Si on lit bien les arguments de Renault, on découvre que toutes les automobiles roulant au gas-oil sont hors normes au quotidien. C’est seulement au moment de l’homologation qu’elles passent sous les fourches caudines d’une épreuve que tout le monde reconnait inadaptée. Un bel aveu que le losange fait pour lui-même et une bonne foi que l’on aimerait voir partagée par ses concurrents. Ceci dit, à la différence de Volkswagen, Renault affirme n’avoir jamais cherché à tricher en pariant sur une quelconque supercherie technique. C’est la réglementation européenne qui est coupable.
Pour Renault, c’est un contre-feu destiné à circonscrire le début d’incendie prêt à consumer le nouvel Espace. Une ONG allemande avait affirmé le mois dernier que le modèle diesel pouvait émettre une quantité d'oxydes d'azote (NOx) nocives pour la santé allant jusqu'à 25 fois le niveau autorisé quand on le mesurait à moteur chaud et non froid. L'association Deutsche Umwelthilfe (DUH), farouche critique des moteurs diesel, avait alors qualifié ces niveaux d'« effrayants ».
De quoi motiver le losange pour une communication de crise. Ou plutôt un discours vérité. La marque a d’abord convenu que « des marges importantes de progression possible concernant le rejet des oxydes d'azote (NOx) dans les conditions d'utilisation réelle » existaient pour les moteurs équipant ses véhicules. Ensuite, elle a rappelé que ses véhicules « ont été homologués conformément à la réglementation » et que ceux-ci « ne sont pas équipés de logiciels de fraude ou de systèmes de leurre antipollution ».
Mais ce n’est pas tout. Renault annonce aussi des mesures correctives d’envergure : 50 millions d'euros seront investis pour réduire l'écart entre les émissions polluantes de ses voitures en conditions d'homologation et en situation réelle. Évoquant un calendrier « accéléré », le groupe automobile français a précisé qu'il avait engagé un «processus continu d'amélioration de la performance des systèmes de dépollution EGR de recirculation des gaz ».
« L'objectif de ce programme, au budget additionnel de 50 millions d'euros, est de réduire significativement les écarts entre les émissions réelles et les émissions normées », insiste Renault. On rappellera qu’un nouveau cycle d'homologation plus conforme à la conduite des conducteurs en situation réelle doit être appliqué à partir de 2017. Il faudra l’imaginer plus fiable que le précédent qui n’était, finalement, qu’une vaste et coûteuse escroquerie.
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