Vladimir Poutine est décidément très dur en affaire. Non content d’exiger de l’argent frais de Renault vendredi, sous peine de voir la participation du constructeur français dans AvtoVAZ fondre comme neige au soleil, il entend bien aussi que la marque au losange partage son savoir-faire technique. Le beurre, l’argent du beurre et le verre de vodka. Cul sec.
Depuis l’acquisition en 2008 de 25% d’AvtoVAZ qui lui a coûté 1 milliard de dollars (680 millions d’euros), Renault est fortement sollicité pour mettre à nouveau la main au portefeuille pour une rallonge de 17,5 milliards de roubles (398 millions d’euros). Et pas par n’importe qui, par Vladimir Poutine lui-même. En cas de refus, cette main tendue pourrait devenir un poing fermé, puisque le premier ministre russe menace alors d’augmenter le capital d’AvtoVAZ et de réduire ainsi mécaniquement la part de Renault jusqu’à 6%.
Pourquoi un tel empressement ? Car il y a le feu au lac Baikal, les ventes de Lada, marque du groupe, ont chuté de 44%, mettant AvtoVAZ dans une mer Noire, comme l’a déclaré Poutine hier : "AvtoVAZ a besoin d'être restructuré. Nous savons tous que, si nous ne faisons rien, l'entreprise restera malade pendant une longue période, puis qu'elle cessera tout simplement d'exister. Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser cela se produire". Joignant le geste à la parole pour montrer l'exemple, le gouvernement russe a déjà octroyé 25 milliards de roubles (570 millions d’euros) pour commencer, mais entend bien que les actionnaires participent aussi.
Qui dit restructuration dit licenciements, qui pourraient atteindre 27 600 postes selon Renault, soit un quart des effectifs. Une partie du plan qui à elle seule coûterait 12 milliards de roubles (273 millions d'euros). Mais ça n’est que la partie visible de l’iceberg : selon le journal Kommersant, pour assainir totalement sa situation financière, AvtoVAZ aurait en fait besoin de 70 milliards de roubles supplémentaires, soit 1,6 milliard d’euros, ce qui comprend le remboursement des dettes de l’entreprise (1,23 milliard d’euros), un programme d’investissement (216 millions d’euros) et 63,6 millions d’euros pour compenser le reflux financier.
Mais Vladimir Poutine voit bien au-delà du sauvetage et n’en a donc pas qu’après l’argent de Renault, comme l’annonce aujourd’hui le quotidien Le Figaro, mais veut aussi sa technologie, son savoir-faire et ses licences. Pour cela, rien de mieux que d’installer les plates-formes d’assemblage sur place, comme celles des Logan. Et ça marche : "Renault est prêt à développer un certain nombre de modèles sur les lignes de production d’Avtovaz", comme vient de le confirmer le directeur de la filiale russe de Renault, Christian Estève.
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