362 marques, 25 pays et plus de 90 nouveautés en première mondiale, le salon de Paris demeure une magnifique machine à rêver. Mais sous les strass et les paillettes, la crise pointe.
La Porte de Versailles a été pendant 15 jours une sorte d’univers parallèle où les visiteurs découvraient un monde presque idéal fait de magnifiques hôtesses, de nouvelles Ferrari California, de Lamborghini Estoque et des dernières Renault Mégane. Un monde où l’automobile et l’environnement vivent en parfaite entente. Telle une sirène, le Mondial de Paris a charmé par son chant une foule immense. Pour preuve, avec 1,433 million de visiteurs, cette édition 2008 a battu un nouveau record de fréquentation. Ainsi, à l’approche du carré magique Bentley, Aston Martin, Ferrari, Rolls Royce, on se serait cru à certains moments à une heure de pointe dans le métro.
Beaucoup de visiteurs ne veut pas forcément dire, beaucoup d’acheteurs, pourtant le Mondial a généré un nombre de contacts commerciaux "beaucoup plus élevé qu'il y a deux ans. Ainsi, Citroën a signé une centaine de "bons de réservations" soit "trois fois plus" qu'en 2006. Renault annonce de 900 à 1.000 commandes et fait état de 500 contacts par jour pour la seule Mégane. Peugeot signale 15.000 contacts au total et 2.000 "propositions commerciales". Nissan a enregistré près de 250 commandes dont en moyenne "une GTR par jour.
Des résultats encourageants qui sont peut être les arbres qui cachent la forêt. En effet, le meilleur des mondes n’a pas vocation à durer indéfiniment. Déjà certaines fissures sont apparues à l’image des salariés de Renault qui sont venus exprimer leurs craintes pour leur emploi et ont écorné l’image du constructeur au losange en abîmant au passage le Concept Ondelios. Même les écologistes s’y sont mis en critiquant la sacro-sainte lutte contre le CO2 mise en place par les constructeurs.
Ces quelques agitations sont pourtant la partie visible de l’iceberg puisque le monde de l’automobile va devoir affronter dans les mois à venir une énorme tempête portant le nom de crise. Les termes de pouvoir d’achat, de difficultés économiques ont été officiellement bannis des stands même si certains PDG les ont évoqués lors des conférences de presse d’ouverture. A mots couverts, certains responsables ont reconnu que la période actuelle et les prochains mois allaient être particulièrement difficiles et que certains concepts dévoilés pour l’occasion avaient de fortes chances de rester dans les cartons. En effet, comme l’immobilier, l’automobile va être durement touchée car beaucoup oublient que 80% des voitures neuves sont achetées à crédit. Si les clients ont du mal à obtenir leur emprunt, les ventes vont plonger et c’est toute cette industrie qui pourrait battre de l’aile.
Tout le monde a donc eu raison de profiter de ce Mondial car le réveil risque d’être douloureux à l’image d’un lendemain de fête trop arrosé. Seule différence, la gueule de bois sera sûrement longue à se dissiper.
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