Petit rappel chronologique : les premiers congés payés sont apparus en 1936 suite aux Accords de Matignon. Au nombre de quinze jours à l’époque, ils passent à trois semaines en 1956, à quatre en 1969 puis à cinq semaines en 1982. Selon la Mission interministérielle de l'effet de serre, le nombre des vacanciers français a doublé entre 1964 et 2004, passant de 20 à plus de 40 millions d’individus. Les Français ont petit à petit appris à apprécier les vacances au bord de mer et les loisirs en famille…au détriment de l’environnement : une étude de l'Institut français de l'environnement (IFEN), publiée en août dernier montrait que les déplacements des Français en voiture lors de leurs week-ends et pendant leurs vacances représentaient 16% des émissions annuelles de CO2 des véhicules particuliers sur le territoire français.

Une autre étude vient d’être rendue publique en février dernier : la Direction des Etudes Economiques et de l’Evaluation Environnementale (D4E) du Ministère de l’Ecologie affirme de son côté que 6% des émissions de gaz à effet de serre de l’année 2006 provient des déplacements touristiques français (transports internationaux inclus). Le chiffre s’élèverait à 8% si l’on prenait en compte les GES causés par le tourisme d’affaires. Enorme lorsque l’on sait que la part totale des émissions nationales dues aux transports s’élève actuellement à 26,5%…

Le tourisme effectué en France métropolitaine a causé 10,7 millions de tonnes de GES, soit 36% des émissions dues aux déplacements touristiques (tous transports confondus). Les séjours vers le Maghreb ou sur le territoire européen ont représenté 21% des émissions, soit 6 millions de tonnes de GES. Pour les destinations internationales, surtout l'Amérique (Etats-Unis, Mexique, Brésil...) et l’Asie (Chine...), les touristes ont participé à hauteur de 43% des émissions (soit 13 millions de tonnes de GES). Pour comparer la voiture particulière et le transport aérien, l’étude montre qu’en 2006, l’avion représentait 62% des émissions totales de GES (soit 18,5 millions de tonnes) et la voiture 36% (soit environ 10 millions de tonnes de GES). N’oublions pas que l’avion cause entre 2 et 4% des émissions totales au niveau mondial…

Le plus choquant dans cette étude : une minorité de personnes seraient les auteurs de la plupart des émissions, de part leurs activités et le choix de leur mode de transport. L’étude montre que seul 5% de la population française a émis la moitié des GES causés par les activités touristiques ! Et 10% d’entre eux ont généré presque les 2/3 des émissions en question… Pour comparer, 3 millions de touristes français ont ainsi émis 15 millions de tonnes de GES, soit autant que 60 millions de Français qui ne partent pas en vacances !

Enfin, il n’y a pas que les déplacements pour aller sur le lieu de vacances qui est mis en cause dans l’étude : les activités pratiquées sont aussi responsables d’une grande quantité d’émissions de GES. Sachez juste pour info que les activités estivales type plongée sous-marine, voile ou surf sont les plus pointées du doigt par l’étude, de même que les visites sur les sites naturels. Par contre, le ski et autres activités hivernales en montagne sont les plus respectueuses de l’environnement, grâce entre autres aux nombreux déplacements en train pour se rendre sur les stations.

Devant la croissance en continu du tourisme en général et l’augmentation des séjours à bas prix, le tourisme et ses conséquences sur l’environnement vont encore augmenter de façon exponentielle : certains rapports affirment que « la croissance continue du secteur touristique, s'il n'est pas pris de mesures d'atténuation, pourrait entraîner une augmentation de 150% de ses émissions de CO2 au cours des trente prochaines années ».

Face à l'augmentation des séjours et à la hausse des émissions de gaz à effet de serre qui en découlent, les élus tentent de trouver des solutions en prodiguant quelques conseils : en août dernier, la secrétaire d’état à l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet avait demandé aux Français de « valoriser des vacances et des loisirs à faible empreinte écologique » avec l’éco-tourisme et le tourisme durable. Certains tours opérateurs et des sites de vacances tels que la station des Gets essaient de sensibiliser les touristes au respect de l’environnement et de la culture locale. Les critiques contre le secteur aérien ont même poussé certaines compagnies telles que Air France et Air Canada à proposer un service de « compensation carbone », en versant de l’argent aux associations environnementales (pour planter des arbres par exemple…).

Les consciences s’éveillent petit à petit chez les professionnels, mais n’oublions pas que l’environnement est l’affaire de tous : ce n’est pas en laissant quelques deniers pour compenser son voyage au Mexique qui participera à faire baisser les émissions de GES…

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