Si les agrocarburants sont montrés par les gouvernements et certains industriels comme la solution parfaite à la raréfaction du pétrole et au réchauffement climatique, les associations écologistes, elles, tentent régulièrement d'alerter le public sur leurs potentiels effets néfastes. Aujourd'hui, et alors que Bruxelles vient de valider 7 critères destinés à déterminer la durabilité d'un agrocarburant, c'est au tour de France Nature Environnement de tirer la sonnette d'alarme.


En cause, le problème du changement indirect d'affectation des sols (CASI). Car alors que l'Europe ambitionne d'atteindre les 10% de carburants « verts » dans les transports d'ici 2020, certains problèmes, et non des moindres, ne semblent à l'heure actuelle toujours pas résolus. Les critères de durabilité établis par la Commission Européenne sont les suivants : leur utilisation doit permettre de réduire d'au moins 35% les émissions de gaz à effet de serre par rapport à un carburant fossile et ils ne doivent pas être cultivés sur des zones actuellement constituées de tourbières ou de forêts. Là où le bât blesse pour les associations, c'est en ce qui concerne ce qu'on appelle le changement indirect d'affectation des sols (CASI).

Car rien n'empêche en effet de cultiver des agrocarburants en lieu et place de cultures alimentaires et de déplacer ces dernières dans les tourbières et forêts susmentionnées. Pour appuyer son propos, France Nature Environnement, qui publiait récemment un communiqué sur ce sujet, cite les résultats d'une étude menée par l'Institute for European Environmental Policy (IEEP) et qui démontre que la politique européenne en matière d'agrocarburants entraînerait le changement d'affectation des sols sur une surface équivalente à la Belgique, avec des conséquences désastreuses tant que pour l'environnement que pour la sécurité alimentaire.

« Comment peut-on certifier des filières d’agrocarburants durables, alors que les règles du jeu ne sont pas encore stabilisées ? », demande Jean-Claude Bévillard, Vice-Président de France Nature Environnement. « Une fois de plus, on met la charrue avant les bœufs et on fonce tête baissée sans se préoccuper des conséquences alimentaires, environnementales et sanitaires des agrocarburants ! » France Nature Environnement dénonce ainsi une « décision totalement prématurée ».