2014 est la 1ère année depuis 15 ans qui verra le bilan routier être moins bon que l'année précédente ? Vrai, c'est aujourd'hui une quasi-certitude, l'année 2014 sera plus meurtrière que ne l'a été 2013. Et il faut remonter à 1998 pour rencontrer ce même cas de figure (voir notre tableau ci-contre).
Pour l'instant sur les onze premiers mois de l'année, le bilan 2014 fait état de 3 103 morts, contre 2 955 l'an passé. Il y a donc 148 tués déjà de plus par rapport à 2013. Et à moins d'une énorme surprise en décembre, le nombre de morts sur les routes devrait donc être supérieur, de l'ordre toujours de 150 morts (voire un peu plus ou, mieux, un peu moins), à celui de 2013. Cette dernière avait été de ce point de vue-là exceptionnelle, avec une baisse relativement importante de plus de 10 % par rapport à 2012. L'amélioration de la situation n'avait pour le coup pas été aussi nette depuis 2006 (voir encore notre tableau ci-contre).
2014 est la pire des années depuis belle lurette en ce qui concerne ce même bilan de morts sur les routes ? Faux, archifaux ! A moins d'une hécatombe abyssale en ce mois de décembre, le bilan 2014, certes moins bon que 2013, restera meilleur que celui de 2012 et donc des années précédentes (voir encore et toujours notre tableau ci-contre).
Comment expliquer que le bilan ne soit pas meilleur que celui de 2013, contrairement à ce que l'on avait l'habitude d'enregistrer depuis des années ? La première des raisons n'a sans doute rien à voir avec la politique de la Sécurité routière, contrairement à ce que l'on a pu entendre ce mardi. La météo 2014 a en effet été très certainement moins propice que celle de 2013 pour gagner des morts sur les routes. En 2013, des épisodes neigeux avaient notamment eu pour conséquence de clouer les voitures sur-place et donc de réduire sensiblement la circulation routière. Or, quand les véhicules ne roulent plus, forcément il y a moins d'accidents, et surtout moins de tués.
Ceci étant dit, les effets d'annonce fonctionnent, semble-t-il, très bien en matière de Sécurité routière. On l'a vu en 2002, avec l'annonce de la mise en place du contrôle automatisé, alors que les radars n'ont commencé à être installés que fin 2003. Or, c'est bien dès 2002, que la baisse de la mortalité routière a eu tendance à s'accélérer. Inutile de le nier.
Moins de communication,
mais toujours plus de pression sur la vitesse
Or, si en 2013, il y a eu peut-être l'effet "radars mobiles mobiles", ces radars logés dans une voiture banalisée, capables de flasher en roulant dans le flux de la circulation, et non plus seulement à l'arrêt sur le bord des routes, en 2014, il n'a rien eu du tout ! Ou presque… Puisque le début de l'expérimentation des radars double-face a tout de même été fortement médiatisé en fin de semaine dernière. En tout cas, ce manque de communication sur la Sécurité routière ne devrait pas durer. Le ministre de l'Intérieur a d'ores et déjà fait savoir qu'il préparait « une batterie de mesures » pour janvier.
Que prévoit Bernard Cazeneuve ? Très certainement de revenir sur une autre expérimentation, celle de la baisse de la limitation de la vitesse, de 90 à 80 km/h, sur des portions de routes secondaires. Mais encore ? Cela pourrait être aussi l'officialisation de la présence de fonctionnalités redoutables, d'ores et déjà rajoutées sur les cabines radars ! Car même si on entend moins nos autorités sur le sujet, cela ne veut aucunement dire qu'il ne se passe rien sur le terrain. Et le contrôle automatisé est bel et bien en train – et en douce – d'être sérieusement perfectionné ! De quoi s'agit-il ?
- 1. La fonction "IDV", pour identification de la voie d'infraction, a été généralisée – ou est en passe de l'être - sur les cabines. Seuls les radars discriminants, ces radars fixes un peu particuliers qui sont théoriquement capables de prendre aussi bien les véhicules légers que les poids lourds en excès de vitesse, en étaient jusque-là dotés. Cette fonctionnalité IDV permet alors d'identifier la voie sur laquelle circule le véhicule en infraction, quand la route contient plusieurs voies (comme les autoroutes) et quand la photo prise par le radar présente non pas un seul véhicule, mais plusieurs… Des clichés qui sont voués, sans cette fonction IVD, à finir à la poubelle.
Que cette fonctionnalité soulève des questions d'ordre juridique, c'est un autre débat. En pratique, elle est en place et elle n'est pas encore discutée devant les tribunaux. Il faut rappeler en effet que selon l'arrêté de 4 juin 2009 relatif aux cinémomètres de contrôle routier (le nom savant des radars), les appareils à effet Doppler (comme ceux utilisés dans les cabines) doivent normalement satisfaire aux exigences suivantes : « Lorsque deux ou plusieurs véhicules de vitesses différentes entrent simultanément dans le faisceau de mesure, le cinémomètre ne doit donner aucun résultat de mesurage »… Ce qui nous laisserait à penser qu'il ne doit donc pas se déclencher, ni prendre de photos, pour éviter tout doute possible.
- 2. C'est tout nouveau aussi : les cabines peuvent désormais prendre également dans le sens inverse de la circulation ! Le certificat d'homologation de ce type d'appareil, daté du 11 décembre dernier, prévoit ainsi l'ajout de la « fonction de détection des véhicules en infraction dans les deux sens de circulation ». C'est donc encore plus d'infractions que les automates sont capables de repérer.
- 3. L'étau se resserre aussi pour les étrangers qui circulent sur le réseau national. Depuis la mise en place de la directive européenne permettant l'échange d'informations des conducteurs entre pays, les accords permettant à la France d'envoyer les contraventions aux propriétaires étrangers des véhicules flashés se multiplient (voir notre tableau ci-dessous).
Etat des échanges d'informations des propriétaires de véhicules étrangers circulant en France
Pays |
Volumes annuels des échanges estimés |
Les échanges sont-ils actifs ? |
Allemagne | 400 000 | Oui |
Espagne | 400 000 | Possible |
Royaume-Uni | 400 000 | Non |
Italie | 368 000 | Non |
Belgique | 332 000 | Oui |
Suisse | 214 000 | Oui |
Pays-Bas | 200 000 | Oui |
Luxembourg | 98 000 | Accord partiel (correspondant à 33 000 échanges sur la totalité) |
Portugal | 43 000 | Non |
Total | 2 455 000 | 1 179 000 échanges actifs |
Source : ministère de l'Intérieur
Autrement dit, ce n'est pas parce que le gouvernement actuel en a moins fait cette année que ce à quoi nous sommes habitués depuis la mise en place des radars automatiques, qu'il existe sur le terrain un relâchement sur la vitesse. Avant les départs pour Noël, mieux vaut le rappeler et mettre en garde tous les usagers sur les excès de vitesse, même mineurs. Dès 1km/h de trop, ils prennent bel et bien le risque de se faire flasher !
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