Pourtant, c'est par cette dernière question que débute une étude commandée à Ipsos par la Fédération Française de Motocyclisme (FFM) et la Fédération Française des Motards en Colère (FFMC) destinée, une fois n'est pas coutume, à l'ensemble de la population, motarde ou non. On parle d'un niveau de répression, terme plus fort que sanction, et plutôt que d'être augmenté, il serait durci, avec une emphase par le encore pour appuyer un peu plus. Toutefois, contre toutes attentes, le résultat n'est pas digne d'élections en république bananière : « seulement » 72% sont contre.
Deuxième question : « estimez-vous légitime de mettre en garde à vue une personne qui a commis une infraction routière sans provoquer d'accident ? ». Là, c'est déjà plus unanime : 86% des personnes interrogées sont contre, ce qui permet à l'étude de conclure que « devant la polémique sur les gardes à vue abusives dont 500 000 concerneraient des infractions routières, les Français remettent en cause la légitimité des gardes à vue en affirmant qu’une infraction routière n'ayant pas provoqué d’accident ne doit pas engendrer de telles conséquences ». C'est une façon de voir les choses. Une autre façon d'analyser ces résultats dans l'exagération opposée serait de dire que les Français sont pour rouler en état d'ébriété, sous l'emprise de stupéfiants, sans permis, ou à 50 km/h au dessus des limitations de vitesse, raisons les plus courantes menant à une garde à vue, même s'il n'y a pas d'accident. Auraient-ils répondu de la même façon si la question était allée dans ce sens ?
Enfin, troisième et dernière question : « êtes-vous favorable à ce que les faibles dépassements de la vitesse autorisée (moins de 10 km/h) soient sanctionnés par une amende mais sans retrait de point ? » Cette fois, le oui l'emporte à 72%. A première vue, c'est plutôt légitime. Suis-je tellement plus dangereux à 91 km/h dans une zone limitée à 90 que cela nécessite amende et retrait de point, fromage et dessert ? En regardant cependant, dans le détail des résultats, les profils des sondés, une tendance se dessine : ce sont les personnes disposant des plus hauts revenus qui ont répondu par l'affirmative. Rien d'étonnant, puisque cela équivaudrait à autoriser les plus riches à rouler vite sans avoir à se soucier de leur permis.
La sécurité routière en France présente des faiblesses, c'est une certitude : les radars privilégiant les endroits rentables aux zones accidentogènes, l'absence totale de surveillance des distances de sécurité, un examen pratique du permis de conduire toujours aussi peu exhaustif, la liste est longue. Mais en sombrant dans le populisme et la démagogie, cette étude dessert ces revendications plus fondées et plus précises et ramène l'automobiliste (et le motard donc par la même occasion) à sa caricature beaufisante de drogué de la vitesse estimant les limitations, les radars et les amendes, comme une atteinte à sa liberté la plus essentielle quelles que soient les conditions.
Retrouvez la seconde partie du sondage concernant les motards sur Caradisiac Moto.
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