Didier Maitret est président du directoire de BMW France.
Caradisiac: Comment voyez-vous le marché actuellement?
Didier Maitret: Pour l'instant, le marché est plutôt en baisse légère depuis le début de l'année. Dans le haut de gamme, il est stable. D'ici la fin de l'année, il devrait rester dans les mêmes proportions mais le plus important est ce qui se passe à l'intérieur et c'est d'ailleurs un peu préoccupant. Le marché dépend de plus en plus des promotions et les clients demandent de plus en plus de remises et c'est dangereux car cela érode les marges des constructeurs.
Dans le haut de gamme, ce n'est pas encore aussi fort mais on voit déjà certaines marques faire des rabais. BMW n'est pas rentré dans cette spirale ce qui explique que notre rentabilité soit satisfaisante. Toutefois, les conditions du marché sont beaucoup plus difficiles qu'il y a deux ou trois ans.
Caradisiac: Et l'avenir ?
Didier Maitret: Même si l'économie reprend, les français n'ont pas confiance dans le futur d'où des investissements dans l'immobilier. Ils n'hésitent donc pas à sacrifier l'achat d'une automobile. L'an prochain avec les élections (présidentielles et législatives), il faut que les nouveaux élus redonnent confiance aux français, ce qui les reconduirait dans les concessions.
Caradisiac: Concernant les modèles, vous continuez à élargir la gamme de la Série 3. Après la berline, le Touring, voici maintenant le coupé ?
Didier Maitret: Exactement, cela fait partie de la politique du groupe. On avait commencé, il y a un an et demi par la berline, puis il y a 12 mois par le Touring, voici maintenant le coupé et l'an prochain, ce sera le tour de la version coupé-cabriolet et plus tard de la M3. Le coupé est rempli de nouvelles technologies notamment au niveau des moteurs avec des doubles turbo, ce qui permet de baisser les consommations et les émissions tout en augmentant le couple et l'accélération. Ce coupé est également lancé en version Xdrive, c'est une première car il y a peu de coupés qui sont disponibles en version 4 roues motrices.
Caradisiac: Dans la gamme du SUV, à quand le nouveau X5 ?
Didier Maitret: La stratégie est relativement simple. Le X5 arrive en fin de vie puisque le nouveau sera lancé en Europe au printemps prochain et en fin d'année 2006 aux Etats Unis. Le futur X5 sera plus grand. Par conséquent, il nous fallait modifier le X3 sur le plan esthétique mais nous en avons profité également pour corriger des critiques que nous avions enregistrées au niveau des suspensions un peu dures ou du tableau de bord qui ne correspondait pas aux attentes des clients. A cette occasion, nous l'avons même doté de moteurs haut de gamme (286 ch en diesel).
Caradisiac : Dernière nouveauté, le Z4 coupé ?
Didier Maitret: Il s'agit d'un véhicule pour passionnés. Il a une ligne magnifique, deux motorisations sportives dont une version M qui satisfera les puristes même si je ne suis pas sûr que ce soit celle qui se vende le plus en France. C'est un produit pur image.
Caradisiac: Après plus de 20 ans à la direction de BMW France, vous allez quitter votre poste pour partir à la retraite, un bilan ?
Didier Maitret: J'ai beaucoup de bons souvenirs. Avant tout, réussir à créer une équipe homogène qui a amené la marque sur le podium de la satisfaction clients. On est également passé de 20 000 à plus de 50 000 ventes/an. Le troisième motif de contentement est d'avoir senti les tendances du marché et d'être arrivé à influencer les choix de la marque en réussissant à avoir des petits diesels, en poussant pour l'arrivée de la Série 1 ainsi que de la nouvelle Mini qui est du bonheur à l'état pur.
Je n'ai qu'un seul regret : l'échec de Rover. On avait remotivé les équipes de Rover/Land Rover France mais cela n'a pas marché sur le plan international. Le groupe a pris la bonne décision de se séparer de ces deux marques mais sur le plan humain, c'est très dur de dire que tout est fini.
Caradisiac: Y a t il sur ce salon , un véhicule qui a retenu votre attention ?
Didier Maitret: Je n'ai pas eu le temps de me promener mais on voit actuellement une évolution du marché avec des tendances lourdes comme la baisse de la consommation et l'augmentation de la sécurité. On constate aussi une mutation du marché. Il y a 20 ans, il y avait une pyramide avec beaucoup d'acheteurs pour des véhicules peu coûteux et peu d'acquéreurs pour le haut de gamme. Aujourd'hui, on observe que le marché s'oriente vers une forme de sablier. Il y a une majorité de clients qui achète des modèles basiques. De plus en plus de gens vont vers le haut de gamme car ils se rendent compte que les coûts d'entretien ont diminué, que la revente est meilleure. Au milieu, on distingue que c'est plus dur ce que explique les difficultés de certains. Dans ce salon, on voit donc les marques qui montent et celles qui souffrent.
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