Un enregistrement a été dévoilé par l'Express et France 2. Il prouve que Renault, un mois après le dépôt d'une plainte pour espionnage, n'était pas sûr de ses sources et manquait de preuves certaines.


Quatre personnes sont présentes lors de la discussion qui se déroule le 14 février 2011. Il y a Christian Husson, directeur juridique de Renault, Rémi Pagnie, chef de la sécurité, Me Jean Reinhart, avocat du groupe et Dominique Gevrey, responsable de la sécurité alors sommé de dévoiler sa source.


« C'est quelqu'un avec qui on travaille depuis un certain temps, qui nous fait confiance, qui nous donne des super tuyaux », affirme Gevrey. « C'est pas parce que la Suisse répond négativement que ça met en doute la validité de notre informateur. (...) S'ils trouvent pas, c'est qu'ils ne veulent pas trouver », poursuit-il. « On est là, ensemble, pour essayer de sortir une putain de solution. Pas pour t'emmerder », insiste Husson. « Aide-nous à sortir par le haut de ce merdier (…) La pièce qui déclenche notre plainte, c'est qu'il y a des comptes offshore. Si on n'a pas cette pièce, tout s'écroule. Est-ce que tu as pensé à un moment que ton type t'enfumait ? » Mais Gevrey ne donnera aucun nom : « Dès le départ, on a dit : attention ! Les éléments qu'on a ne sont pas recevables en justice », ajoutant ensuite qu'il possédait des pièces écrites n'ayant cependant aucune valeur juridique. De quoi inquiéter Me Reinhart : « Si on regarde avec un peu de recul le dossier, tout tient en une personne qui nous a donné des renseignements extrêmement précis ». Et se demande : « Est-ce que cette personne nous a baladés ? ». Le coup de grâce sera donné par Husson, au bout des 90 minutes qu'aura duré l'entretien : « Le plus important, c'est qu'on retombe sur nos pattes sur la matérialité de l'existence de ces comptes. (...) Si jamais la DCRI apprenait avant nous qu'il n'y a pas la soudure, là, c'est la fin des haricots pour la boîte, pour Ghosn, pour tout le monde, ça part en couilles mais grave ! C'est la bombe atomique ! Tu vois bien le merdier: réhabilitation à grand spectacle avec cocktail au technocentre. (...) Là, ça m'arrache le cul. »


Renault n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant au sujet de cet entretien que vous pouvez retrouver en intégralité sur le site de l'Express.