraintes associées à la gestion des données et de la cybersécurité », a déclaré Alexandre Marian, Partner et Managing Director chez AlixPartners.
En effet, les équipementiers vont devoir aller vite, au risque d’être dépassés et de perdre leur plus-value face à des constructeurs et compagnies Tech qui sont déjà bien avancés sur le sujet.
Aides à la conduite plébiscitées
Pour les constructeurs, ces fonctionnalités de conduite, associées aux possibilités des SDV, offrent de nouvelles perspectives commerciales. AlixPartners prévoit qu'en 2030, le chiffre d'affaires annuel des systèmes ADAS pour les véhicules de tourisme atteindra 191 milliards de dollars dans le monde. Une enquête réalisée fin 2023 auprès de plus de 3 000 utilisateurs révèle que les conducteurs ayant testé les ADAS leur font davantage confiance (78 % d’avis positifs contre 60 % les autres). Pour un véhicule d’une valeur de 50 000 dollars, les consommateurs sont prêts à payer davantage en fonction du degré d’autonomie : de 2 800 dollars pour des systèmes de niveau 2 (automatisation partielle) jusqu’à 16 600 dollars pour les niveaux d’autonomie totale encore en développement (niveau 5). Et si on regarde par région, les automobilistes chinois sont les plus intéressés par les fonctions ADAS, 89 % sont prêts à faire des compromis sur d’autres équipements, contre 53 % aux États-Unis et 68 % en Allemagne. Concernant le surcoût d’un tel équipement, 40 % des conducteurs chinois sont prêts à payer plus cher pour l’avoir contre 21 % aux États-Unis et 23 % en Allemagne. Pourquoi une telle disparité d’appétence ? Tout simplement parce qu’en Chine, les systèmes d’aide à la conduite sont très développés y compris sur le segment des voitures moyenne gamme. Enfin, quant à savoir quel modèle (embarqué initialement ou abonnement) 58 % des consommateurs chinois interrogés sont ouverts à un modèle d'abonnement (44 % aux États-Unis, 54 % en Allemagne).
Nécessaire adaptation des constructeurs
Plus de 40 % des consommateurs préféreraient un abonnement mensuel, plutôt qu'un paiement initial unique. Les consommateurs privilégient ainsi l’utilisation de services à la carte en fonction de leurs besoins, « un modèle proche de l’abonnement, indique Jean-Noël Truchet, Partner chez AlixPartners. C’est très nouveau, dans une industrie où l’on a l’habitude d’être propriétaire d’un véhicule une bonne fois pour toutes. On pourrait alors imaginer accéder à ces services pour des périodes limitées, comme le temps des grands trajets des vacances d’été, par exemple ». Un changement de paradigme en perspective pour les constructeurs automobiles où la majorité encore (51 %) veut garder la propriété de leur système embarqué.
Électrification du parc en forte hausse
2023 a été une année de rattrapage des volumes avec 86 millions de véhicules neufs vendus, contre 79 l’année précédente (+ 9 %). Mais au-delà de ce coup d’accélérateur, les prévisions AlixPartners tablent désormais sur une croissance lente des volumes, de 88 millions en 2024 à 94 en 2028. Par segment de motorisation, la proportion de véhicule thermique va continuer à baisser, face à la hausse des véhicules électriques. L’Europe a été le marché le plus dynamique, face aux États-Unis et à la Chine, avec une hausse de 17 % des volumes de ventes (17,5 millions en 2023, +17 %), qui sera remplacée dès l’an prochain par une croissance moyenne de 1 % par an jusqu’en 2027. À cette date, les véhicules électriques devraient représenter 36 % des ventes automobiles en Europe, contre 64 % pour les véhicules thermiques et hybrides. Mais c’est en Chine que le marché des véhicules électriques sera le plus dynamique avec 52 % des ventes, contre 26 % seulement aux États-Unis.
Baisse du coût des matières premières
Depuis le pic de mars 2022 (8 816 dollars/véhicule), le coût en matière première d’un véhicule électrique est en baisse constante pour atteindre en décembre dernier 3 693 dollars par voiture. Malgré cette baisse le coût en matière première d’un véhicule électrique reste près de deux fois supérieur à celui d’une voiture thermique (1 823 dollars en décembre 2023). Si « la baisse du prix du lithium a été impressionnante (principal composant des batteries NDLR) il faut prendre en compte l’incertitude sur la demande de véhicules électriques, notamment liée à l’évolution des politiques de subventions. En parallèle, l’offre de lithium ne cesse d’augmenter, l’équilibre entre offre et demande est instable. Et cela pourrait générer de la volatilité », analyse Florent Delaunay, Director chez AlixPartners.
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