Ces engins ont beau devenir le comble de l'incongruité, il en est encore qui s'occupe de l'évolution de cette espèce bientôt vouée aux gémonies. Non pas pour les fondre dans leur environnement définitivement trop étroit, ni pour encourager leur sociabilité. Mais plutôt pour exciter encore un peu plus leur instinct sauvage en leur administrant des potions maléfiques décuplant leur puissance et leur masse.

Ainsi Gemballa s'est il occupé du Cayenne. Intimidante par nature, ce Faust du blason de Zuffenhausen fait en sorte que cette caisse mécanique soit véritablement un animal de métal. Coupleux et dépassant les 500 ch pour tutoyer les 1 000, voilà ce Léviathan des routes lancé en liberté dans une circulation où les autres espèces, chétives, ont une perception de l'espace temps radicalement contraire.

Le regard avide et la gueule béante il semble prêt à croquer tout ce qui s'approcherait de ce qu'il considère être comme son espace vital, mais qui n'est que le domaine public réglementé ouvert de droit à tous. Des chemins pour quoi il a été fait ne lui sont même plus de lointains souvenirs.

Sa crise identitaire fait peine à voir tandis que les météorites réglementaires et administratives se chargeront à terme de lui régler définitivement son compte. Restera alors l'empreinte de ces géants de 750 ch et de plus de deux tonnes, que de savantes études sociologiques fossiliseront dans l'inconscient collectif en cherchant la réponse à leur question existentielle : Pourquoi ?